Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

prostate (suite)

• Cancers prostatiques. Les sarcomes sont des tumeurs gravissimes, très rares au niveau de la prostate. Le cancer prostatique habituel est un épithélioma : il est caractérisé par la lenteur de son évolution et sa sensibilité à l’hormonothérapie par les œstrogènes. De symptomalogie voisine de celle de l’adénome, on le dépiste par le toucher rectal, qui montre un noyau intraprostatique dur, unique ou multiple, et confirmé par une biopsie (par voie transcutanée périanale) à l’aiguille. Son évolution est locorégionale vers le trigone et vers la périvessie engainant l’uretère pelvien : lorsque le retentissement rénal de la tumeur prostatique est unilatéral, on peut affirmer la malignité, le retentissement de l’adénome étant toujours symétrique. La propagation du cancer peut aussi se faire à distance, particulièrement vers le squelette lombo-pelvien (nodule de condensation osseuse ou de décalcification), ce qui provoque des douleurs parfois très intenses. Aux prostatectomies totales — qui entraînent l’impuissance et parfois l’incontinence —, on préfère la radiothérapie de haute énergie. Pour les cancers plus évolués, on a recours aux œstrogènes de synthèse : ils font disparaître les troubles fonctionnels et transforment la vie des malades, mais ils n’allongent pas tellement leur survie (7 ans de moyenne), leur action s’épuisant progressivement.

La chirurgie intervient alors à titre palliatif : désobstruction cervico-prostatique (résection, évidement), plus tard dérivations hautes des urines améliorent et allongent leur survie.

A. M.

 R. Darget, le Cancer de la prostate, son diagnostic, son traitement radiumthérapique (Masson, 1958). / H. Herget, Leitfaden für Männer mit Altersbeschwerden (Zurich, 1964 ; trad. fr. Infirmités de la vieillesse chez l’homme : prostate, Attinger, Neuchâtel, 1969). / G. Valensin, la Prostate. Grandeurs et servitudes (la Jeune Parque, 1965).

prostitution

Fait de consentir habituellement à des rapports sexuels déterminés seulement par la rémunération offerte ou demandée.


C’est donc essentiellement la vénalité et la multiplicité des partenaires qui constitue la prostitution. Il ne faut pas confondre la prostitution avec le proxénétisme, fait de profiter lucrativement de la prostitution d’autrui, ni avec la débauche, jouissance abusive, mais gratuite, de tous les plaisirs sexuels. Depuis une loi du 13 avril 1946, la prostitution rétribuée est pénalisée en France. Antérieurement à cette loi, le fait de se prostituer soumettait la femme à une réglementation, d’ailleurs infamante et tracassière le plus souvent.


Historique

À l’origine, chez les Babyloniens, les Phéniciens et les Indiens, les filles offraient leur virginité en hommage aux dieux. Cette pratique devint ensuite lucrative : ainsi, en Égypte, on vit des pères vivre uniquement du commerce des charmes de leurs filles ; les Perses connurent les premiers « lupanars ». La réglementation devint nécessaire ; la plus ancienne est celle de Solon à Athènes, qui créa une sorte de caserne seulement peuplée de femmes étrangères. À côté de cette prostitution de bas étage, on voyait les notables fréquenter des courtisanes très cultivées : l’histoire a conservé les noms d’Aspasie de Milet, de Laïs et de Phryné. Démosthène s’en explique : « Nous avons des amies pour la volupté de l’âme, des filles publiques pour la satisfaction des sens, des femmes légitimes pour nous donner des enfants et tenir nos maisons. » Les Romains furent d’abord plus rigoristes, frappant de mort civile les prostituées avérées et les astreignant au port d’un costume spécial de couleur jaune, d’une coupe masculine et complété d’une mitre ainsi que de chaussures rouges... L’Empire, sur ce point, laissa tomber les barrières.

En France, Louis IX tenta de cantonner les prostituées dans certains quartiers des villes ou certaines rues. À Paris, le « règlement » de 1367 comprenait les rues Tire-Boudin (auj. Marie-Stuart), du Renard, du Pélican, du Clopin (auj. Alfred-Cornu), du Transnonnain (auj. Beaubourg). Sous la monarchie absolue, ces limites territoriales éclatèrent, mais la police fit de chaque « maison close » une officine de renseignements. Le xixe s. connut sans doute l’apogée de la prostitution : Alexis Parent-Duchâtelet (1790-1836) dénombre 13 737 femmes s’y adonnant régulièrement en France. On tenta de mettre de l’ordre et de l’hygiène en 1802 en instituant une inspection des « maisons de tolérance » et l’obligation d’une visite médicale quatre fois par mois, tandis que les prostituées exerçant sur la voie publique durent se munir d’une carte valant autorisation. D’autre part, le président du tribunal de la Seine posa le principe qui parut étonnant : « Le viol d’une prostituée est punissable à l’égal de tout autre » (1840). Au début du xxe s., de nombreux pays vinrent à considérer que la réglementation de la prostitution, au lieu de la contenir, ne faisait que faciliter la tâche des souteneurs et entremetteuses vivant de la prostitution d’autrui. La France, par la loi du 13 avril 1946 (qui interdit toutes les maisons de tolérance sur l’ensemble du territoire national), abandonna le principe de la réglementation et passa dans le camp des abolitionnistes. Deux ordonnances et deux décrets du 25 novembre 1960 ont complété la législation française sur ce point ; en 1975, les prostituées ont entrepris un mouvement de protestation, destiné à alerter l’opinion publique sur leurs conditions de vie.


Législation française

En matière de prostitution sont punies les infractions suivantes :
1o l’aide, l’assistance à la prostitution ou au racolage (c’est le cas du souteneur et ce peut être le cas d’un hôtelier complaisant) ;
2o le partage ou la réception des produits provenant de la prostitution ;
3o la vie commune, ou des relations habituelles, avec une ou plusieurs prostituées ;
4o l’embauchage, l’entraînement ou l’entretien en vue de la prostitution ou de la débauche ;
5o l’entremise, c’est-à-dire le fait habituel de mettre en rapport, moyennant rémunération, les clients et les prostituées ; on atteint ainsi par exemple le système (dit « call-girls ») de l’indication téléphonique d’une partenaire ;
6o la tenue d’une maison de prostitution ainsi que la tolérance de la prostitution par un commerçant dans des établissements de quelque nature que ce soit ouverts au public ;
7o la mise à la disposition des prostituées de locaux non publics.