Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

politique agricole (suite)

La structure technique comprend tous les éléments relativement stables qui interviennent dans la production matérielle de l’agriculture. Ce sont :
— le sol (extension, constitution, répartition et utilisation) ;
— le capital (bâtiments, cheptel mort et vif, dont il s’agit d’apprécier la quantité, la qualité et l’aptitude pour certaines spéculations et tailles d’exploitation) ;
— la main-d’œuvre (nombre et capacité intellectuelle et technique).

La structure économique est l’ensemble des facteurs relativement constants qui contribuent à l’intégration de l’appareil de production agricole dans l’économie générale. Ces facteurs sont :
— la structure des marchés (importance et exigences quantitative, qualitative et saisonnière) ;
— l’organisation du crédit ;
— la relation entre l’endettement et la disponibilité de fonds propres.

La structure sociale s’identifie essentiellement avec la construction agraire. Y interviennent :
— le lotissement des terres ;
— la répartition de la propriété foncière agricole ;
— la répartition de la superficie agricole selon les tailles des exploitations ;
— le règlement de travail.

Au demeurant, il y a lieu de distinguer la politique agricole pratique de la politique agricole scientifique.

Dans le principe, la politique pratique reste réservée aux autorités compétentes de l’État, même si l’exécution est déléguée à d’autres organismes (chambres d’agriculture, collectivités communales, etc.). Les manifestations et interventions de partis politiques et d’organisations professionnelles visant à influencer l’orientation de la politique agricole de l’État sont également des actes de la politique pratique. En revanche, les dispositions prises par une coopérative ou un établissement de crédit en vue d’influencer le marché n’ont aucun caractère politique. Conformément aux définitions données, la politique agricole pratique s’intéresse à :
— l’amélioration de l’infrastructure matérielle et intellectuelle (augmentation de la capacité de rendement des moyens de production et accroissement du niveau de formation professionnelle) ;
— l’intervention dans les relations entre la production et les marchés en vue d’une amélioration de la situation économique de l’agriculture ;
— l’amélioration des conditions sociales dans le milieu rural.

La politique scientifique étudie tout particulièrement les phénomènes d’ordre économique et social. Les problèmes techniques sont plutôt du domaine des sciences naturelles appliquées à l’agronomie.

K. K.

➙ Agriculture / Crédit / Exploitation agricole / Machinisme agricole / Rurale (économie) / Sol.

Pollaiolo (Antonio et Piero del)

Artistes italiens de la seconde moitié du xve s.


Les deux frères BenciAntonio (Florence v. 1432 - Rome 1498) et Piero (Florence v. 1443 - Rome 1496) — prirent le nom de Pollaiolo (ou Pollaiuolo) du métier de leur père, un marchand de volailles. Se situant dans le temps entre Andrea* del Castagno et Botticelli*, ils appartiennent à une seconde génération de la Renaissance florentine, à la recherche de conquêtes nouvelles.

Antonio del Pollaiolo fut à la fois peintre, sculpteur, orfèvre et graveur. Formé dans l’atelier de Ghiberti*, il s’établit d’abord comme orfèvre à Florence et travaille aux bas-reliefs d’argent de l’autel du baptistère (auj. au musée de l’Œuvre de la cathédrale). C’est à partir de 1460 qu’il peint avec la collaboration de Piero une série des Travaux d’Hercule pour le palais Médicis, œuvres disparues, mais dont on a un reflet dans les petits panneaux du musée des Offices, Hercule et Antée et Hercule et l’hydre de Lerne, remarquables par leur science anatomique. L’expression de l’effort, du mouvement est obtenue par l’étude de la musculature des corps nus, par des lignes aiguës et par un style nerveux qui influencera Botticelli et Signorelli*. En sculpture, la fougeuse statuette en bronze d’Hercule et Antée (musée du Bargello, Florence) exprime la même passion naturaliste, la même recherche d’expressivité et de déploiement de la figure dans l’espace.

Vers 1465, Piero semble l’auteur principal du retable avec les Saints Vincent, Jacques et Eustache destiné à la chapelle du cardinal du Portugal à San Miniato (auj. aux Offices). Il exécute seul les calmes figures de Vertus commandées en 1469 par le tribunal de la Mercanzia de Florence (Offices) et, en 1483, le Couronnement de la Vierge de l’église Sant’Agostino de San Gimignano, autrement fébrile dans son jeu linéaire, exalté dans l’expression des saints personnages agenouillés au registre inférieur. Le reste de l’activité de Piero est absorbé par une collaboration constante, comme peintre et comme sculpteur, avec Antonio, dont la personnalité artistique est plus accusée.

L’ensemble de broderies des Histoires de la vie de saint Jean-Baptiste (musée de l’Œuvre de la cathédrale), exécutées d’après des cartons perdus d’Antonio, laisse supposer la connaissance par leur auteur des reliefs padouans de Donatello*. Le Martyre de saint Sébastien, tableau d’autel de 1475 (National Gallery, Londres), est caractéristique par la décomposition des phases successives d’un effort à travers les attitudes des six archers, et par le rapport des figures à l’espace dans lequel s’inscrit leur potentiel dynamique. Ici un peu artificielle (ellipse formée par la tête des archers, cavaliers de la zone intermédiaire), la liaison à un paysage foisonnant et dilaté à la manière flamande se réalise plus lyriquement dans l’Enlèvement de Déjanire (Newhaven, États-Unis). Cette dernière œuvre est donnée aux Pollaiolo, et plus particulièrement à Antonio, sur des critères de style, comme lui sont attribués les deux beaux portraits féminins de profil du musée Poldi Pezzoli de Milan et du musée de Berlin.