Pompéi (suite)
Comme le travail avait commencé par le quartier central, avec le forum, les temples, les divers monuments publics, la reconnaissance des remparts, il reste aujourd’hui à fouiller (ce qu’on fait activement du fait de l’emploi des déblais comme amendement) les quartiers plus éloignés. On y découvre non plus seulement des jardins, mais des vignobles et l’on peut étudier ceux-ci en détail. Les matières organiques calcinées ont laissé dans la cendre tassée des lacunes, dont on examine la forme : on reconstitue ainsi les souches de vigne par moulage de leurs empreintes. L’idée que l’on se faisait de la maison pompéienne s’est ainsi nuancée. On ne voit plus ici exclusivement la maison romaine type, à atrium et à péristyle : d’une part, il y a souvent une véritable cour de ferme ; d’autre part, le type à atrium n’est pas très ancien, et l’on a fait connaissance avec des maisons qui pouvaient avoir déjà deux cent cinquante ans à l’époque de la catastrophe. On a dégagé aussi des maisons construites sur les remparts, qui étaient en partie démolis. Contrairement aux prévisions, on a continue à trouver de belles et grandes villas, comme celles de Julia Felix et de Julius Polybius.
Les fresques qui décorent les murs ont été classées en quatre styles décoratifs, qui ne sont d’ailleurs pas propres à Pompéi (v. Campanie). Elles relèvent de la technique, inexpliquée jusqu’à ces derniers temps, de la chaux saponifiée. Quant aux graffiti qui se dispersent, eux aussi, sur les murs, et qui sont connus par centaines, ils ont été l’objet d’une étude graphologique qui y reconnaît l’expression de la vitalité et de l’ostentation : conclusion qui ne fait que rejoindre les nombreuses observations des archéologues. La ville a été suffisamment saisie sur le vif et suffisamment examinée sous tous ses aspects pour qu’on puisse, à présent, tracer le portrait psychologique de ses habitants, heureux, sans complexes, portés aux intrigues amoureuses, superstitieux, indifférents aux inégalités sociales, aux morts de gladiateurs ou à ce qui se passait sur le marché aux esclaves.
R. H.
E. C. Corti, Untergang und Auferstehung von Pompeji und Herculanum (Munich, 1940, nouv. éd., 1951 ; trad. fr. Vie, mort et résurrection d’Herculanum et de Pompéi, Plon, 1953). / M. Brion, Pompéi et Herculanum (A. Michel, 1960). / R. Étienne, la Vie quotidienne à Pompéi (Hachette, 1966). / A. de Franciscis, Pompéi (Grange Batelière, 1970). / M. Grant, Cities of Vesuvius (Londres, 1971 ; trad. fr. les Cités du Vésuve, Hachette, 1972). / R. Guerdan, Pompéi, mort d’une ville (Laffont, 1973).