Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Pôrto Alegre (suite)

Dès le xviiie s., cette zone très peu peuplée du Brésil a été le théâtre d’une économie spéculative d’élevage extensif, particulièrement dans sa partie sud ; vers 1740 naît Pôrto Alegre comme centre de commercialisation du bétail ; ce n’est encore qu’une petite ville. Dans la seconde moitié du xixe s., la cité profite du grand mouvement de colonisation d’abord allemande, puis italienne. Elle devient alors un grand centre commercial ainsi que le lieu d’implantation d’une petite industrie apportée par les immigrants européens (industrie du cuir utilisant des peaux vendues par les éleveurs de l’intérieur). À la fin du xixe s., un réseau ferré se développe à partir de Pôrto Alegre, dont la fonction portuaire est à ce moment-là importante ; la ville devient le débouché de tout le Sud brésilien.

À partir de la fin de la Seconde Guerre mondiale, le développement général de l’arrière-pays confère à Pôrto Alegre un rôle nouveau de grande ville industrielle : en effet, les capitaux étrangers s’ajoutent à ceux de São Paulo pour installer, dans l’espace urbain ou suburbain de Pôrto Alegre, un nombre croissant d’usines répondant à la capacité de consommation du marché régional ou traitant quelques-unes des productions de l’agriculture pratiquée dans la région. Cette industrialisation s’accompagne du développement parallèle du grand tertiaire, banques, maisons de commerce, qui fait de la cité le centre-relais du Sud-Est brésilien, partie la plus active du pays. L’augmentation générale de la population, et particulièrement de la fraction riche, y provoque en outre l’essor des commerces de luxe, de l’université, des services médicaux, etc.

Ce rôle de métropole s’est encore accru lorsque, en 1960, la construction d’un grand pont reliant la rive nord du Guaíba, sur laquelle se trouve Pôrto Alegre, à l’autre rive, a ouvert à toute la partie sud de la vallée du Jacuí un recours facile à l’ensemble des activités tertiaires du centre principal. Actuellement, si les fonctions administratives ont toujours comme zone d’influence l’État de Rio Grande do Sul, les fonctions du tertiaire supérieur donnent à Pôrto Alegre une zone d’influence qui n’est limitée que par celle de São Paulo, au milieu de l’État de Paraná. Cependant, en ce qui concerne la fonction commerciale, la capitale du Paraná, Curitiba, constitue un centre concurrent qui limite davantage les fonctions de Pôrto Alegre à son propre État et à une partie de celui de Santa Catarina. L’industrie, elle, est partiellement destinée au marché régional, mais elle travaille également pour l’ensemble du marché national en utilisant certaines matières premières produites par la région (fabrication de cigarettes, alimentée par le tabac cultivé sur le plateau).

La ville, qui ne comptait que 394 000 habitants en 1950, en abritait 641 000 en 1960 et 1 026 000 en 1970. Dans un site de collines aux abords de la rive nord du Guaíba, la ville s’étend assez démesurément et présente des oppositions très nettes selon les quartiers. Le centre se trouve autour du port et sur les versants relativement raides qui bordent la vallée du Guaíba ; il prend de plus en plus l’allure d’un centre à l’américaine, avec des gratte-ciel occupés par les grandes banques ou par les grandes maisons de commerce. Cette zone présente un danger d’inondation, car le Guaíba est sujet à des crues graves. Par suite de la croissance des fonctions tertiaires, une partie des services se situe dans les vallées adjacentes situées vers le nord : c’est le cas, en particulier, de la nouvelle université. Les quartiers de résidence montent, au contraire, à la conquête des parties hautes des collines : constitués à l’origine uniquement de villas plus ou moins élégantes, ils sont maintenant truffés d’immeubles, dans la zone la plus proche du centre urbain. En amont du Guaíba et au-delà des quartiers industriels prolifèrent les quartiers de petits pavillons, voire de cabanes, qui abritent la classe moyenne et la partie pauvre de la population. Dans la mesure où l’espace rural autour de la ville était composé de très grandes propriétés, la croissance urbaine s’effectue par grandes unités de lotissement, comportant des systèmes de rues en damiers ; ce plan très monotone de voies se croisant de façon quadrangulaire ajoute encore à l’allure américaine de Pôrto Alegre. Dans son dynamisme comme dans son paysage, cette ville se révèle donc une métropole active qui symbolise l’essor de l’économie brésilienne.

M. R.

Porto Rico ou Puerto Rico

Une des Grandes Antilles, État libre associé aux États-Unis ; 8 897 km2 ; 2 760 000 hab. (Portoricains). Les îlots de Vieques, Culebra et Mona sont administrativement reliés à Porto Rico. Capit. San Juan.



Le milieu naturel

Porto Rico a la forme d’un rectangle long d’environ 170 km dans le sens ouest-est et large de quelque 55 km. L’axe topographique de l’île (la Cordillera Central) est formé de montagnes de 600 à 800 m d’altitude en moyenne, quoique certains sommets dépassent 1 000 m (Cerro de Punta, 1 337 m ; Cerro Doña Juana, 1 097 m ; El Yunque, 1 065 m). Dans l’ensemble, le relief est dissymétrique avec un long versant nord et un versant sud en pente forte. Des collines séparées de profondes vallées et des plateaux relayent les montagnes centrales sur le versant nord. L’île comprend aussi des plaines : plaines littorales, étendues au nord, étroites au sud, plaines alluviales du cours inférieur des vallées, petits bassins intérieurs (d’Utuado, de Caguas).

Le relief et la forme de l’île s’expliquent par sa structure géologique. Celle-ci appartient au système plissé et faille des Grandes Antilles. Porto Rico est un horst, ou bloc soulevé, limité sur ses quatre côtés par des failles, ou flexures, dont les plus importantes sont au nord (dénivellation de plus de 9 000 m entre la fosse de Brownson ou de Porto Rico et l’axe topographique de l’île) et à l’est (où la zone plissée des Grandes Antilles plonge dans la fosse d’Anegada). Il n’y a pas de volcans, mais les tremblements de terre indiquent une activité tectonique continue.