Polynésie (suite)
Depuis l’installation des Occidentaux, les archipels polynésiens ont connu une évolution démographique qui fut marquée d’abord par un rapide déclin des populations indigènes, puis par un spectaculaire renouveau : aujourd’hui, la natalité est partout très supérieure à la mortalité (croît naturel d’au moins 3 p. 100 par an) ; le métissage avec les Européens ou les Asiatiques a été très inégal selon les archipels : très poussé aux Hawaii ou à Tahiti, il est presque inexistant dans les îles les plus isolées. Dans l’archipel des Hawaii, les Polynésiens ont été submergés par l’afflux des Européens et des Asiatiques ; ailleurs, l’implantation de ces deux derniers groupes est relativement limitée.
Au total, la population de la Polynésie dépasse 1 200 000 habitants, mais les deux tiers vivent aux Hawaii. L’expansion démographique pose déjà des problèmes dans les îles les plus petites et les moins riches : l’émigration devient nécessaire à Wallis et Futuna (vers la Nouvelle-Calédonie) ou aux îles Cook et Niue (vers la Nouvelle-Zélande).
La vie traditionnelle se maintient encore dans les îles les plus isolées : la culture des tubercules est un véritable jardinage, pratiqué dans des trous atteignant la nappe phréatique (taro d’eau) ou sur des billons (igname, manioc). Des arbres à pain et des cocotiers entourent les cases. Mais il faut distinguer les atolls, au sol sableux, pauvre, où souvent la vie n’a été possible que grâce au cocotier et au pandanus, et les îles volcaniques dont l’intérieur montagneux est désert, mais dont la frange littorale, où la population est concentrée, a des sols fertiles.
La culture commerciale la plus importante est celle du cocotier ; la pulpe séchée des noix de coco (coprah) est exportée vers les consommateurs de la zone tempérée (Europe, États-Unis, Japon). Les Polynésiens cultivent aussi quelques caféiers, cacaoyers, agrumes (Cook) et bananiers. Sauf aux Hawaii (canne à sucre, ananas), les grandes plantations appartenant à des Occidentaux sont rares. L’élevage est modeste, et la pêche dans le lagon ou sur les récifs reste artisanale ; la pêche industrielle dans le Pacifique central est surtout l’œuvre des Japonais et des Nord-Américains. Il n’y a pas de ressources minières.
Les progrès de l’aviation ont rompu l’isolement de la plupart des îles. Tous les grands archipels sont maintenant en relation avec le reste du monde ; même l’île de Pâques a depuis 1968 un aérodrome. Le tourisme a pris une ampleur démesurée aux Hawaii et commence à transformer quelques autres îles (Tahiti) ; il reste encore très limité ailleurs. Les possibilités d’échange ont provoqué un essor des petites capitales, qui ont tendance à concentrer une part de plus en plus importante de la population de leur archipel. Ce phénomène est très spectaculaire pour Honolulu (Hawaii), mais il affecte aussi d’autres villes, telles que Papeete (Tahiti) ou Apia (Samoa occidentales).
A. H. de L.
➙ Hawaii / Océanie / Polynésie française / Samoa occidentales / Tahiti.
D. L. Oliver, les Îles du Pacifique (Payot, 1952). / B. Villaret, Archipels polynésiens (Hachette, 1956). / M. Panoff, la Terre et l’organisation sociale en Polynésie (Payot, 1970). / Le Monde vivant des atolls (Soc. des océanistes, 1972).