Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Poissons (suite)

La peau

Comme celui de tous les Vertébrés, l’épiderme des Poissons est pluristratifié et s’appuie sur un derme épais riche en fibres conjonctives, qui peut fournir un cuir chez les espèces de grande taille (Requins). Il renferme des cellules glandulaires isolées, le plus souvent muqueuses, ainsi que quelques rares glandes pluricellulaires. Parmi ces dernières, citons les glandes venimeuses, souvent liées à un appareil d’intromission (aiguillon des Pastenagues, rayon dorsal des Vives), et les photophores, ou glandes lumineuses, surtout développés chez les espèces des grands fonds. On distingue les photophores producteurs de substance luminescente de ceux qui abritent des Bactéries lumineuses symbiotiques. À ces photophores sont souvent associés des organes annexes qui en améliorent l’efficacité : écran pigmentaire protecteur, lentille focalisant la lumière et organe musculaire permettant d’occulter ou non la source lumineuse.

Le revêtement externe des Poissons est assuré en général par des écailles, bien qu’il existe des espèces à peau nue.

Chez les Chondrichthyens, les écailles sont dites placoïdes ; leur origine embryonnaire est à la fois épidermique (émail) et dermique (ivoire ou dentine), et en fait les homologues des dents des Vertébrés. C’est pourquoi on appelle ces écailles denticules cutanés.

Chez les Ostéichthyens, les écailles ont perdu leur revêtement d’émail et sont purement dermiques : elles restent épaisses et recouvertes de cosmine chez les Crossoptérygiens et les Dipneustes, de ganoïne chez les Chondrostéens et les Holostéens. Elles deviennent fines et se recouvrent comme les tuiles d’un toit chez les Téléostéens : on les dit alors élasmoïdes. On distingue parmi elles les écailles cycloïdes, à bord lisse (comme celles de la Carpe), et les écailles cténoïdes, à bord denticulé (comme celles de la Perche). Le derme contient également des chromatophores, cellules aux formes étoilées qui renferment des pigments et assurent la coloration des Poissons. Ces pigments sont des mélamines brunes ou noires, des caroténoïdes, jaunes ou rouges et la guanine, blanche, surtout abondante sur la partie ventrale du corps.

Beaucoup de Poissons ont une coloration cryptique ou dissimulatrice qui leur permet de passer inaperçus dans le milieu où ils vivent habituellement. Chez les espèces pélagiques, vivant en pleine eau, la zone dorsale est foncée et la zone ventrale claire ou blanche, avec passage progressif d’une couleur à l’autre. Ce « contre-ombrage » antagoniste du jeu d’ombre normal dans l’eau (lumière venant du haut) « efface » le Poisson dans une teinte uniforme, indiscernable de celle de l’eau qui l’entoure. Au voisinage des récifs coralliens, beaucoup de Poissons ont des colorations vives et heurtées, sans rapport avec leurs contours et qui « cassent » leur silhouette. Ces colorations disruptives, bien que non homochromiques, camouflent le Poisson dans le milieu coloré où il vit. On appelle colorations prémonitoires celles des espèces qui, pourvues de glandes venimeuses ou à la chair vénéneuse, avertissent leurs prédateurs éventuels des dangers qu’ils courent à les attaquer. Ces Poissons, loin de chercher à passer inaperçus, affichent au contraire de vives couleurs. Enfin, les Poissons nettoyeurs, qui débarrassent les autres espèces de leurs parasites externes ou buccaux, ont une « livrée de travail » (bandes longitudinales sombres au milieu des flancs) qui leur permet d’approcher leurs hôtes ; cette livrée est copiée par des Poissons parasites qui profitent de leur coloration « mimicrique » pour prélever sur des hôtes sans méfiance des morceaux de peau ou de nageoires.


Le squelette

Le squelette profond des Chondrichthyens reste cartilagineux chez l’adulte, mais il se calcifie et devient donc rigide. Celui des Ostéichthyens s’ossifie plus ou moins suivant les groupes, et, chez les Actinoptérygiens, le squelette des Chondrostéens reste encore en partie cartilagineux. Il existe également un squelette superficiel ou dermique, limité chez les Poissons cartilagineux aux plaques basales qui insèrent les écailles placoïdes dans le derme, mais qui peut former chez certains Téléostéens (comme les Syngnathes et les Hippocampes) un revêtement de plaques osseuses.

Le squelette axial comporte la colonne vertébrale, faite le plus souvent de vertèbres amphicœliques (biconcaves) et que prolonge le crâne vers l’avant. Chez les Chondrichthyens et les Chondrostéens, la colonne vertébrale se poursuit dans le lobe dorsal de la nageoire caudale (dite hétérocerque), tandis que les autres Poissons ont une caudale symétrique par rapport au plan horizontal (nageoires diphycerque et homocerque). Le crâne comporte la boîte crânienne dorsale, qui enveloppe l’encéphale et à laquelle est appendu ventralement le squelette viscéral, formé des divers arcs branchiaux, qui soutiennent l’appareil respiratoire, ainsi que des arcs hyoïde et mandibulaire, qui soutiennent les mâchoires.

Les nageoires impaires sont soutenues par des éléments squelettiques implantés dans la musculature pariétale et sur lesquels s’articulent les rayons ; ces derniers sont des cératotriches chez les Chondrichthyens (éléments faits d’une scléroprotéine) et des lépidotriches chez les Ostéichthyens (éléments osseux, articulés ou non, provenant probablement d’écaillés transformées). Les nageoires paires s’articulent sur les ceintures pectorale et pelvienne. Leur endosquelette est très limité, sauf chez les Dipneustes et les Crossoptérygiens, où il forme un axe que recouvre une musculature abondante.


La musculature

C’est surtout la musculature pariétale des Poissons qui est développée. Elle provient de l’évolution des myotomes embryonnaires et conserve chez l’adulte son caractère métamérique. Les myoseptes sont les cloisons conjonctives qui séparent deux métamères successifs : ils ont perdu leur disposition transversale, et les masses musculaires métamériques forment des cônes emboîtés, grâce auxquels est assurée la coordination motrice des contractions latérales alternées au cours de la locomotion.

En avant de la ceinture pectorale, la musculature d’origine somitique fournit la musculature hypobranchiale, qui devient la langue chez les Vertébrés Tétrapodes. Musculatures branchiale et mandibulaire sont très complexes et ne peuvent être exposées ici.

Les organes électriques que possèdent certaines espèces de Poissons (v. électricité animale) doivent être considérés comme des masses musculaires modifiées.