poème symphonique (suite)
Jean Sibelius, représentant de la musique finlandaise, inspiré par le chant populaire, par la nature et le rêve, a laissé un poème, Finlandia (1899), dicté par l’amour de la terre natale. Citons aussi la Fille de Pohjola (1906), Chevauchée nocturne et lever de soleil (1907), la Dryade (1910) et Rakastava (1911), qui montrent l’intérêt porté par Sibelius au poème symphonique.
César Franck est l’auteur des Eolides (1876), d’après Leconte de Lisle, du Chasseur maudit (1882), d’après une ballade de Bürger, de Psyché (1888), sorte de symphonie avec chœurs, et des Djinns (1884), avec piano principal. On doit à Vincent d’Indy la Forêt enchantée (1878), Wallenstein (1880), Jour d’été à la montagne (1906). Viviane, écrite en 1882 par Ernest Chausson, est une légende d’inspiration poétique. En France, la fin du xixe s. avait été marquée par l’Apprenti sorcier (1897) de Paul Dukas, d’après Goethe, scherzo traité avec une imagination prodigieuse, et par la Procession nocturne, (1899) d’Henri Rabaud, d’après N. Lenau, où le thème d’un cantique plonge l’auditeur dans une atmosphère mélancolique.
Hugo Wolf, avec Penthésilée (1883), Bartók, avec Kossuth (1904), et Schönberg, avec Pelléas et Mélisande (1903), ont été tentés épisodiquement par le poème symphonique, qui a connu une survie au xxe s avec des œuvres dont le caractère est proche, comme la Mer de Debussy (1905), esquisses symphoniques qui suggèrent trois aspects de l’océan. Des tableaux musicaux comme Nuits dans les jardins d’Espagne de Manuel de Falla et les Fontaines de Rome de Respighi doivent être mentionnés en marge du poème symphonique ainsi que des poèmes dansés comme la Péri de Dukas et la Valse de Ravel, qui, au concert, sans la danse, deviennent de véritables poèmes symphoniques.
Reflet d’une époque, le poème symphonique est un des rares genres musicaux qui aura mis si longtemps à s’organiser. Il tentera des symphonistes en quête d’une expression renouvelée. S’il survit difficilement, il aura ouvert la route à des compositions voisines, comme les mouvements symphoniques de Honegger : Pacific 231 (1923) et Rugby (1928).
M. M.
R. Dumesnil, Portraits de musiciens français (Plon, 1938). / J. Chantavoine, le Poème symphonique (Larousse, 1950). / A. Hodeir, les Formes de la musique (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1951 ; 5e éd., 1969). / C. Rostand, Liszt (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1960). / D. Jameux, Richard Strauss (Éd. du Seuil, 1971).