Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Polynésie (suite)

Depuis l’installation des Occidentaux, les archipels polynésiens ont connu une évolution démographique qui fut marquée d’abord par un rapide déclin des populations indigènes, puis par un spectaculaire renouveau : aujourd’hui, la natalité est partout très supérieure à la mortalité (croît naturel d’au moins 3 p. 100 par an) ; le métissage avec les Européens ou les Asiatiques a été très inégal selon les archipels : très poussé aux Hawaii ou à Tahiti, il est presque inexistant dans les îles les plus isolées. Dans l’archipel des Hawaii, les Polynésiens ont été submergés par l’afflux des Européens et des Asiatiques ; ailleurs, l’implantation de ces deux derniers groupes est relativement limitée.

Au total, la population de la Polynésie dépasse 1 200 000 habitants, mais les deux tiers vivent aux Hawaii. L’expansion démographique pose déjà des problèmes dans les îles les plus petites et les moins riches : l’émigration devient nécessaire à Wallis et Futuna (vers la Nouvelle-Calédonie) ou aux îles Cook et Niue (vers la Nouvelle-Zélande).

La vie traditionnelle se maintient encore dans les îles les plus isolées : la culture des tubercules est un véritable jardinage, pratiqué dans des trous atteignant la nappe phréatique (taro d’eau) ou sur des billons (igname, manioc). Des arbres à pain et des cocotiers entourent les cases. Mais il faut distinguer les atolls, au sol sableux, pauvre, où souvent la vie n’a été possible que grâce au cocotier et au pandanus, et les îles volcaniques dont l’intérieur montagneux est désert, mais dont la frange littorale, où la population est concentrée, a des sols fertiles.

La culture commerciale la plus importante est celle du cocotier ; la pulpe séchée des noix de coco (coprah) est exportée vers les consommateurs de la zone tempérée (Europe, États-Unis, Japon). Les Polynésiens cultivent aussi quelques caféiers, cacaoyers, agrumes (Cook) et bananiers. Sauf aux Hawaii (canne à sucre, ananas), les grandes plantations appartenant à des Occidentaux sont rares. L’élevage est modeste, et la pêche dans le lagon ou sur les récifs reste artisanale ; la pêche industrielle dans le Pacifique central est surtout l’œuvre des Japonais et des Nord-Américains. Il n’y a pas de ressources minières.

Les progrès de l’aviation ont rompu l’isolement de la plupart des îles. Tous les grands archipels sont maintenant en relation avec le reste du monde ; même l’île de Pâques a depuis 1968 un aérodrome. Le tourisme a pris une ampleur démesurée aux Hawaii et commence à transformer quelques autres îles (Tahiti) ; il reste encore très limité ailleurs. Les possibilités d’échange ont provoqué un essor des petites capitales, qui ont tendance à concentrer une part de plus en plus importante de la population de leur archipel. Ce phénomène est très spectaculaire pour Honolulu (Hawaii), mais il affecte aussi d’autres villes, telles que Papeete (Tahiti) ou Apia (Samoa occidentales).

A. H. de L.

➙ Hawaii / Océanie / Polynésie française / Samoa occidentales / Tahiti.

 D. L. Oliver, les Îles du Pacifique (Payot, 1952). / B. Villaret, Archipels polynésiens (Hachette, 1956). / M. Panoff, la Terre et l’organisation sociale en Polynésie (Payot, 1970). / Le Monde vivant des atolls (Soc. des océanistes, 1972).

Polynésie française

Territoire français d’outre-mer.



La géographie

Les archipels qui constituent la Polynésie française sont situés dans le Pacifique central, entre 7° 51′ et 27° 38′ de lat. S. et 134  et 155° de long. O. : ils sont dispersés à travers une surface maritime de quelque 4 millions de kilomètres carrés. Or, leur superficie totale, 4 000 km2, est faible et l’île de Tahiti*, à elle seule, en représente le quart. Le climat est tropical, mais adouci par le souffle de l’alizé.

La population s’accroît rapidement. De 30 600 habitants en 1907 et de 55 400 en 1946, elle est passée à 120 000 en 1971. Les Polynésiens ont aujourd’hui un très fort croît naturel : 3,5 p. 100 par an (natalité de 46 p. 1 000 : mortalité de 10,7 p. 1 000) ; beaucoup sont métissés, et les « Demis » jouent un rôle important dans la vie du territoire. Le groupe d’origine chinoise s’assimile progressivement. Le nombre des Européens a fortement augmenté depuis l’installation du Centre d’expérimentation du Pacifique (1964).

La densité est de 30 habitants au kilomètre carré, mais ce chiffre moyen n’a pas grande signification : presque toute la population se concentre sur le littoral. L’essor urbain de Papeete a été très spectaculaire, et, en 1971, l’agglomération groupait 66 000 personnes, soit 55 p. 100 de la population totale du territoire. L’agriculture connaît au contraire un net déclin : les cultures vivrières traditionnelles (taro) sont de plus en plus abandonnées, les caféiers, les vanilliers sont négligés ; même les plantations de cocotiers (50 000 ha) sont mal entretenues, et la récolte annuelle de coprah (30 000 t) stagne. L’élevage, qui comporte surtout des bovins (10 000) et des porcs, reste assez extensif. Quelques maraîchers chinois approvisionnent Papeete en légumes, mais la plupart des produits alimentaires doivent être importés.

Chaque archipel de la Polynésie française possède son individualité. Les îles de la Société sont de loin l’ensemble le plus important, tant par leur superficie que par leur population. On les divise en deux groupes d’îles. Les îles du Vent sont constituées de Tahiti (1 042 km2), de Moorea (132 km2) et de quelques îlots secondaires ; grâce à Papeete, la population y est importante (79 700 hab.). Les îles Sous-le-Vent sont beaucoup moins peuplées : 15 500 habitants, dont un tiers à Raïatea (192 km2) ; les autres îles sont Huahine, Tahaa, la célèbre Bora Bora, Maupiti et quatre îles de faible superficie. Toutes les îles principales sont d’anciens volcans, aujourd’hui démantelés par l’érosion. Leur relief est donc montagneux ; l’intérieur est couvert par la forêt ou plus souvent par une brousse dégradée, et la population vit sur une étroite plaine littorale, protégée des assauts de l’océan par un récif-barrière qui enserre un lagon. Les côtes est, « au vent », sont plus arrosées que les côtes ouest, « sous le vent ». Partout la principale richesse agricole est constituée par les plantations de cocotiers. Le tourisme s’est développé, depuis la construction de l’aéroport de Faaa, surtout dans les îles du Vent (Tahiti ; Club Méditerranée à Moorea).