Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

plâtre (suite)

Utilisations

C’est le plâtre de construction proprement dit qui est de beaucoup le plus employé.

Le plâtre gros de construction, grossièrement moulu, est utilisé pour dresser murs et plafonds, pour hourder murs et planchers ainsi que pour les remplissages de forte épaisseur ; le temps d’emploi est court. On l’utilise également pour les agglomérés.

Le plâtre fin de construction est employé pour enduire les murs et les plafonds ; le temps d’emploi est allongé pour faciliter les opérations de gâchage et éviter un rebattage capable d’entraîner des risques de fissures. Le plâtre à haute résistance, renfermant presque exclusivement hémihydrate et anhydrite soluble α, est préparé en atmosphère saturée d’humidité à basse température.

Le plâtre à mouler, plâtre fin, est employé dans la confection de moules (porcelainerie, faïencerie) ou de moulages constituant les objets définitifs. Il existe d’autres variétés de plâtre en vue de nombreuses utilisations : plâtre chirurgical, fin, pour la prothèse ; plâtre dentaire ; plâtre à staff et à stuc ; plâtre pour l’agriculture, employé comme amendement ; plâtre à plancher, cuit à 900 °C ; plâtre aluné, provenant du gypse, cuit une première fois vers 150 °C, puis imprégné d’une solution d’alun, recuit vers 600-700 °C et moulu finement ; plâtre à projeter, traité pour cette technique, qui demande un temps d’emploi prolongé ; enfin plâtre pour la fabrication de panneaux et de plaques de parement.


Contrôle

Le contrôle des composants peut se faire par l’analyse gravimétrique, l’analyse thermopondérale, l’analyse thermique différentielle et l’analyse calorimétrique. On vérifie la finesse, le temps de prise et les résistances mécaniques selon les normes auxquelles le plâtre doit être conforme.


Qualités

Les principales qualités du plâtre en place sont, pour un local habité, une bonne régulation hygrométrique, une excellente isolation thermique et acoustique, enfin une protection suffisante contre le feu.

H. L.

➙ Construction / Corrosion / Enduit / Maçonnerie / Plafond / Plancher.

 Plâtrerie française (Éd. de l’Union professionnelle des entrepreneurs et artisans plâtriers, 1953). / L.-V. Boutin, Manuel de technologie de plâtrerie (Delalain, 1956). / A. Builder, Travail du plâtre (Béranger, 1956). / J. Costes, Manuel du plâtrier (Eyrolles, 1962 ; 3e éd., 1969) / J. Costes, le Plâtre traditionnel et moderne (Eyrolles, 1974).

Plaute

En lat. Titus Maccius Plautus, poète comique latin (Sarsina, Ombrie, 254 -Rome 184 av. J.-C.).



L’homme

Né dans une bourgade perdue au nord de l’Ombrie, Titus Maccius Plautus, à en juger d’après sa maîtrise de la langue latine, vint sans doute de bonne heure à Rome. On sait qu’il y apprit le grec, qu’il devint le chef d’une troupe théâtrale, qu’il composa probablement déjà des comédies imitées du grec et que, selon Aulu-Gelle, s’étant ruiné dans le commerce maritime, il aurait été contraint pour vivre de se louer à un boulanger, chez qui il tournait la meule. Après une période de misère, il se consacra à son activité théâtrale, à la fois auteur, metteur en scène, régisseur.

On imagine sans peine ce que dut être l’existence de cet homme qui, quittant une province déshéritée, vécut à Rome pour le théâtre. Son succès s’explique en partie par sa parfaite connaissance de la scène, puisqu’il devait non seulement écrire des pièces, mais en organiser les représentations. La vogue de son théâtre fut telle qu’on lui attribua cent trente comédies. La plupart étaient apocryphes, et Varron (116-27 av. J.-C.), qui doutait de leur authenticité, n’en admit que vingt et une, les seules, d’ailleurs, qui, sauf la dernière (la Vidularia [la Valise]), nous soient parvenues. Leur classement chronologique, mis à part le Stichus, qui date de 200, et le Pseudolus (le Trompeur), représenté en 191, est impossible.


Convention et invention

Se donnant volontiers pour un simple traducteur, Plaute imite les auteurs grecs de la « comédie nouvelle » (Philémon, Diphile, Ménandre). Il emprunte à ses modèles un canevas généralement identique dans toutes ses pièces : un jeune homme sympathique, amoureux d’une jeune fille, d’origine inconnue ou esclave, arrache celle qu’il aime aux griffes d’un marchand d’esclaves ou d’un père abusif grâce à la complicité d’un serviteur rusé et adroit. Mais l’extrême liberté avec laquelle Plaute exploite ce thème convenu, tant dans ses variations de l’action que dans la couleur romaine qu’il lui prête et la présentation des personnages, révèle l’originalité d’un théâtre qui, tout en se voulant d’inspiration grecque, est essentiellement latin.

Plaute se rend parfaitement compte qu’une pièce ne peut avoir de vie que dans la mesure où elle s’insère dans les mœurs du pays qui la voit naître. Aussi multiplie-t-il les détails de la vie romaine (usages religieux, termes militaires, rituels et légaux, allusions aux faits contemporains) et laisse-t-il souvent transparaître une morale utilitaire, conforme au génie de sa race, d’après laquelle il vaut mieux, en fin de compte, pratiquer la vertu que le vice. Ce réalisme un peu terre à terre n’empêche pas des remarques plus élevées, et quelques personnages (Captivi [les Captifs], Trinummus [les Trois Écus], Rudens [le Câble]) ont une haute conception de l’existence.

Sans doute faut-il reconnaître que les héros de ces pièces ont quelque chose de stéréotypé. On voit toujours apparaître le fils de famille démuni d’argent, libertin et à court d’expédients, le père moralisateur, mais prêt à redevenir mauvais sujet, la matrone digne et acariâtre, la courtisane délurée et raffinée, plus adroite que la jeune fille naïve, Leno, le marchand d’esclaves, cynique et brutal, et surtout le meneur de jeu, l’esclave ingénieux, hâbleur, impudent, qui met tout en œuvre pour duper ses ennemis et favoriser les desseins de son maître. Ajoutons le cortège des cuisiniers, des parasites, des soldats fanfarons. Cependant, dans leur caractère conventionnel même, tous ces personnages offrent un relief saisissant. Plaute, en effet, dans chacune de ses comédies s’applique à varier les types : poussés dans le sens de la charge, ils diffèrent néanmoins les uns des autres pour autant qu’ils dépendent de la liberté inventive et toujours renouvelée de l’esclave, héros de la comédie.