Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Prokofiev (Sergueï Sergueïevitch) (suite)

 I. V. Nestiev, Serge Prokofiev (en russe, Moscou, 1946, 2e éd., 1957 ; trad. fr., Éd. du Chêne, 1946). / S. I. Schlifstein, Serge Prokofiev, matériaux, documents, souvenirs (en russe, Moscou, 1956 ; 2e éd., 1962). / C. Samuel, Prokofiev (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1960). / G. Ordjonikidzé, les Sonates pour piano de Serge Prokofiev (en russe, Moscou, 1962) ; Serge Prokofiev 1953-1963. Articles et documents (en russe, Moscou, 1962). / M. Hofmann, Serge Prokofiev, l’homme et son œuvre (Seghers, 1964).

propagande

Moyen pour conquérir le pouvoir grâce à l’appui de groupes ou de masses psychologiquement manipulés, ou pour utiliser ce pouvoir en s’appuyant sur les masses.



Les formes anciennes de la propagande

Jusqu’au xvie s., la propagande (le mot en tant que tel n’existe pas encore) est un phénomène sporadique et localisé. Le plus souvent, elle apparaît lorsqu’il y a dans un groupe social une tendance à un pouvoir structuré et centralisateur, et généralement lorsque ce pouvoir est personnalisé. Elle est localisée géographiquement et socialement (elle n’atteint pas tout le monde dans une, société, mais seulement des groupes dirigeants et très rarement l’opinion publique). Elle n’est pas systématisée : aucune règle concernant la propagande n’est formulée ; elle reste un art, faisant partie de l’action publique et dépendant du génie particulier d’un homme (Périclès, Philippe II de Macédoine, Auguste furent des propagandistes de génie) ; elle disparaît avec l’homme qui l’a créée. Enfin, la propagande est généralement, mais non toujours, fondée sur le sentiment religieux. Celui-ci est le plus facile à utiliser pour convaincre l’homme, pour le faire agir, d’autant plus que le sentiment religieux, dans la mesure où il est en même temps individuel et collectif, correspond aux caractères mêmes de la propagande.

À partir du début du xvie s., la propagande est caractérisée d’abord par l’apparition de moyens de communication* de masse : l’imprimerie* essentiellement. La Réforme va utiliser de façon extraordinairement efficace les textes de propagande (almanachs, pamphlets) : l’imprimerie servira à ses origines à la propagande plus qu’à toute autre fonction. Cette propagande, d’autre part, vise la totalité du peuple et cherche à le soulever. Il y a alors tendance à créer une opinion* publique. Commencera bientôt une propagande très diversifiée selon les pouvoirs qui l’utilisent : propagande vers l’extérieur menée par Louis XIV, propagande contre le pouvoir dès la fin du xviie s. Se fondant surtout sur des idées que l’on diffuse et que l’on veut faire partager, cette propagande devient à la même époque un phénomène plus conscient : elle est désignée comme un moyen de gouvernement par Machiavel, et l’Église catholique, en reprenant l’expression latine de propaganda fide lors de la création de la congrégation du même nom (1622), impose le mot, mais dans un sens qui n’est pas encore celui que nous lui connaissons. La propagande se dégage de l’ensemble des actions politiques pour acquérir une spécificité.

Avec la Révolution de 1789, la propagande devient organisée (il existe un bureau de propagande) et durable (il ne s’agit plus d’une action temporaire ou occasionnelle). Elle tend à atteindre l’opinion entière et devient une propagande de masse. Elle utilise des mythes, qu’elle essaie parfois de créer. Napoléon va systématiser et amplifier la propagande, qui devient charismatique, totale (utilisation de tous les moyens : presse, cérémonies, architecture, images, écoles, etc.). Se développant en fonction des moyens qui sont peu à peu mis à sa disposition, elle prend son aspect moderne avec la période 1914-1920 ; lors de la Première Guerre mondiale, on utilise des moyens nouveaux (tracts diffusés par avion par exemple) et surtout les techniques psychologiques qui avaient été inventées pragmatiquement depuis 1880 pour la publicité ; par ailleurs, cette propagande est fortement institutionnalisée, et il existe dès lors des services de propagande avec des techniciens. Pendant la révolution russe de 1917, la propagande léniniste, qui fait partie de la lutte des classes, est jugée indispensable pour provoquer la prise de conscience. Cette propagande devient totale : elle vise tous les éléments de la société et tous les aspects de l’homme. Lénine* sera le premier propagandiste moderne et fournira le modèle d’une propagande réussie. Ses méthodes, comme la révélation politique, le mot d’ordre et la participation à l’action, deviendront la base de toutes les propagandes ultérieures.


La propagande aujourd’hui

La propagande moderne est caractérisée par une considérable puissance des moyens (l’ensemble des mass media), mais aussi par la manipulation des groupes et par la relation personnelle organisée, par l’application de méthodes scientifiques (ou plutôt de techniques dérivant de connaissances acquises grâce à la psychologie, à la psychosociologie, à la sociologie, à la psychologie des profondeurs et à la psychanalyse) et par la continuité (la propagande moderne est un phénomène permanent dans toutes les sociétés avancées). Par ailleurs, son objectif n’est plus tellement de modifier des opinions et d’influencer les idées, mais d’obtenir le plus directement et le plus rapidement possible des actions, des adhésions concrétisées. La propagande ne vise pas à une orthodoxie, mais à une orthopraxie. Elle est en cela identique à la publicité*, qui vise à obtenir l’acte d’achat. Le processus intellectuel est de plus en plus considéré comme un détour. L’idéal est d’arriver à obtenir l’adhésion et la participation à l’action sans qu’il y ait eu délibération et décision consciente. Cette propagande peut alors être définie comme l’ensemble des méthodes utilisées par un groupe organisé en vue de faire participer activement ou passivement à son action une masse d’individus psychologiquement unifiés par des manipulations psychologiques et encadrés dans une organisation. Une telle propagande peut se diversifier en action psychologique (vers l’intérieur du groupe, moyens psychologiques), guerre psychologique (vers l’adversaire, pour détruire son moral et sa légitimité), lavage de cerveau (cette méthode très complexe pour transformer l’adversaire en allié ne peut être utilisée que sur des prisonniers), public et human relations (relations* publiques, effort pour adapter l’individu à une société, une entreprise, une activité données). La propagande ne se différencie de la publicité que par l’objectif qui, dans un cas, est idéologique et politique, dans l’autre, commercial.