Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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préfabrication

Fabrication préalable, généralement en usine, d’éléments faisant partie d’un ensemble, destinés à être assemblés sur place, c’est-à-dire, en matière de constructions civiles et industrielles, sur le chantier même où l’édification est prévue.



Introduction

En matière de bâtiments notamment, on a parfois confondu préfabrication et industrialisation de la construction, de même que l’on a parfois tendance à confondre normalisation et rationalisation.

• L’industrialisation du bâtiment a un sens très général : c’est la mise en application des conditions optimales d’exécution des travaux de construction par une préparation méthodique de toutes les fonctions concernant l’art de bâtir. L’industrialisation se rapporte à la fois à la fabrication, à la manutention et à la mise en œuvre des matériaux, ainsi qu’à l’organisation scientifique des chantiers, au point de vue des programmes, des études préliminaires, de l’ordonnancement et en faisant appel aux moyens et aux engins les plus évolués, avec comme objectif la réduction des prix de revient, la diminution des frais de main-d’œuvre non spécialisée, l’exécution accélérée et la suppression des fausses manœuvres et des aléas qui en découlent.

• La préfabrication apparaît dès lors comme un des moyens techniques (mais un moyen essentiel) qui permettent à l’industrialisation du bâtiment de prendre son essor. Elle est une application directe et concrète d’un des moyens les plus tangibles de concourir à l’industrialisation, car c’est grâce à elle que les transformations nécessaires des professions du bâtiment ont pu s’accomplir.

• La rationalisation est l’organisation calculée, raisonnée de tous les moyens aptes à rendre plus efficaces et plus économiques les procédés industriels. Apparemment, son objectif est plus restreint que celui de l’industrialisation, qui exige, avant tout, le perfectionnement des engins de production et de mise en œuvre, dont certains, à l’heure actuelle, frôlent le gigantisme.

• La normalisation apparaît comme un des moyens concrets de parvenir à la rationalisation par l’unification des méthodes, par l’interchangeabilité des produits et des pièces de remplacement.

En résumé, la préfabrication est un moyen de concourir d’une manière concrète à l’industrialisation, exactement comme la normalisation est un des moyens concrets aptes à concourir à la rationalisation.


Raisons qui ont abouti à la préfabrication dans le domaine de la construction

Ce sont d’abord les avantages économiques : avant d’avoir recours à la préfabrication en matière de bâtiment, la construction aboutissait à une impasse totale : construction trop chère pour être généralisée et trop lente pour satisfaire aux besoins croissants ; mauvaise adaptation de la construction immobilière classique aux impératifs modernes. En outre, la pénurie de main-d’œuvre spécialisée provoque l’augmentation des salaires et, de ce fait, le renchérissement anormal de la construction, la profession de travailleur sur des chantiers (voué aux intempéries et à des modifications fréquentes des lieux de travail, loin de toute vie familiale, avec des périodes, parfois longues, de chômage forcé durant la mauvaise saison) étant de plus en plus délaissée au profit du travail en usine avec une situation fixe et à l’abri des durs aléas saisonniers.

Aussi, une totale reconversion s’imposait-elle, et l’art de construire a subi une transformation radicale. Pour les grands immeubles, à étages multiples, les techniques traditionnelles ont fait place, sur le chantier, à la seule implantation d’ossatures supportant entièrement les charges aux différents niveaux des planchers d’appartements ou de locaux commerciaux, de bureaux, etc. Le reste de la construction ne comporte plus que des panneaux, des cloisons extérieures ou intérieures, des rideaux n’ayant pour rôle que d’assurer la mise à l’abri contre l’humidité et l’isolation thermique (complétée dans la mesure du possible par l’isolation phonique), sans aucun rôle de support des charges générales imposées par les différents étages. Ces panneaux-façades, ces murs-rideaux qui remplacent l’édification des anciens murs de façade, de refend et de pignons présentent le grand avantage, au prix d’une normalisation des différents modules, de pouvoir être réalisés entièrement en usine et de se prêter à un montage rapide par des équipes rapidement formées à cette technique, sans exiger le recours aux ouvriers qualifiés ou spécialisés, de plus en plus rares.

Cette technique modifie entièrement les plannings relativement lents de la construction traditionnelle, qui doit tenir compte des délais de fabrication du béton sur chantier, des approvisionnements à réaliser, des reprises, des transports, des stockages en magasins mal abrités ou en silos, et surtout des temps nécessaires à la prise et au durcissement des mortiers et bétons, ainsi que de la pose des plâtres, nécessitant une haute qualification. Même les petits immeubles d’habitation individuelle ont profité au maximum des avantages de la préfabrication : il est courant de voir une habitation individuelle montée non plus en une année, mais en moins d’un mois, avec toutes ses installations inférieures fixes.

Aspects historiques de la préfabrication

L’usage de la brique* — depuis cinq millénaires — et les pratiques de la charpenterie peuvent être considérés comme des précédents de la préfabrication. Cependant, celle-ci, dans son état actuel, apparaît comme la conséquence de l’emploi des matériaux nouveaux : le fer*, puis le béton (v. bétonnage).

Il convient de distinguer la préfabrication ouverte, comportant des éléments qui peuvent être assemblés de différentes façons, et la préfabrication fermée, qui consiste en la répétition d’un prototype. Au début de l’emploi d’un matériau en préfabrication, c’est généralement le système ouvert qui a prévalu.