Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Ars nova (suite)

L’écriture musicale aussi se transforme. On compose, certes, encore à deux ou trois voix (teneur et duplum ; teneur, duplum et triplum), mais une quatrième voix intervient de plus en plus souvent, inférieure à la teneur, utilisant des valeurs du même ordre de durée, et appelée de ce fait « contre-teneur ». Ainsi se constitue le quatuor, qui restera l’idéal sonore jusqu’à l’aube du xviie s.

Les genres tendent à se diversifier. Le motet reste toutefois la forme la plus employée, mais sa structure interne évolue. La phrase grégorienne choisie comme teneur (color) se voit imposer, comme cela se produisait déjà quelque peu à la fin du xiiie s., un découpage arbitraire selon un schéma rythmique permanent (talea). Ainsi modifiée, elle perd toute valeur mélodique et n’est plus qu’un procédé de composition. Ce traitement s’étend ensuite à la contre-teneur, et même aux autres voix. Le motet devient donc une forme complexe et savante, souvent aux dépens de l’expression. On le dit « isorythmique ».

Une même évolution se produit dans le rondeau, dorénavant plus ample et moins simple que ceux d’Adam* de la Halle, mais aussi dans d’autres genres jusque-là monodiques, comme la ballade (qui peut, comme le motet, être pourvue de textes différents pour chaque voix), le lai et le virelai.

C’est d’abord en France que se développent ces techniques nouvelles, en premier lieu au nord de la Loire : deux très grands compositeurs symbolisent cet art et cette époque, Philippe de Vitry et surtout Guillaume de Machaut ; mais il faut ajouter toute une pléiade de musiciens de la génération suivante, que l’on commence aujourd’hui à mieux connaître, comme Baude Cordier, J. Carmen, J. Cesaris, J. S. de Haspre, Solage, etc., dont le maniérisme est très accusé. En second lieu, dans la région d’Avignon : à cause du déplacement du siège de la papauté, cette cité connaît une vie musicale intense, dont les œuvres liturgiques contenues dans les manuscrits d’Apt et d’Ivrée, et destinées sans doute à la chapelle pontificale, fournissent la preuve.

Sous l’influence de la France, l’Italie, qui n’avait jusque-là guère pratiqué que la monodie, s’engage, vers les années 1340, dans la voie de la polyphonie. Choisissant pour les mettre en musique des pièces en vers, madrigaux, ballate, les compositeurs ignorent presque totalement le motet, trop intellectuel sans doute, et écrivent des œuvres à deux ou trois voix seulement, de caractère plus simple, moins heurté, et plus orientées vers la recherche de la grâce mélodique. Ils recourent aussi volontiers à l’emploi de la caccia (chasse) ou canon. La plupart des œuvres nous sont connues par le codex Squarcialupi, qui en contient presque quatre cents, dont plus d’un tiers sont dues au plus grand compositeur du xive s., Francesco Landino (1325-1397). Il faut encore citer Giovanni da Cascia, Iacopo da Bologna, mais aussi quelques musiciens étrangers qui se sont intégrés à cette école, comme Johannes Cigogne, de Liège, connu sous le nom italianisé de Ciconia.

B. G.

 M. Schneider, Die Ars nova des xiv. Jahrhunderts in Frankreich und Italien (Wolfenbüttel, 1930). / H. Besseler, Die Musik des Mittelalters und der Renaissance (Potsdam, 1931-1935). / T. Gérold, la Musique au Moyen Âge (Champion, 1933). / L. Schrade, Polyphonic Music of the Fourteenth Century, t. IV (Monaco, 1956-1958). / A. Damerini, Guglielmo de Machaut e « l’Ars Nova » italiana (Florence, 1960).

arsenic

Corps simple, d’apparence métallique, répandu dans les minerais.



Découverte

Dans l’Antiquité, on réalisait des colorants avec l’orpiment As2S3 et le réalgar As2S2, qui existent à l’état naturel. Au ve s., Olympiodore décrit l’arsenic blanc, qui est l’oxyde As2O3 obtenu en grillant le sulfure à l’air. Le corps simple lui-même était obtenu comme le produit d’une sublimation et était utilisé pour rendre le cuivre plus blanc.

Sous l’influence des Arabes, les quatre ou cinq éléments des Grecs furent modifiés par les alchimistes et remplacés par le mercure, le soufre et l’arsenic. Le mercure et l’arsenic étaient considérés comme principe « mâle » : le mot arsenic vient du mot grec arsenikos, qui veut dire précisément « mâle ».


Chimie


État naturel

L’arsenic se rencontre à l’état libre, mais plus souvent sous forme de sulfures et de minerais, dont le plus important est le mispickel de formule FeAsS. Les pyrites en contiennent souvent de petites quantités. Il représente 5.10–4 p. 100 en poids de la lithosphère.


Atome

L’arsenic, qui a le numéro atomique 33, est dans la même colonne de la classification périodique que l’azote, le phosphore, l’antimoine et le bismuth, et se situe entre le phosphore et l’antimoine, d’où des analogies de propriétés très étroites avec l’antimoine et aussi le bismuth, ainsi qu’à un moindre degré avec le phosphore et, par certains côtés, avec l’azote.

L’état fondamental de l’atome a la structure électronique suivante : 1s2, 2s2, 2p6, 3s2, 3p6, 3d10, 4s2, 4p3. Cet atome a un rayon atomique de 1,21 Å, et les potentiels successifs d’ionisation, exprimés en électrons-volts, sont les suivants : 9,8 ; 20,1 ; 28,2 ; 54,3 ; 62,6 ; 127,2...


Corps simple

L’arsenic est à la température ordinaire un solide de densité d = 5,7 sous sa forme grise usuelle. Il possède une conductibilité électrique notable et un éclat métallique. Il fond à 817 °C sous une pression de 36 atmosphères. Il se sublime lentement vers 210 °C et rapidement vers 450 °C, par suite de la tension de sublimation atteinte dans ce domaine de température. L’arsenic présente une allotropie, car on connaît plusieurs formes solides différentes. L’arsenic jaune est soluble dans le sulfure de carbone et analogue au phosphore blanc. Cette forme est instable et se transforme rapidement en arsenic gris métallique. On l’obtient par condensation brutale de la vapeur sur une paroi froide. La structure de ce solide est formée d’un assemblage de molécules As4. Il existe aussi de l’arsenic noir obtenu par décomposition de composés instables tels que l’hydrure AsH3. Cet arsenic noir, d’une densité voisine de 4,7, semble avoir une structure voisine de celle de la forme métallique mais incomplètement organisée, et se transforme vers 360 °C en forme métallique.

La vapeur est formée à température moyenne de molécules As4. Au-dessus de 800 °C commencent à apparaître des molécules As2, et des atomes libres As apparaissent à plus haute température.

L’activité chimique de l’arsenic est plus réduite que celle du phosphore. Comme l’antimoine et le bismuth, l’arsenic brûle dans l’oxygène en donnant un oxyde As2O3. L’action des acides et des métaux est analogue à celle que ces corps ont sur l’antimoine*.