Poissons (suite)
L’écologie de la reproduction, les migrations
Le nombre d’œufs pondus par un Poisson varie de quelques unités à plusieurs millions. Dans le premier cas, l’alevin qui éclôt est un adulte en réduction, qui a le même mode de vie et le même régime alimentaire. Dans le second cas, l’alevin, minuscule, est le plus souvent microphage, même si l’adulte est prédateur ou herbivore. Souvent, également, les espèces benthiques ou néritiques libèrent des œufs, puis des alevins pélagiques qui assurent ainsi la dissémination de l’espèce.
C’est parce que les alevins ont souvent un mode de vie et un régime alimentaire différents de celui des adultes que beaucoup d’espèces effectuent des déplacements des aires de nutrition vers les aires de reproduction et vice versa. D’autres déplacements ont pour origine des raisons climatiques ; ainsi, dans l’hémisphère boréal, les Morues se déplacent vers le nord au printemps et regagnent les eaux plus méridionales au début de l’hiver. Toutes ces migrations sont dites holobiotiques si elles se confinent aux eaux douces ou aux eaux salées. Elles sont dites amphibiotiques quand elles mènent les Poissons dans des milieux de salinité différente. On oppose alors les migrations thalassotoques de l’Anguille*, qui se nourrit dans nos rivières et va se reproduire en mer des Sargasses, aux migrations potamotoques des Saumons*, dont les frayères se situent dans nos torrents et qui vont se nourrir sur le plateau continental au large du Groënland.
Biologie et écologie
Les Poissons cartilagineux sont tous marins, à quelques exceptions près. Les Crossoptérygiens actuels sont également marins, tandis que les Dipneustes, les Polyptères, les Chondrostéens et les Holostéens sont fondamentalement dulcicoles, même si l’on tient compte des migrations amphibiotiques des Esturgeons. Parmi les Téléostéens, en nombre d’espèces, on compte environ 40 p. 100 d’espèces dulcicoles pour 60 p. 100 d’espèces marines. C’est dire combien variés peuvent être les milieux des eaux douces en dépit de leur faible volume total, quand on compare celui-ci au volume des mers et des océans. Dans les océans, la région la plus vaste, celle qui s’étend d’un talus continental à l’autre et de la surface aux fosses océaniques les plus profondes, est aussi le moins peuplée, tant ce milieu, aux conditions physiques homogènes, offre peu de ressources alimentaires. Seule la zone superficielle, bien éclairée, est parcourue par les grandes espèces pélagiques comme les Maquereaux, les Thons, les Merlins, les Balaous et les Poissons volants. Mais cette zone constitue, pour la majorité des Poissons, une frontière infranchissable plus qu’une voie de communication. Les Poissons marins sont surtout abondants au-dessus du plateau continental, jusqu’à 200 m de profondeur environ, et dans la zone littorale. C’est dans cette zone que les mers tropicales offrent leurs multitudes d’espèces, notamment près des récifs coralliens, et que les mers tempérées et froides offrent leur multitude d’individus, aux dépens desquels se sont constituées la plupart des pêches commerciales. Entre eaux douces et mers existent en outre des zones intermédiaires saumâtres où se sont acclimatées à la fois des espèces dulcicoles, tels les Cyprinidés de la Caspienne, et des espèces marines. C’est aux dépens de ces dernières également que se sont constituées le plus souvent les faunes des eaux douces des petites îles océaniques.
R. B.
➙ Aquatique / Fleuve / Lac et limnologie / Océan / Pêche / Pisciculture.
P.-P. Grassé (sous la dir. de), Traité de zoologie, t. XIII : Agnathes et Poissons (Masson, 1958 ; 3 vol.). / J. A. C. Nicol, The Biology of Marine Animals (New York, 1964 ; 2e éd., 1967). / N. B. Marshall, The Life of Fishes (Londres, 1965). / W. S. Hoar et D. J. Randall, Fish Physiology (New York, 1969-1971 ; 6 vol.).