Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Pologne (suite)

À la conférence de Yalta (févr. 1945), les trois Grands décident que le nouvel état polonais aura pour frontière la ligne Curzon et recevra des compensations à l’ouest et au nord, tandis que se déroule le procès des chefs de la résistance AK, arrêtés dans toute la Pologne. Le Comité de Lublin transféré à Varsovie libérée en janvier 1945, signe le 21 avril un traité d’amitié, d’assistance et de coopération économique avec l’U. R. S. S. Ayant concédé un tiers des sièges au parti paysan (SL) de Mikołajczyk, il s’élargit le 28 juin en un gouvernement d’unité nationale présidé par le socialiste « de gauche » Edward Osóbka-Morawski, avec pour vice-présidents le secrétaire général du Parti ouvrier, Gomułka, et Mikołajczyk. Le communiste Bolesław Bierut (1892-1956) est le chef provisoire de l’État. La conférence de Potsdam (juill.-août 1945) fixe la frontière occidentale de la Pologne sur l’Odra (Oder) et la Nysa Łużycka (Neisse lusacienne), le gouvernement d’unité nationale s’engage à organiser des élections libres, et les puissances occidentales cessent de reconnaître le gouvernement de Londres.

C. G.

➙ Casimir III le Grand / Cracovie / Gdańsk / Jagellon / Jean III Sobieski / Lituanie / Louis Ier le Grand / Miezko Ier / Moscovie / Piast / Piłsudski (Joźef) / Polono-soviétique (guerre) / Slaves / Stanislas Ier Leszczyński / Stanislas II Auguste Poniatowski / Varsovie.

 H. Grappin, Histoire de la Pologne, des origines à 1922 (Larousse, 1922). / W. Sobieski, Histoire de la Pologne, des origines à nos jours (en pol., Cracovie, 1931 ; trad. fr. Payot, 1934). / O. Halecki, la Pologne de 963 à 1914 (Alcan, 1933). / The Cambridge History of Poland (Cambridge, 1941 ; nouv. éd., New York 1971 ; 2 vol.). / A. C. Rosé, la Politique polonaise entre les deux guerres (La Baconnière, Neuchâtel, 1945). / La Pologne, 1919-1939 (La Baconnière, Neuchâtel, 1945-1947 ; 3 vol.). / L. Noël, l’Agression allemande contre la Pologne (Flammarion, 1946). / Z. Wojciechowski, l’État polonais au Moyen Âge. Histoire des institutions (en pol., Poznań, 1948 ; trad. fr., Sirey, 1949). / J. Beck, Dernier Rapport. Politique polonaise, 1926-1939 (trad. du pol., La Baconnière, Neuchâtel, 1951). / T. Bór-Komorowski, Histoire d’une armée secrète (les Îles d’or, 1952). / A. Jobert, Histoire de la Pologne (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1953 ; 3e éd., 1974) ; de Luther à Mohila. La Pologne dans la crise de la chrétienté, 1517-1645 (L. E. S., 1974). / T. Manteuffel et coll., Histoire de la Pologne (en pol., Varsovie, 1957-1963 ; 3 vol.). / A. Gieysztor, S. Herbst et B. Leśnodorski, Mille Ans de l’histoire de la Pologne (trad. du pol., Éd. Polonia, Varsovie, 1959). / A. Babeau, les Conseils ouvriers en Pologne (A. Colin, 1960). / W. Hensel, les Origines de l’État polonais (trad. du pol., Éd. Polonia, Varsovie, 1960). / L’Occupation allemande en Pologne, numéro spécial de la Revue d’histoire de la Seconde Guerre mondiale (P. U. F., 1960). / W. Pobóg-Malinowski, Histoire politique récente de la Pologne, 1804-1939 (en pol., Londres, 1961-1967 ; 2 vol.). / H. Roos, Geschichte der polnischen Nation, 1916-1960 (Stuttgart, 1961). / Les Pertes de guerre de la Pologne de 1939 à 1945 (trad. du pol., Poznań, 1961). / J. De Broucker, l’Église à l’Est, t. I : la Pologne (Éd. du Cerf, 1963). / E. Fournier, Pologne (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1963 ; nouv. éd., 1972). / S. Rozmaryn, la Pologne (L. G. D. J., 1963). / S. Arnold et M. Zychowski, Précis d’histoire de la Pologne de ses origines à nos jours (trad. du pol., Éd. Polonia, Varsovie, 1964). / B. Brodziński, le Niveau de vie en Pologne, 1945-1963 (en pol., Londres, 1965). / M. Borwicz, l’Insurrection du ghetto de Varsovie (Julliard, coll. « Archives », 1966). / B. Baranowski et coll., Histoire de l’économie rurale en Pologne jusqu’à 1864 (Wrocław, 1967). / L. Blit, The Origins of Polish Socialism, 1878-1886 (New York, 1971). / M. S. Kienewicz (sous la dir. de), Histoire de la Pologne depuis les origines jusqu’à l’année 1939 (trad. du pol., Éd. scientif. de Pologne, Varsovie, 1971). / N. Davies, White Eagle and Red Star, The Polish Soviet War, 1919-1920 (Londres, 1972). / A. Wolowski, la Vie quotidienne en Pologne au xviie siècle (Hachette, 1972). / J. Tazbir, A State without Stakes. Polish Religious Toleration in the 16 and 17 centuries (Varsovie, 1973).


La Pologne depuis 1945


L’établissement du régime communiste

L’acceptation formelle du pluralisme des partis dans le cadre provisoire de l’ancienne Constitution démocratique de 1921 facilite l’écrasement « légal » de l’opposition, démoralisée par le réformisme nationaliste de la « voie polonaise vers le socialisme » définie par Gomułka*. Portant le même nom, deux partis socialistes, deux partis paysans, deux partis démocrates, dont les uns coopèrent avec les communistes et les autres s’y refusent, désorientent l’opinion publique tandis qu’une partie des résistants rentre dans la clandestinité : une lutte fratricide déchire le pays trois ans durant.

Les premières élections à la diète ont lieu en janvier 1947, plus tard que dans tout autre État populaire : la liste commune des communistes et de leurs alliés remporte 90 p. 100 des suffrages. L’opposition est supprimée, son leader S. Mikołajczyk gagne l’Occident. La « petite Constitution » de 1947 règle les rapports des nouveaux organes de l’État, qui entame l’édification du socialisme dans le cadre du plan triennal de reconstruction (1947-1949). Au nom de l’unité ouvrière, le parti communiste absorbe le parti socialiste épuré et prend le nom de parti ouvrier unifié polonais (Polska Zjednoczona Partia Robotnicza, PZPR). La mise en accusation de Gomułka (août-déc. 1948), écarté du secrétariat du parti par le stalinien Bierut déjà président de la République, marque l’alignement sur le modèle soviétique, alignement surveillé par le maréchal soviétique Rokossovski* et par de nombreux « conseillers ».

La Constitution du 22 juillet 1952 entérine les changements économiques, sociaux et politiques qui ont fait de l’État une « démocratie populaire où le pouvoir appartient au peuple travailleur des villes et des campagnes » qui s’est fixé pour but de « construire le socialisme ».