Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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pollution (suite)

Moyens de lutte contre la pollution atmosphérique

Le but recherché est d’empêcher que la concentration en polluants dans l’air ambiant n’atteigne des valeurs telles qu’il en résulte des effets sur la santé et de supprimer les pollutions qui engendrent une gêne pour la population, c’est-à-dire essentiellement les retombées de particules et les odeurs.

Les actions de prévention comportent différentes voies telles que l’utilisation de procédés ou de produits non polluants ou moins polluants et la mise en œuvre de dispositifs d’épuration suffisamment efficaces.

Les réglementations constituent l’incitation principale à les faire mettre en œuvre.

Dans certains domaines, il existe des possibilités de réduire dans des proportions très importantes les émissions polluantes : par exemple l’élimination des poussières est effectuée grâce à des épurateurs tels que cyclones, laveurs, filtres à manches et électrofiltres. Ce matériel est utilisé pour traiter les émissions de poussières de sources fixes (cimenteries, sidérurgie, incinération de résidus urbains, plâtrières, etc.). Leur choix est fonction du procédé de fabrication et de la nature des polluants rejetés.

De même, pour lutter contre les émissions de produits odorants, différents procédés sont disponibles : combustion thermique et catalytique, absorption sur charbon actif, ozonisation, absorption par voie humide, utilisation d’agents masquants.

Les émissions de dioxyde de soufre peuvent être réduites en utilisant des combustibles peu sulfureux. La désulfuration des produits pétroliers fluides (fuel-oil domestique, gas-oil), devenue usuelle, permet d’augmenter la disponibilité en produits peu sulfureux. Par contre, la désulfuration des produits lourds ou des fumées de combustion de ces produits est encore loin d’être généralisée.

Les améliorations apportées à la conception des moteurs de véhicules automobiles ont permis de diminuer les émissions polluantes unitaires de moitié de 1960 à 1972, mais ces progrès ont été généralement masqués par l’augmentation concomitante du parc automobile. Différentes solutions sont actuellement étudiées pour réduire les émissions résiduelles soit au niveau du procédé (moteur électrique, moteur Stirling, etc.), soit au niveau de l’épuration (mise en place de pots catalytiques sur les véhicules classiques).

Lorsqu’il n’est pas possible de réduire en permanence et partout les émissions polluantes, ce qui est le cas pour les émissions résultant de la combustion, deux sortes de dispositions peuvent être utilisées : la limitation dans certaines zones seulement, celles où la pollution dans l’air ambiant est la plus élevée, et la limitation dans le temps. Cette méthode suppose l’établissement de réseaux de mesure pour prévoir l’évolution à très court terme du niveau de la pollution et prendre en temps utile les mesures nécessaires pour réduire ce niveau aux moments où il se serait trouvé anormalement élevé, du fait notamment de circonstances météorologiques particulièrement défavorables.

En dehors de ces méthodes de prévention proprement dites, il existe un certain nombre de moyens permettant de faire en sorte que des émissions polluantes déterminées n’engendrent pas au niveau du sol un degré de pollution jugé excessif : l’utilisation de cheminées convenablement dimensionnées ; une meilleure conception du développement urbain ; un meilleur tracé des voies de circulation ; une limitation de la densité d’occupation des sols ; la création d’espaces verts ; la séparation par un espace suffisamment large des zones industrielles qui sont le siège d’activités polluantes et des zones réservées à l’habitation.

J. S.


Manifestations de la pollution atmosphérique

La pollution atmosphérique (radioactivité et autres formes de la pollution) a une action sur les biens (immeubles) et surtout sur les êtres vivants. Elle compromet l’équilibre biologique, et, par là, devient un facteur essentiel de l’écologie.

La pollution atmosphérique au centre de Paris est devenue un fait important. En 1957, Henri Grisollet et Émile Pelletier estimaient que la pollution carbonée avait triplé en 50 ans, 45 p. 100 au moins de cet accroissement étant imputable à la circulation automobile. Depuis, le phénomène s’est considérablement accentué, au moins jusqu’à ces dernières années. À la pollution carbonée, il faut ajouter la pollution sulfureuse et les divers apports solides ou liquides résultant de l’industrie et du chauffage domestique. Celui-ci représente d’ailleurs, en hiver, une part considérable de la pollution globale de Paris (50 p. 100 et plus). La pollution urbaine est très stratifiée. D’après des expériences faites à la tour Saint-Jacques, il apparaît qu’elle est moins forte à 53 m d’altitude qu’à 12 m. Or, 12 m, c’est le niveau du troisième étage dans un immeuble d’habitation au cœur de la capitale.

Les régions industrielles, même en dehors des très grandes agglomérations (Paris, Los Angeles, New York, Tōkyō, etc.), sont des milieux très pollués, surtout lorsqu’il y a conjonction des temps stables et des forts rejets de matières nocives.

Ainsi se trouvent modifiés des climats régionaux et des climats locaux (diminution de l’insolation, augmentation des pluies, les particules solides représentant des noyaux de condensation au-dessus des villes et des concentrations industrielles) et créés des microclimats originaux au cœur des villes. Si la question de la pollution se pose aux échelles fines, elle se pose aussi à une échelle plus vaste.


Éléments pour une géographie de la pollution atmosphérique

En dehors de la lutte immédiate contre la pollution (choix des combustibles, réglage des combustions dans les moteurs, etc.), il faut faire une large place à l’étude des implantations urbaines et industrielles (topographie et climat) si l’on veut limiter les effets nocifs du phénomène. Le facteur climatique est d’une importance capitale (temps dominants et rythme saisonnier de ces temps et des autres). Dans cet ordre d’idées, la stabilité atmosphérique hivernale au-dessus de Paris est particulièrement nocive puisque l’hiver est le moment de l’année où le chauffage domestique rejette dans l’atmosphère des masses considérables de produits. Cela permet de constater que les régions du globe qui sont dominées par la stabilité atmosphérique (façades occidentales des continents aux latitudes subtropicales : Californie littorale, Chili et Pérou, Maroc atlantique et régions méditerranéennes d’une façon plus générale) doivent faire l’objet d’une attention toute particulière. Des concentrations humaines et des implantations industrielles très polluantes peuvent y poser de très graves problèmes. Los Angeles en constitue certainement l’une des meilleures et des plus préoccupantes illustrations.

P. P.