Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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plantes médicinales

Plantes contenant des substances actives sur les organismes vivants et employée comme médicaments.



Historique

Les plantes médicinales constituent la plus ancienne des thérapeutiques. C’est aux plantes que les hommes eurent d’abord recours pour soulager leurs maux. Certaines qui connurent un usage important sont pratiquement abandonnées, telle la moutarde, qui, sous forme de cataplasme ou de pédiluve, constituait le révulsif de choix au début du xxe s. Par contre, de modestes fleurs, comme les Pervenches, ont pris une importance considérable à la suite des travaux du professeur M. Janot et de ses collaborateurs. La découverte de la vinca leucoblastine, alcaloïde de la Pervenche tropicale, a apporté une arme efficace dans la lutte contre les leucémies.

Avant d’être scientifique, la botanique* fut d’abord médicale, et la classification des plantes d’après leur indication thérapeutique se prolongea très longtemps. Dans ses Dictées de botanique faites au Jardin royal des Plantes de Paris, Bernard de Jussieu classe les plantes selon leur action assoupissante, corroborative, sternutatoire... et divise les plantes vulnéraires en maturatives, en détersives et en incarnatives.

La phytothérapie, ou médication par les plantes, progressa au cours des siècles à mesure que les découvertes des voyageurs augmentaient le nombre des plantes, que l’acclimatation, la connaissance de leurs conditions de culture amélioraient leur rendement et leur qualité, et surtout que l’étude de leurs propriétés se développait.

Malgré les réalisations spectaculaires de la chimiothérapie*, la thérapeutique a toujours recours à l’emploi des plantes médicinales, dont les propriétés sont irremplaçables. Parmi celles-ci, la plus typique est la Digitale*.

La France utilise annuellement plus de 10 000 t de plantes médicinales, mais elle n’en produit qu’à peine la moitié.

Pendant très longtemps, on attribuait aux plantes sauvages ou spontanées une activité et des qualités supérieures aux plantes cultivées. Ainsi, le codex de 1884 prescrivait d’extraire la digitaline cristallisée des feuilles de Digitale récoltées sur les versants des Vosges. Dans l’édition de 1908, il est encore indiqué que les feuilles de Digitale doivent être récoltées sur la plante sauvage et croissant dans les lieux secs. Excepté le Gui et le Drosera, qui sont récoltés par cueillette sur leurs gîtes naturels, la plupart des plantes médicinales proviennent de cultures qui, par la sélection des plantes, le choix des terrains, une meilleure connaissance des procédés, donnent des produits dont la qualité et l’efficacité sont largement améliorées par la teneur et la stabilité de leurs principes actifs.

Normalisation des plantes médicinales

La nécessité de fixer des normes auxquelles doivent se conformer les plantes médicinales est apparue dès que leur culture s’est substituée à la cueillette des plantes sauvages. L’activité des échantillons varie selon les régions d’origine. La Fédération internationale pharmaceutique possède une section qui s’occupe de ces questions de standardisation, en relation avec l’International Standardization Organization (ISO) de Genève et l’Association française de normalisation (AFNOR). Les normes portent sur la dénomination, les caractères morphologiques, organoleptiques, anatomiques et physico-chimiques. Les teneurs minimales en principes actifs ainsi que les techniques de dosage à employer sont également précisées.


L’usage des plantes médicinales

Les tisanes sont des préparations aqueuses qu’on peut édulcorer légèrement et qui sont destinées à servir soit de véhicule pour diverses substances médicamenteuses, soit de boisson. Pour leur préparation, on a recours, selon la nature et la partie employée, à la solution, à la macération, à l’infusion, à la digestion ou à la décoction, la durée et la température intervenant de façon précise dans chacune de ces opérations.

On emploie très souvent les plantes associées différemment selon le but thérapeutique recherché. Ces associations de plantes prennent le nom d’espèces, mélanges de plusieurs plantes ou parties de plantes séchées et divisées en petits fragments. Les substances qui composent les espèces doivent être mondées, incisées ou concassées et enfin dépoussiérées.

La pharmacopée de 1965 n’a retenu que la composition des espèces pectorales, ou « fleurs pectorales », mais la préparation des espèces apéritives, calmantes, digestives, purgatives, stomachiques et vulnéraires est toujours très pratiquée. Il existe un grand nombre de formules de mélanges de plantes, dont les noms rappellent soit une origine géographique, soit une indication (tisane antilaiteuse, antirhumatismale...).

Les plantes s’emploient également sous forme de poudres, obtenues à partir de l’organe végétal le plus actif : poudres de racine (Aconit), de fruit (Ciguë), de feuille (Digitale).

Très vite, on a cherché à augmenter l’activité thérapeutique des plantes en les concentrant. C’est ainsi que sont nées les différentes formes galéniques, telles que les hydrolats, les alcoolats, les teintures, les extraits, fluides, mous ou secs.

Les plantes médicinales constituent la source la plus variée de produits actifs. Depuis la fin du xviiie s., les chercheurs se sont ingéniés à isoler des substances dont l’action spécifique était infiniment plus grande que celle de la plante d’origine. Il suffit de citer l’extraction, en 1820, de la quinine à partir de l’écorce de Quinquina* par P. Pelletier et J. Caventou pour illustrer les découvertes de corps nouveaux dont la liste s’enrichit chaque année.

Certaines plantes, les Agaves et les Droscoréas par exemple, sont utilisées dans la préparation de « précurseurs » de principes actifs. On en extrait des stéroïdes* qui servent de base à l’hémisynthèse de médicaments tels que les vitamines, les corticoïdes, etc.