Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

pollinisation (suite)

Pollinisation par les Insectes (plantes entomophiles)

La majorité des plantes sont pollinisées par les Insectes, et cela sous tous les climats ; les fleurs à pétales colorés ou sécrétrices de nectar sont tout particulièrement visitées par les Insectes, que la couleur ou le liquide sucré attirent. Certaines reçoivent des Bourdons, Abeilles, Papillons, dont le corps velu s’agite à l’intérieur de la corolle et s’enduit du pollen que les étamines mûres laissent échapper ; pendant la visite d’une autre fleur, ce même pollen sera retenu par le stigmate gluant. Les Insectes ont d’ailleurs des goûts spécifiques, de sorte que le pollen est transporté d’une fleur à une autre, mais de la même espèce.

Parfois, des dispositifs augmentent la facilité qu’ont les Insectes à assurer leur tâche : chez la Sauge, l’Hyménoptère qui s’enfonce dans la corolle bilabiée se pose sur la lèvre inférieure et sa tête bute sur une sorte de pédale appartenant à l’étamine, qui bascule et frappe son dos ; s’il va ensuite dans une autre fleur de Sauge plus âgée, le stigmate, qui s’épanouit après le dessèchement des étamines, essuie le dos de l’Insecte et recueille le pollen. Les odeurs des fleurs, plus ou moins agréables à l’Homme, jouent également un rôle dans l’attraction des Insectes. Les Rafflesia et certaines Aracées attirent les Diptères grâce à une odeur de viande avariée. Les Hyménoptères semblent plus sensibles à la couleur qu’à l’odeur.

Les Insectes qui pollinisent les Orchidées recueillent sur leur tête les pollinies dont la base est collante (rétinacle), et les transportent dans une autre fleur, les amenant à buter ainsi sur le stigmate où elles se déposent.

L’Insecte et la fleur sont souvent étroitement adaptés l’un à l’autre : tel Papillon est le seul dont la trompe soit assez longue pour pénétrer au fond de la corolle ; tel autre ne visite qu’une seule espèce, si bien que, lors des essais d’acclimatation (Trèfle en Australie par exemple), on a pu constater des échecs tenant à ce que les Bourdons qui assuraient principalement la fécondation dans le pays d’origine n’avaient pas été importés ; de même, la Vanille n’est fécondée naturellement que dans son pays d’origine (Mexique), où une espèce d’Abeille repousse la languette qui sépare étamine et stigmate, en venant se nourrir.


Pollinisation par d’autres animaux

Il existe 1 500 espèces d’Oiseaux auxquels on peut attribuer un rôle pollinisateur. Ils vivent dans les régions tropicales principalement (Amérique centrale) et se nourrissent du nectar des fleurs, souvent même sans se poser (Oiseaux-Mouches). Ils se procurent le nectar grâce à leur bec, long et fin, qui pénètre au fond de la fleur, et à leur langue effilée et en forme de gouttière. Les fleurs des espèces ainsi visitées semblent adaptées à ce mode de pollinisation et sont même parfois mimétiques (Strelitzia). On a pensé que les Baobabs, dont les fleurs éclosent à la tombée du jour, pouvaient être pollinisés par les Chauves-Souris, mais dans de nombreux cas celles-ci ne sont peut-être que de vulgaires prédateurs.

Les Limaces et les Escargots qui se promènent de fleur en fleur peuvent parfois transporter aussi le pollen. En Australie, de petits Marsupiaux favorisent la fécondation chez les Eucalyptus.


Pollinisation par l’eau

Beaucoup de plantes fleurissent en milieu aérien. Pour les autres, très rares, l’eau sert de vecteur au pollen. Ainsi chez les Zostères, Angiospermes marines, les fleurs s’épanouissent dans l’eau, qui transporte le pollen. Par contre, la Vallisnérie, qui vit en eau douce, ouvre à la surface ses fleurs femelles portées par un long pédoncule ; les fleurs mâles se détachent, remontent à la surface et flottent. Lorsque l’une d’elles atteint la fleur femelle, la pollinisation se fait par contact et la fleur fécondée est rappelée au fond par spiralisation de son pédoncule.


Pollinisation par l’Homme

Parfois, l’Homme intervient dans la pollinisation de plantes cultivées. Depuis la plus haute antiquité, la pollinisation du Palmier dattier (normalement anémophile) est aidée par l’Homme, qui prélève des inflorescences femelles pour s’assurer d’un meilleur rendement.

La culture du Vanillier hors du Mexique impose que l’Homme repousse lui-même la languette qui isole étamines et pistil.

Au cours des travaux de génétique, la pollinisation artificielle est évidemment de rigueur.

J.-M. T. et F. T.

 A.-H. Pons, le Pollen (P. U. F., coll. « Que sais-je ?, 1958 ; 2e éd., 1970). / K. Faegri et L. Van der Pijl, The Principles of Pollinisation Ecology (New York, 1966).

Pollock (Jackson)

Peintre américain (Cody, Wyoming, 1912 - Southampton, près de New York, 1956).


Fils de travailleurs agricoles, il grandit dans l’ouest des États-Unis et entre à la Manual Arts High School de Los Angeles. En 1929, il s’inscrit à l’Art Students League de New York, où il devient l’élève de Thomas Hart Benton (1889-1975), l’un des principaux représentants, durant la grande crise économique, du réalisme régional américain.

Cet enseignement ne satisfait pas le besoin, fondamental chez Pollock, d’une expression totale. Au début des années 1930, il est attiré par le réalisme folklorique des nouveaux peintres mexicains, tels J. C. Orozco (1883-1949) et D. A. Siqueiros (1896-1974), dont il retient surtout l’expressionnisme et le chromatisme violent dans une toile comme Flamme (1937, coll. Lee Krasner Pollock, New York). À partir de 1936 environ, le caractère mythique de son œuvre s’affirme progressivement et, de 1942 à 1946, en même temps qu’il découvrira dans la lecture de C. G. Jung l’importance de l’inconscient, ses toiles évoqueront la sexualité animale, des légendes gréco-romaines ainsi que des mythes indiens, auxquels il porte un intérêt tout particulier. Durant cette période, la découverte du surréalisme* est décisive pour lui : par l’intermédiaire de Robert Motherwell (né en 1915), il fait en 1942 la connaissance de Roberto Matta*, le premier à lui parler de la technique de l’écriture automatique et de la fonction de l’inconscient. La galerie « Art of This Century », ouverte en 1942 par Peggy Guggenheim, lieu de rendez-vous pour les surréalistes venus d’Europe et pour les jeunes Américains, devient le centre de l’avant-garde picturale new-yorkaise ; Pollock y obtient un contrat en 1943. Les tableaux Mâle et femelle (1942, coll. Mrs. H. Gates Lloyd, Haverford), Pasiphaé (1943, coll. Lee Krasner Pollock, New York), la Louve (1943, Museum of Modern Art, New York), Gardiens du secret (1943, musée de San Francisco) opposent des figures totémiques statiques à une zone tourmentée dans laquelle d’innombrables traits, spirales, arabesques sont projetés avec violence, portant en germe un nouveau mode d’expression.