Pizarro (Francisco) (suite)
Après l’entrée à Cuzco (15 nov. 1533), un pillage intégral des temples apporte un nouveau butin prodigieux d’or et d’argent. Le triomphe va être bientôt assombri par l’organisation de la résistance indienne : la petite place de Jauja, au nord de Quito, est sauvée à grand-peine d’une attaque. Dans le Nord, il faudra envoyer Sebastián de Belalcázar contre le chef Rumiñahui, qui se défend héroïquement face à l’invincible cavalerie espagnole. Mais un danger plus grand encore survient, du côté même des chrétiens : l’aventureux Pedro de Alvarado (1485-1541), gouverneur du Guatemala, a débarqué dans le nord de l’Empire inca en mars 1534. Il est parvenu à proximité de Quito, d’où il compte bien se tailler un royaume : Belalcázar et Almagro l’y attendent. Un choc entre Espagnols est cependant évité : contre 100 000 pesos d’or, Alvarado retourne au Guatemala. Cependant, la résistance indienne renaît, dirigée cette fois par Manco Cápac II, enfin revenu de sa politique de collaboration avec l’ennemi. Après un siège très dur, Hernando Pizarro réussit à sauver Cuzco au début de 1535. Francisco doit en même temps faire face aux Indiens à la Ciudad de los Reyes, la ville qu’il vient de fonder, qu’il a baptisée en l’honneur des rois mages et qui portera plus tard le nom Lima. Après le péril indien, comme une balance, le danger renaît des divisions entre chrétiens ; elles sont engendrées elles-mêmes par l’imprécision des instructions royales quant aux limites des régions concédées à Pizarro (le nord de l’Empire inca) et à Almagro (le sud). Ce dernier, revenu d’une décevante expédition vers le Chili, occupe Cuzco (18 avr. 1537). Les Espagnols vont se heurter à la terrible bataille de Las Salinas, le 26 avril 1538 devant une foule indienne pour le moins enchantée de voir s’étriper les oppresseurs. La déroute des « almagristes » est suivie par la strangulation de leur chef, dont le cadavre sera décapité et l’enterrement solennel. Francisco Pizarro, pourvu du titre de marquis, va désormais s’attacher à l’organisation de son empire : il attire les immigrants, crée l’élevage des bovins et des moutons ainsi que la culture des céréales. Il fonde des villes et s’attache particulièrement au développement de Lima : c’est là, dans son palais, qu’il sera assassiné par une petite troupe dont l’action est inspirée par le propre fils d’Almagro (26 juin 1541).
S. L.
➙ Empire colonial espagnol / Inca (Empire).
L. Baudin, la Vie de François Pizarre (Gallimard, 1930). / J. Descola, les Conquistadors (Fayard, 1954). / J. Lafaye, les Conquistadores (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1964). / J. Hemming, The Conquest of the Incas (Londres, 1970 ; trad. fr. la Conquête des Incas, Stock, 1971).