Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

pression (suite)

Il existe des baromètres anéroïdes (à déformation de membranes métalliques). Une méthode indirecte de détermination de la pression atmosphérique est utilisée dans les hypsomètres ; elle consiste à mesurer avec précision une température d’ébullition : ainsi, la température d’ébullition de l’eau varie de 0,03 °C lorsque la pression atmosphérique varie de 1 milibar (100 Pa).

Le tableau ci-dessous donne la valeur moyenne de la pression atmosphérique pour les latitudes moyennes, en fonction de l’altitude. Jusqu’à l’altitude 15 km, en été, la pression est supérieure de 2 p. 100 à celle qui est indiquée dans le tableau ; en hiver, elle lui est inférieure de 2 p. 100. De 20 à 100 km, les variations relatives sont plus importantes (de 10 à 40 p. 100). Au-delà, les valeurs des pressions sont très incertaines.

En tout point, la pression atmosphérique subit des variations d’environ ± 5 p. 100 liées aux conditions météorologiques et des variations plus petites (marées atmosphériques) périodiques, diurnes et semi-diurnes qui en sont indépendantes.

P. C.

 A. Pérard et J. Terrien, les Mesures physiques (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1947 ; 4e éd., 1970). / W. E. K. Middleton, The History of the Barometer (Baltimore, 1964).

prestidigitation

Mise en valeur spectaculaire d’une agilité digitale et, par extension, manuelle, permettant l’illusion.



Origine

L’origine de la prestidigitation et des spectacles magiques qui en sont issus remonte très loin dans l’histoire de l’humanité ; comme bien des arts scéniques, la prestidigitation fut d’abord utilisée à des fins religieuses. Chez les Grecs, les Romains, les Assyriens et les Chinois, d’étonnants personnages qui appliquaient des principes optiques, physiques ou chimiques illusionnaient. De nombreux textes signés Alciphron, Plaute, Virgile, Pline l’Ancien, etc., évoquent aussi les joueurs de gobelets en qui l’on peut voir les ancêtres des baladins prestidigitateurs et dans le travail desquels se trouve la genèse de la prestidigitation.

Petit lexique de la prestidigitation

débinage, divulgation, aux non-initiés, des trucs d’illusionniste.

empalmage, action de dissimuler un objet dans la paume de la main.

endossage, action de dissimuler une carte sur le dos de la main.

filage, substitution de cartes.

forçage, action d’amener un spectateur à prendre librement (sic) la carte que le prestidigitateur a souhaité qu’il choisisse.

houlette, petite boîte dans laquelle le prestidigitateur pose un jeu de cartes et duquel il fait sortir à son commandement celle que le spectateur a choisie.

saut de coupe, procédé de manipulation à la base de nombreux tours de cartes.

table à servante, table dotée d’aménagements particuliers « servant » l’illusionniste.


Des joueurs de gobelets aux escamoteurs

Les joueurs de gobelets, appelés par les Romains soit acetabularii, soit calcularii selon que référence était faite à leurs coupes ou aux petites pierres qu’ils y dissimulaient, avaient trouvé le principe primordial de toute illusion : faire apparaître et disparaître un objet tout en dispersant savamment l’attention. Ce tour, où le spectateur tente de deviner sous quelle coupe, sous quel gobelet, sous quelle boîte passe un caillou ou une rondelle de liège (appelée escamote au Moyen Âge, ce qui donna à son animateur le nom d’escamoteur), est toujours honoré par de multiples contemporains, plus spécialement qualifiés maintenant de manipulateurs. Ceux-ci ont, peu à peu, développé et diversifié les effets ancestraux, s’attachant principalement à démontrer leur adresse avec des cartes à jouer, des pièces de monnaie, des boules, puis des cigarettes, des cordes, des foulards... Il faut noter que ces adeptes de la micromagie ou de la cartomagie sont certainement les illusionnistes dont la valeur est la plus réelle, en raison de leur dextérité.


Maître Gonin

Chronologiquement, après les multiples faiseurs de tours de passe-passe dont les gobelets ou les sacs à malice paraissaient enchantés, sur les places publiques, dans les foires, les marchés, sur les tréteaux des arracheurs de dents et vendeurs d’élixirs, le premier nom de prestidigitateur qui ait traversé le temps et triomphé de l’oubli est, sous François Ier, celui de maître Gonin ; il fut si populaire qu’il devint une sorte de raison sociale, et des « maître Gonin » illusionnèrent sous les règnes de François II, de Henri III, de Charles IX et encore au xviie s.


Le R. P. Kircher

Parmi les premiers illusionnistes importants, il faut citer ensuite l’Allemand Athanasius Kircher (1602-1680). Jésuite lettré, il mettait ses connaissances scientifiques et historiques au service de la prestidigitation ; il en développa le répertoire, retrouva le secret de tours oubliés et inventa une nouvelle source, de « prestiges » : une lanterne magique projetant ombres et lumières sur une toile blanche, ouvrant là une route infinie au merveilleux, route que suivirent plus tard, avec succès, Émile Reynaud, Émile Cohl, Méliès, etc., et tous les grands du septième art.


La « physique amusante »

Ce mariage de la science et de la prestidigitation, sensible au xviie s., s’épanouit au xviiie s. Les escamoteurs adoptèrent alors le titre de « physicien » ; ils groupèrent leurs tours, qui, devenant des « répertoires », leur permirent de donner de véritables représentations consacrées à ce qui était appelé physique amusante. La foire Saint-Germain (près de l’église Saint-Germain-des-Prés à Paris) fut le berceau de ces premiers véritables spectacles magiques européens. Dans de multiples loges — petits théâtres —, les illusionnistes étaient rois ; les manipulations encore primaires, enrichies grâce aux talents inventifs des opérateurs, étaient assez variées pour tenir en haleine un public particulièrement friand de ces jeux mystérieux servis par des bateleurs adroits doublés de bonimenteurs intarissables qui ne se contentaient plus de faire « passer la muscade » (petite boule qui s’était substituée au caillou et à l’escamote) d’un gobelet à un autre.

Au xviiie s., les expériences d’illusionnisme inspirèrent des écrits : traités de Henri Decremps (1746-1826?), de M. Guyot (1706-1786), de J. Ozanam (1640-1717) ; en Allemagne, certains textes de Goethe et de Schiller ; en Amérique, des pages d’Edgar Poe, toujours séduit par l’étrange.