Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Prague (suite)

Le sentiment patriotique tchèque se manifeste très tôt. La bataille de la Montagne Blanche (1620) est suivie d’une germanisation de la culture et de la langue. Le latin est la langue de l’université ; l’administration est conduite par les Jésuites. Le patriotisme local se manifeste et triomphe sous Joseph II (1765-1790) et le despotisme éclairé, en même temps qu’affluent les premiers capitaux importants dans l’industrie. À la fin du xviiie s., la culture et la langue tchèques, en rapport avec la culture slovaque, se développent dans la nouvelle capitale. C’est à Prague que sera proclamé l’État tchécoslovaque le 28 octobre 1918.


Les fonctions

Prague est d’abord une capitale du secteur tertiaire. La Constitution de 1968 en a fait à la fois la capitale de la République tchèque et la capitale de l’ensemble de la République socialiste tchécoslovaque. Dans un régime de planification centralisée, cela signifie une grande prolifération de bureaux, de ministères, d’instituts. Prague, en marge du Polabí, transforme les produits agricoles régionaux : brasserie, biscuiterie (le pain fut longtemps livré par une seule énorme boulangerie distribuant sa production avant l’aube par l’intermédiaire des réseaux de tramways). D’autres industries de consommation (confection, ganterie, chaussures), la chimie légère, la mécanique de précision (y compris l’armurerie), le matériel de transport sont aussi solidement implantés, surtout vers l’aval en direction du confluent avec la Labe.

L’industrie reste dispersée. Le faible trafic fluvial sur barges sur la Vltava, rejoignant à Mělník le fort trafic de la Labe en direction de Hambourg, ne suffit pas à ravitailler toutes les industries. Enfin, la banlieue, presque inexistante, ne comporte pas de gros foyers industriels : les industries nouvelles sont fondées en aval du confluent. Cette situation peut changer avec le dispatching électrique du Comecon établi à Prague et l’arrivée de l’oléoduc, créateur de raffineries et de pétrochimie, atteignant Prague, depuis l’Ukraine et Brastislava*.

En revanche, Prague assume l’essentiel des fonctions tertiaires, et la population employée dans les services l’emporte nettement sur celle du secteur secondaire. La ville est le plus important nœud de voies ferrées en Europe centrale. C’est un carrefour de routes importantes, venant notamment de l’ouest, et le centre de rassemblement et de redistribution de touristes des États socialistes du Nord et des pays occidentaux. Son aéroport enregistre, dans l’ensemble du Comecon, le plus grand nombre de départs et d’arrivées ; plus de vingt-cinq lignes régulières étrangères s’y croisent. La ville joue le rôle de contact entre l’Occident et l’Orient. Elle est le siège de nombreux congrès, l’équipement hôtelier y étant satisfaisant. Elle est une grande capitale intellectuelle, grâce, en particulier, à son université Charles (1348). Elle compte de nombreuses organisations culturelles, notamment une vingtaine de théâtres, et est célèbre par ses théâtres de marionnettes. Son festival de musique du mois de mai est très renommé. Siège de commissions et d’organisations du Comecon ainsi que de la Fédération syndicale mondiale, la ville est aussi le lieu de la grande fête annuelle des gymnastes, les Sokols. Elle est le centre d’une foire internationale qui ne le cède qu’à celle de Brno* et possède la plus ancienne école supérieure technique (1806) de l’Europe centrale.

Prague est entourée d’espaces verts, et les migrations hebdomadaires sont nombreuses, favorisées par un taux de motorisation assez élevé, qui témoigne d’un certain niveau de vie hérité en partie de l’avant-guerre, et par le nombre important de résidences secondaires.

La relative faiblesse de l’industrialisation tient à la structure de la population d’une ville historiquement marchande et manufacturière, produisant des denrées de luxe, et surtout aux facilités d’investissements accordées à d’autres régions.


Les quartiers

Prague, la « Ville dorée » est l’une des plus belles villes d’Europe. Les « quartiers hauts » sont situés sur la rive gauche, au-dessus de la Vltava : le Hradčany domine toute la ville et groupe organismes gouvernementaux, musées et églises. En contrebas, Malá Strana (le « petit côté ») est placé au point où la Vltava est la plus étroite, ce qui explique le nom de la ville (en tchèque, práh signifie « seuil ») et ce qui a imposé la construction du célèbre pont Charles. Au nord s’étend le plateau formé dans la large boucle de la rivière, avec les quartiers de Bubeneč, de Dejvice, de Holešovice, avec le parc de la culture. À l’ouest, ce sont Střešovice, Petřin et le grand stade, puis Břevnov et enfin Smíchov, quartier moulé sur les accidents du relief.

Sur la rive droite se juxtaposent également de vieilles « villes » et des quartiers historiques : Vyšehrad (la « ville haute »), où la dynastie des Přemyslides avait bâti son principal château ; Staré Mešto (la « vieille ville ») avec ses églises et ses monuments baroques (qui répondent à Malá Strana et à Nové Mešto (la « nouvelle ville »), reliés par la célèbre place Venceslas. Les quartiers industriels se situent en aval (Karlín, Vysočany), près des gares et des voies ferrées. Les autres quartiers (Vinohrady, Žižkov, Strašnice), à l’est et au sud-est, où les bas plateaux offrent le plus d’espaces, sont plus résidentiels, avec un plan géométrique. Prague se termine presque directement sur la campagne et les bois, et ne présenté pas le paysage de banlieue d’une grande capitale.

A. B.

➙ Bohême / Tchécoslovaquie.

 V. G. Votrubec, Prague, géographie d’une grande ville (en tchèque, Prague, 1965).


Prague, ville d’art

Prague était, dès le début du Moyen Âge, réputée comme une des plus belles villes d’Europe. Enrichie à l’époque baroque, elle reste aujourd’hui une cité d’un exceptionnel intérêt architectural.