Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Pollock (Jackson) (suite)

Dans la création de cette mythologie personnelle, il n’y a que très peu d’implications philosophiques : ce sont plutôt les propriétés expressives des formes dans lesquelles il concentre ses pulsions agressives qui intéressent l’artiste. Progressivement, il tente de perfectionner son écriture par l’intermédiaire du geste automatique. Dans les grandes toiles « all over » de 1946-47, telles que Yeux dans la chaleur (1946, fondation P. Guggenheim, Venise), tout élément figuratif est abandonné, la surface entière étant envahie d’un enchevêtrement de lignes tracées en pleine pâte. En 1947, dans des œuvres comme Cathédrale (musée de Dallas), il inaugure la technique du « dripping », qui consiste à peindre avec des boîtes de fer-blanc percées de trous par où s’écoule la peinture, mais aussi avec des bâtons le long desquels la couleur glisse en lignes fluides. Entièrement nouvelle, sa façon de procéder va devenir légendaire : il ne peint plus sa toile sur chevalet, il l’étend sur le sol afin d’entrer dans sa peinture à force de tourner autour d’elle et de l’attaquer sous plusieurs angles. La toile devient un champ d’action où l’artiste, dans un état de transe violent, poussé par des impulsions émotives, se projette par l’intermédiaire du geste et du signe. Ce type de travail, qui met l’accent sur l’acte même de peindre, fut dénommé action painting par le critique d’art Harold Rosenberg. Ainsi, dans les chefs-d’œuvre « drip » qui se succèdent de 1947 à 1951, tels Numéro un (1949, coll. Arthur Cinader, New York), Un (1950, coll. Ben Heller, New York), Numéro 28 (1950, coll. Mrs. A. H. Newman, Chicago), la toile tout entière est animée d’un réseau inextricable de taches, d’éclaboussures, de lignes en tourbillon rythmé, faisant éclater les limites du tableau et nécessitant progressivement des dimensions monumentales qui happent littéralement le spectateur. Un nouveau type d’espace ouvert naît ainsi de cette invention de la composition « all over », qui ne privilégie aucun point particulier du tableau et rompt totalement avec l’organisation spatiale usuelle en plans nettement définis. Non seulement Pollock ouvrait ainsi la voie aux tendances abstraites des années 50 et 60, mais il fut, parmi les peintres de l’expressionnisme* abstrait, celui qui alla le plus loin dans l’exploration des possibilités expressives de la ligne.

H. H.

 F. O’Connor, Jackson Pollock (Greenwich, Connect., 1967). / I. Tomassoni, Pollock (Florence, 1968 ; trad. fr., Arts et métiers graphiques, 1969).

pollution

Action de souiller, souillure, introduction directe ou indirecte dans un milieu déterminé de substances de telle sorte qu’il puisse en résulter un effet nuisible ou une gêne.


La pollution s’exerce sur les êtres humains soit directement, soit plus communément d’une manière indirecte, avec des effets prolongés, par la contamination du sol, des rivières, des océans, de l’atmosphère, même à de très faibles concentrations, considérées comme étant sans nocivité directe, mais qui deviennent dangereuses par le mécanisme des transmissions biologiques successives (des plantes aux herbivores, puis aux carnivores et à l’homme).

L’homme est lié à la nature surtout par son environnement*, dont il doit défendre l’intégrité pour se défendre lui-même et qui, du fait du progrès des liaisons intercontinentales, est en perpétuelle expansion, englobant pratiquement la nature tout entière.


La pollution du sol et des terres


Pollution du sol des villes et des agglomérations

Multiple et multiforme, elle est en partie combattue par l’urbanisation, dont les outrances sont d’ailleurs aggravantes dans d’autres domaines, du fait par exemple de la suppression des espaces verts. Les causes de la pollution urbaine résident dans la surpopulation et la prolifération anarchique des véhicules à moteur qui, par leur stationnement, obstruent les caniveaux, envahissent les trottoirs et, de ce fait, s’opposent au nettoyage, favorisent la dispersion des déchets et détritus, de plus en plus abondants en raison d’un conditionnement exagéré des produits. Les efforts de décentralisation des villes sont vains devant l’afflux de nouveaux citadins désertant les campagnes.

Le béton tue les arbres ; autoroutes et grands ensembles mutilent et saccagent bois et forêts. Le sol des grandes agglomérations est englué par une poussière grasse qui adhère à tout. Des centaines de tonnes de plomb, provenant du plomb tétraéthyle de l’essence des moteurs, provoquent le saturnisme. Les suies, riches en benzopyrène, engendrent le cancer ; les imbrûlés de mazout et d’huiles de graissage provenant des moteurs Diesel de poids lourds favorisent les bronchites chroniques, entraînant une mortalité supérieure à celle de la tuberculose.


Pollution du sol des campagnes

Dans les cultures, les hauts rendements conduisent à l’abus des engrais chimiques ; l’emploi intensif des insecticides et autres pesticides* empoisonne le sol pour des décennies ; les pulvérisations de dichloro-diphényl trichloréthane, ou D. D. T., par les avions au-dessus des champs et des forêts tuent les oiseaux et perturbent l’équilibre naturel ; les eaux d’infiltration contaminent les nappes phréatiques ; les eaux de ruissellement se déversent dans les mares et les ruisseaux, de telle sorte que l’on retrouve le D. D. T. cancérigène dans le lait, le beurre et les fromages.


Pollution des zones suburbaines

Les lits d’épandage mal conçus sont un danger permanent non seulement de contamination des eaux souterraines, mais aussi de dissémination des germes pathogènes par la pullulation des larves des insectes ailés. Dans 80 p. 100 des cités possédant un réseau d’égout, il n’existe aucune station d’épuration des eaux usées, et les ordures ménagères sont déversées en tas dans des fondrières, des fonds de vallée et même à l’orée des bois.