arriération mentale (suite)
Les arriérations par aberration chromosomique
Elles dérivent de la fragilité de la mécanique chromosomique ; les anomalies responsables portent sur le nombre et la structure des chromosomes.
Parmi les anomalies des autosomes, signalons le mongolisme (trisomie de la 21e paire), la trisomie 13, la trisomie 18, la maladie du cri du chat (délétion partielle du bras court du chromosome 5), la délétion partielle du bras long du 18e chromosome, etc., Parmi les anomalies des chromosomes sexuels, citons les syndromes de Turner, le syndrome triple X, les syndromes de Klinefelter, le syndrome XYY.
Quelques arriérations dépendent d’une dysplasie embryonnaire du système nerveux du fœtus : phacomatoses (sclérose tubéreuse de Bourneville ; neurofibromatose, angiomatoses diverses) et dysraphies, avec malformations osseuses et nerveuses associées.
Autres causes
Quelques arriérations sont peut-être en rapport avec des facteurs psychologiques de milieu ou d’environnement (débilités psychogénétiques). Ce sont les carences affectives et culturelles de toutes sortes qui peuvent expliquer certaines déficiences mentales. Un nombre important d’arriérations restent actuellement sans cause décelable malgré toutes les investigations.
Mesures sociales et traitement
Sur le plan médico-social, la loi de 1909 a créé des classes de perfectionnement et des établissements pédagogiques spéciaux pour arriérés, mais les immenses besoins dans ce domaine contrastent avec l’insuffisance des moyens mis en œuvre.
En pratique, devant une arriération mentale, le médecin fait un bilan de la maladie afin de déceler une cause éventuellement accessible à un traitement, d’apprécier les capacités intellectuelles et motrices, les troubles éventuels du caractère et du comportement par l’observation clinique et les tests psychologiques. On distinguera ainsi les arriérés profonds, les débiles moyens ou légers, éducables ou semi-éducables selon les cas. Le placement dans des centres spéciaux ou en hôpital psychiatrique dépendra du degré de l’arriération, de l’intensité des troubles affectifs, de la tolérance du milieu familial à l’égard de l’enfant arriéré.
On a proposé, pour améliorer les performances des déficients mentaux, de nombreux médicaments : stimulants métaboliques cérébraux, vitamines, hormones, substances psychotropes variées, dont l’efficacité réelle demeure assez restreinte. Il est certain toutefois qu’il faut essayer de corriger les désordres affectifs qui gênent la rééducation par un environnement correct et des chimiothérapies psychotropes bien choisies (neuroleptiques, tranquillisants, antidépresseurs).
Arriération affective
Il convient de distinguer l’arriération mentale par déficience congénitale ou très précocement acquise de l’intelligence de l’arriération affective, encore appelée immaturité affective.
Dans l’arriération affective pure, seuls l’affectivité et le caractère sont anormaux. L’intelligence est intacte. Les arriérés affectifs sont des enfants ou des adultes dont l’évolution instinctuelle et affective est demeurée incomplète, particulièrement infantile. Émotions, instincts, sentiments et comportement sont immatures, en retard sur l’âge légal du sujet et sur son développement intellectuel. Les causes de l’arriération affective peuvent être génétiques, mais elles sont le plus souvent psychologiques et dépendent du milieu dans lequel a été élevé l’individu.
G. R.
➙ Débilité mentale.
A. Levinson, The Mentally Retarded Child (New York, 1952 ; trad. fr. l’Enfant mentalement retardé, Le Centurion, 1968). / A. Rey, Arriération mentale et premiers exercices éducatifs (Delachaux et Niestlé, Neuchâtel, 1953). / M. Mannoni, l’Enfant arriéré et sa mère. Étude psychanalytique (Éd. du Seuil, 1964). / M. Egg, Andere Kinder, andere Erziehung (Zurich, 1965 ; trad. fr. Éducation de l’enfant retardé, Delachaux et Niestlé, Neuchâtel, 1967). / P. Mozziconacci, J. Boisse, A. Lemonnier et C. Charpentier, les Maladies métaboliques des acides aminés avec arriération mentale (Expansion scientifique, 1968).