Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Arsacides (suite)

Néanmoins, lorsque Trajan*, voulant suivre les traces d’Alexandre, décide de transformer en province romaine l’Arménie, d’en faire une base de départ pour descendre l’Euphrate et conquérir la Babylonie (116 apr. J.-C.), les Arsacides prouvent qu’ils sont encore capables de défendre leur indépendance : Trajan doit faire retraite. Par la suite, la Syrie sera envahie par Vologèse III ; Artaban V écrasera Macrin.

Pourtant, l’état d’anarchie dans lequel se complaît le pays est tel que les Arsacides ne peuvent longtemps profiter de leur victoire. C’est une nouvelle dynastie, celle des Sassanides, qui présidera désormais (à partir de 224 apr. J.-C.) aux destinées de la Perse.


La vie politique

Au début, les Arsacides se contentent d’adopter certaines institutions séleucides. Le territoire, comme sous les rois grecs, se divise en satrapies et hyparchies. Mais, le pouvoir central étant moins fort que sous la dynastie précédente, les différentes provinces du royaume sont souvent indépendantes, ce qui explique sans doute que l’on parle, chez Pline, des dix-huit royaumes parthes, dont les frontières correspondaient à celles des provinces séleucides. Dans certaines régions gouvernent des dynastes vassaux, qui se contentent de faire acte d’allégeance. Quant aux cités grecques, dont le conquérant barbare respecte l’individualité, elles conservent souvent une certaine forme d’autonomie.

Par ailleurs, comme ils manquent à l’origine d’une tradition administrative, c’est d’abord dans les milieux hellénisés qu’ils recrutent leurs fonctionnaires. Aussi n’est-il pas étonnant que la langue officielle du royaume ait été longtemps le grec, comme on le voit dans les textes et les monnaies jusque dans le cours du ier s. av. J.-C., où l’on commence à user de l’araméen. D’ailleurs les Arsacides ne frappent pas tout de suite des pièces à leur nom et utilisent la monnaie séleucide ; ils datent leurs actes d’après l’ère séleucide, qui n’est même pas abandonnée quand on se met à utiliser une ère fondée sur la date du couronnement d’Arsace. De même, sur le plan juridique, on ne peut définir un droit parthe, tant la pratique hellénistique reste vivace.

Si l’administration, sur le plan local, mêle institutions grecques et réalités orientales, l’originalité de la dynastie arsacide, par rapport aux Séleucides. apparaît au niveau du gouvernement central. La cour continue de réunir autour du roi les « amis » (qui portent toujours le titre séleucide), mais le palais abrite aussi un harem regroupant les jeunes filles des plus grandes familles. Par ailleurs, l’autorité du roi, absolue chez les Grecs, est limitée par l’existence d’une noblesse brouillonne, concentrant en ses mains de larges pouvoirs essentiellement sur le plan local, et qui intervient à l’occasion des successions royales.


La vie économique et sociale

Aux origines de la royauté parthe, la communauté grecque est encore vivace ; mais la société iranienne s’unifie rapidement, les races se mêlent, les genres de vie se rapprochent.

Le Royaume perse est un grand pays agricole. Les techniques d’irrigation permettent de gagner à la culture de nouvelles terres. Une classe de grands propriétaires, qui font travailler les esclaves attachés à la propriété et vendus avec elle (beaucoup de petits paysans endettés sont aussi réduits à une condition quasi servile), favorise l’amélioration de l’élevage et le développement des produits exotiques comme l’abricot et la pêche, venus de Chine, ainsi que la canne à sucre.

La Perse est particulièrement bien placée pour jouer entre l’Occident romain et l’Orient chinois le rôle d’intermédiaire. Les itinéraires sont connus : les plus importants partent d’Antioche, sur l’Oronte, pour passer la frontière parthe à Zeugma (sur l’Euphrate), puis franchissent le Tigre, et se dirigent vers Ecbatane, Rhagès, Nisa, Merv et Bactres, où se séparent les routes de l’Inde et de la Chine par l’intermédiaire de l’actuel Turkestan chinois.

Ce n’est pas la seule route utilisée ; il existe même un itinéraire maritime vers l’Inde par le golfe Persique. Ce commerce, dont nous connaissons l’organisation, en particulier par des inscriptions découvertes à Palmyre, est à l’origine de nombreux progrès : les moyens de transport (on vient d’inventer le fer à cheval) sont améliorés ; les routes sont entretenues grâce à une taxe levée sur les marchandises transportées ; les pistes sont jalonnées de puits, de caravansérails ; les villes étapes proposent aux commerçants des locaux de stockage pour marchandises ; il existe une police du désert, qui garantit la sécurité des caravanes.

Le commerce porte essentiellement sur les produits de luxe : l’Occident importe de Chine ou de l’Inde des métaux précieux (y compris un acier que les Chinois traitent de façon particulière), des pierreries, des tissus de prix (la soie). Ces échanges sont à la source de la richesse des Arsacides et de la société qui, sous leur règne, se complaît dans une vie de luxe ; ils favorisent le développement des littératures, des arts, qui feront prendre conscience au pays de son originalité et de sa dignité par rapport à ses maîtres, les Hellènes.

J. M. B.

➙ Iran / Parthes / Rome.

 R. Ghirshman, l’Iran des origines à l’Islam (Payot, 1952). / MAR Colledge, The Parthians (Londres, 1967).

Ars antiqua

Expression qui désigne toute la production de musique polyphonique qui a précédé le modernisme de l’Ars nova.


Ce qualificatif peu élogieux rejoint, dans l’intention des moderni qui l’ont formulé, l’épithète péjorative de « gothique ». Si on délaisse les tentatives d’élaboration de la polyphonie, qui ne sont le plus souvent qu’exemples de traités ou textes musicaux de restitution hypothétique, pour s’en tenir aux réalisations artistiques, on peut considérer que l’Ars antiqua couvre la période qui s’étend de 1150 à 1300.