Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Pompéi (suite)

Comme le travail avait commencé par le quartier central, avec le forum, les temples, les divers monuments publics, la reconnaissance des remparts, il reste aujourd’hui à fouiller (ce qu’on fait activement du fait de l’emploi des déblais comme amendement) les quartiers plus éloignés. On y découvre non plus seulement des jardins, mais des vignobles et l’on peut étudier ceux-ci en détail. Les matières organiques calcinées ont laissé dans la cendre tassée des lacunes, dont on examine la forme : on reconstitue ainsi les souches de vigne par moulage de leurs empreintes. L’idée que l’on se faisait de la maison pompéienne s’est ainsi nuancée. On ne voit plus ici exclusivement la maison romaine type, à atrium et à péristyle : d’une part, il y a souvent une véritable cour de ferme ; d’autre part, le type à atrium n’est pas très ancien, et l’on a fait connaissance avec des maisons qui pouvaient avoir déjà deux cent cinquante ans à l’époque de la catastrophe. On a dégagé aussi des maisons construites sur les remparts, qui étaient en partie démolis. Contrairement aux prévisions, on a continue à trouver de belles et grandes villas, comme celles de Julia Felix et de Julius Polybius.

Les fresques qui décorent les murs ont été classées en quatre styles décoratifs, qui ne sont d’ailleurs pas propres à Pompéi (v. Campanie). Elles relèvent de la technique, inexpliquée jusqu’à ces derniers temps, de la chaux saponifiée. Quant aux graffiti qui se dispersent, eux aussi, sur les murs, et qui sont connus par centaines, ils ont été l’objet d’une étude graphologique qui y reconnaît l’expression de la vitalité et de l’ostentation : conclusion qui ne fait que rejoindre les nombreuses observations des archéologues. La ville a été suffisamment saisie sur le vif et suffisamment examinée sous tous ses aspects pour qu’on puisse, à présent, tracer le portrait psychologique de ses habitants, heureux, sans complexes, portés aux intrigues amoureuses, superstitieux, indifférents aux inégalités sociales, aux morts de gladiateurs ou à ce qui se passait sur le marché aux esclaves.

R. H.

 E. C. Corti, Untergang und Auferstehung von Pompeji und Herculanum (Munich, 1940, nouv. éd., 1951 ; trad. fr. Vie, mort et résurrection d’Herculanum et de Pompéi, Plon, 1953). / M. Brion, Pompéi et Herculanum (A. Michel, 1960). / R. Étienne, la Vie quotidienne à Pompéi (Hachette, 1966). / A. de Franciscis, Pompéi (Grange Batelière, 1970). / M. Grant, Cities of Vesuvius (Londres, 1971 ; trad. fr. les Cités du Vésuve, Hachette, 1972). / R. Guerdan, Pompéi, mort d’une ville (Laffont, 1973).

Pompidou (Georges)

Homme d’État français (Montboudif, Cantal, 1911 - Paris 1974).



Le Premier ministre

Issu d’une famille d’instituteurs, élève de l’École normale supérieure (1931), agrégé des lettres, il sert dans l’Université jusqu’en octobre 1944. À cette date, il fait partie du cabinet du général de Gaulle*, où il est chargé de mission auprès du ministre de l’Information. En 1946, Georges Pompidou entre au Conseil d’État, dont il sort en 1954 pour occuper de hautes fonctions à la banque Rothschild : durant ce temps, il reste en relations étroites avec le général de Gaulle, qui, devenu président du Conseil, le nomme directeur de son cabinet (sept. 1958), poste qu’il quitte lorsque le général devient président de la République (janv. 1959).

Quoique n’ayant aucun passé politique et n’appartenant à aucun parti, il est en fait le principal conseiller du chef de l’État, qui apprécie en lui — au-delà d’une apparence de nonchalance et de bonhomie — une grande faculté d’assimilation, le don de la synthèse et une autorité décidée.

Si bien que, à la surprise générale, cet homme peu connu est porté, le 14 avril 1962, à la tête du gouvernement. Le cabinet Pompidou obtient assez difficilement la confiance (259 voix contre 128 et 119 abstentions), car les difficultés sociales sont grandes, notamment dans le monde rural et la métallurgie. Quand l’attentat du Petit-Clamart (22 août) incite le général de Gaulle à assurer la pérennité des institutions par une réforme constitutionnelle fondamentale — l’élection du président de la République au suffrage universel —, le gouvernement doit affronter un Parlement très divisé : le 5 octobre, il est l’objet d’une motion de censure ; il démissionne le lendemain, mais Pompidou est maintenu au pouvoir jusqu’au 27 novembre. Dès le 28, il redevient Premier ministre, le référendum du 28 octobre et les élections législatives des 18 et 25 novembre ayant été des succès pour les gaullistes.

Si la politique étrangère reste le domaine privilégié du chef de l’État, Pompidou, qui dispose de la majorité absolue à l’Assemblée, est particulièrement affronté aux conflits sociaux et au malaise paysan. Il promulgue en septembre 1963 un « plan de stabilisation » qui ne satisfait pas les syndicats, malgré le rôle pilote joué par l’accord Renault et malgré l’extension des congés payés (quatre semaines). En février 1964, la publication du rapport Massé indique le désir du gouvernement de lutter contre la détérioration des rapports entre l’« État-Patron » et ses salariés, et de poursuivre une « politique des revenus ».

Quand, à la fin de 1965, le général de Gaulle est — non sans difficultés — réélu président de la République, il reconduit le ministère Pompidou (8 janv. 1966), Michel Debré remplaçant Valéry Giscard d’Estaing aux Finances. Mais déjà l’opposition de gauche se concerte en vue des élections législatives de mars 1967 : les gaullistes perdent alors des sièges, mais gardent la majorité absolue ; si bien que, le 6 avril, Georges Pompidou, qui a été élu dans le Cantal, peut constituer un nouveau cabinet, où les anciens M. R. P. ralliés sont encore représentés et où les républicains indépendants gardent trois portefeuilles.

À l’Assemblée, l’opposition, renforcée, attaque aussitôt le gouvernement, qui a demandé des « pouvoirs spéciaux » afin de prendre, par ordonnances, des mesures d’ordre économique et social. Si deux motions de censure sont rejetées — la première, le 20 mai, de justesse — par l’Assemblée, le Sénat, le 2 juin, rejette les pouvoirs spéciaux.