Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Portugal (suite)

Les lumières et la crise révolutionnaire

• 1753-1759. Essai d’étatisme économique avec les différentes compagnies commerciales : du Haut Douro, de Pará et Maranhão, de Pernambouc... Il fallait pouvoir s’assurer le contrôle du commerce extérieur et surtout de cette prodigieuse source de richesses qu’était le commerce brésilien.

• 1755 (1er nov.). Terrible séisme qui affecte le sud du Portugal et tout particulièrement Lisbonne, faisant des milliers de victimes. Sur les ruines des bas quartiers, Pombal fait édifier une ville nouvelle, plus fonctionnelle.

• 1758. Complot des Távoras. Cette machination policière permet, à l’aide de quelques exemples, de briser une haute noblesse devenue trop puissante sous le règne précédent.

• 1768. Création de la Real Mesa Censória, qui remplace le Saint-Office. L’État a ainsi la haute main sur la vie intellectuelle du pays, tant par la censure que par l’enseignement, qui lui est subordonné.

• 1769. Emprisonnement de dom Miguel da Annunciação, évêque de Coimbra. Cet exemple permet d’éliminer le courant de la Jacobeia et d’affirmer ainsi la supériorité de l’État sur l’Église.

• 1773. Mise en place d’une législation sociale en faveur des fermiers. Abolition de la distinction entre vieux et nouveaux chrétiens, qui fait suite aux différentes mesures interdisant l’esclavage en métropole.

• 1777. Avènement de Marie Ire et début d’une phase de réaction dans tous les domaines : politique, social, intellectuel. La création de l’Académie des sciences en 1779 et de la Bibliothèque royale en 1796 ne compensent nullement l’abandon de la politique scolaire de Pombal.

• 1793-94. Campagne de Roussillon à laquelle participe une division portugaise. Mais, abandonné par son allié espagnol, qui a signé un traité de paix avec la France, quelque peu négligé par son allié britannique, le Portugal se trouve dans une situation difficile. Le maintien de l’alliance avec la Grande-Bretagne l’expose à des représailles françaises ; l’abandon signifierait la conquête de son empire colonial par les Britanniques.

• 1801. « Guerre des oranges ». Poussée par Bonaparte*, l’Espagne envahit le Portugal et s’empare du district d’Olivenza, à jamais perdu pour les Portugais.

• 1807. Le Portugal se refusant à appliquer le Blocus continental, les forces franco-espagnoles franchissent la frontière. Le général Junot s’installe en maître à Lisbonne, que la famille royale a abandonnée pour le Brésil.

• 1808. Soulèvements dans le nord du pays et dans l’Alentejo. Coupées de France par l’insurrection espagnole, menacées par un corps expéditionnaire britannique, les forces françaises capitulent à Sintra le 30 août et évacuent le pays.

• 1809. Deuxième invasion française : les troupes du maréchal Soult poussent jusqu’à Porto.

• 1810-11. Troisième invasion, sous le commandement du maréchal Masséna, qui vient se briser sur les lignes de Torres Vedras. Ces différentes opérations militaires ont ravagé le pays, entraînant une chute catastrophique de la population et des ruines innombrables.

• 1811-1818. Tandis que la Cour reste au Brésil, le Portugal est soumis à un gouvernement militaire sous la dure poigne de généraux anglais, en particulier Beresford. Les complots libéraux, tels celui du général Gomes Freire de Andrade, sont noyés dans le sang.

• 1820. Pendant une absence de Beresford, la révolution déclenchée à Porto en août gagne tout le pays. C’est le point de départ d’une longue série de difficultés : crises politiques, avec trente ans de guerres civiles, crises économiques, avec la rupture des liens entre le Brésil et la métropole, conséquence indirecte de la révolution de 1820.


La période contemporaine


Les difficultés de la monarchie

• 1820-21. Réunion des Cortes en décembre 1820. Même si les réformes se réfèrent au passé national, l’œuvre libérale des Cortes fut considérable : abolition de l’Inquisition, suppression des droits seigneuriaux et des privilèges du clergé.

• 1822 (sept.). Vote de la première Constitution, que Jean VI (1816-1826), revenu du Brésil l’année précédente, ratifia peu après. D’inspiration fort libérale, elle prévoyait la séparation des pouvoirs et une chambre unique élue pour deux ans au suffrage universel direct. Le fils aîné de Jean VI, dom Pedro, régent du Brésil, proclame l’indépendance de ce pays et en devient empereur en octobre ; trois ans plus tard, la métropole reconnaît le fait accompli.

• 1823-24. Insurrections des partisans de l’absolutisme, qui ont trouvé un chef en la personne de dom Miguel, fils cadet du souverain.

• 1826. À la mort de Jean VI, le Conseil de régence choisit comme souverain le fils aîné du roi, alors empereur du Brésil, qui devient Pierre IV. Mais celui-ci abdique en faveur de sa fille dona Maria (Marie II), et confie la régence à son frère, dom Miguel. Auparavant, il avait accordé une charte constitutionnelle modifiant dans un sens autoritaire la Constitution de 1822.

• 1828. Dom Miguel, revenu d’exil, dissout les Cortes et rétablit l’absolutisme. Cette restauration est, dans l’ensemble, acceptée passivement, hormis des révoltes libérales à Porto et Coimbra.

• 1832-1834. Pierre IV reconquiert le royaume et restaure Marie II (1834-1853). Par la convention d’Évora-Monte, dom Miguel s’engage à quitter définitivement le pays.

• 1832. Début des réformes libérales de Mouzinho da Silveira, d’abord aux Açores, puis dans la métropole reconquise : réforme administrative, abolition des dîmes, privilèges et majorats. Premières mesures contre les couvents des Açores.

• 1834. Début de la politique anticléricale en métropole. Suppression des ordres religieux et sécularisation de leurs biens, mis aux enchères par la loi de 1835.