Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Pittsburgh (suite)

Par suite de la topographie, plateau, versants des vallées encaissées, étroite plaine alluviale, le plan de Pittsburgh est irrégulier. La ville proprement dite occupe le triangle de confluence et les fonds de vallée et pousse quelques tentacules sur le plateau. Elle fut longtemps célèbre par ses taudis, ses fumées et sa saleté. Aujourd’hui, malgré le Golden Triangle, la pointe de confluence totalement rénovée et aménagée en CBD (Central Business District), avec gratte-ciel, parcs et voies rapides, elle comprend encore des zones industrielles et des quartiers pauvres : c’est ainsi que, sur 175 000 Noirs de l’aire métropolitaine, 105 000 résident dans la ville. Au-delà des limites municipales, sur les pentes et le plateau, sont les quartiers des classes moyennes et ceux des classes aisées, au sud de la ville et surtout au nord, parfois à 20 ou 25 km du centre.

La ville ne compte que 520 000 habitants mais l’aire métropolitaine en rassemble 2 401 000 (dixième rang des agglomérations américaines).

P. B.

➙ Pennsylvanie.

Pizarro (Francisco)

Conquistador espagnol (Trujillo v. 1475 - Lima 1541).



Les débuts

Plus âgé que Cortés*, le conquérant de l’Empire inca ne connaîtra la gloire que très tardivement : il lui aura fallu, en effet, franchir les innombrables obstacles que son origine des plus modestes avait accumulés sous ses pas. Fils naturel d’un officier espagnol, il est plus ou moins abandonné par sa mère et doit gagner sa vie dès l’enfance, comme gardien de porcs, dit-on. Adolescent, il suit la voie normale des déshérités en quête d’un emploi et s’engage dans l’armée ; totalement illettré, il restera simple soldat. Après avoir guerroyé en Italie, il va chercher fortune dans le Nouveau Monde. On le trouve en 1513 aux côtés de Vasco Núñez de Balboa, lorsque ce dernier, après avoir franchi l’isthme de Panamá, découvre la « Mar del Sur », le Pacifique. Resté dans la région au service des uns et des autres, Pizarro finit par obtenir un petit « repartimiento », c’est-à-dire quelques Indiens qui lui sont concédés pour travailler des terres. Il n’en suit pas moins attentivement les tentatives des aventuriers qui sont tous à la recherche de l’or. En 1522, l’un d’eux, Pascual de Andagoya, s’est avancé vers le sud, sur le littoral du nouvel océan. Il a entendu parler d’un grand empire, le « Birú » ou « Pirú », dont le souverain, fabuleusement riche, régnerait sur les hautes terres de l’intérieur. Mais Andagoya n’a pas les moyens de poursuivre l’entreprise et doit céder son navire : Pizarro est preneur. Il commence à avoir des fonds et s’est associé à Diego de Almagro (1475-1538) ainsi qu’au prêtre Hernando de Luque. Les trois hommes obtiennent du gouverneur de Panamá, Pedrarias Dávila, l’autorisation de poursuivre les recherches, et leur expédition prend la mer en novembre 1524 : de nouveaux renseignements confirment l’existence du « Pirú ». Les compères repartent le 15 mars 1526, avec deux navires, et Pizarro s’installe à l’embouchure du río San Juan (Colombie) pendant que le pilote, Bartolomé Ruiz, va jusqu’au-delà de l’équateur : des marchands indiens lui parlent d’un grand port situé plus au sud encore, Tumbes. Ruiz rapporte la nouvelle, mais l’hostilité des tribus côtières empêche la progression des conquérants. Établi à l’île « del Gallo » (du Coq), près de la frontière actuelle de la Colombie et de l’Équateur, Pizarro attend les renforts qu’Almagro va chercher à Panamá. Mais le gouverneur a changé et le nouveau représentant du roi d’Espagne n’envoie qu’un lieutenant chargé de proposer le rapatriement aux membres de l’expédition qui le désirent. C’est alors que Pizarro trace une ligne sur le sol et invite ceux qui ne craignent ni la faim ni la mort à rester avec lui, d’un côté de la ligne : ils auront aussi les richesses du Pirú. Pizarro se retrouve avec douze compagnons seulement. Il devra attendre sept mois de nouveaux volontaires. Enfin, convoyés par Ruiz, ils arrivent, et l’on repart pour le sud. En 1528, le fameux port de Tumbes, sur la rive méridionale de l’actuel golfe de Guayaquil, est atteint : c’est le premier contact avec une grande civilisation inconnue. Il n’est pas question de s’emparer de cette ville puissamment fortifiée, mais les présents, des vases en or, des bijoux et des tissus précieux que les gens de Tumbes offrent imprudemment aux singuliers étrangers, voilà autant de motifs pour poursuivre l’entreprise. Comme le gouverneur de Panamá y reste hostile, Pizarro est envoyé en Espagne par ses associés pour plaider leur cause devant Charles Quint. Il a la chance d’être soutenu par le grand Cortés, au sommet de sa gloire, et reçoit le privilège de la conquête du Pérou. Il revient en Amérique avec ses frères Hernando, Gonzalo et Juan.


La conquête de l’Empire inca

En janvier 1531, Pizarro part pour son troisième voyage, avec trois navires, 183 hommes et 27 chevaux. Almagro le rejoindra plus tard, avec des renforts. Sans doute poussé par le désir d’écrémer le plus vite possible les richesses du littoral, Pizarro débarque très loin de Tumbes, à la baie du San Mateo (dans le nord de l’actuel Équateur). De janvier 1531 à avril 1532, une marche très dure conduit à l’île de Puná, en face de Tumbes. Mais la ville n’est plus à conquérir : elle est en ruine par suite de la guerre civile qui ravage l’Empire inca ; cette situation intérieure va permettre l’étonnante conquête espagnole, inspirée par celle de Cortés qui avait su admirablement profiter des conflits opposant les Aztèques aux peuples non soumis à leur loi. L’inca Huayna Cápac, mort vers 1526, n’a pas su clairement choisir un successeur : il semble que son descendant légitime, Huáscar, doive garder le Sud et la capitale, Cuzco, un autre fils, Atahualpa, devant régner au nord, autour de Quito. Bien entendu, les deux héritiers récusent le partage et entrent en lutte. Au moment où les Espagnols commencent à franchir les marches de l’Empire, Atahualpa, qui dispose de l’armée de métier, l’emporte à Cajamarca. C’est précisément en direction de cette ville que les envahisseurs chrétiens poursuivent leur marche au cours de l’année 1532. Atahualpa s’inquiète alors de l’arrivée des étrangers, mais les précisions sur leur très petit nombre le rassurent : il ne cherche pas aussitôt à les combattre et les invite même à son camp. Les Espagnols franchissent difficilement la Cordillère occidentale. Ils sont en vue de Cajamarca le 15 novembre et peuvent contempler les innombrables tentes qui abritent l’immense armée inca. Après un premier contact, où un cheval dressé impressionne fort les Indiens, on organise l’ignoble guet-apens où va sombrer l’Empire inca. Au milieu de plus de quarante mille ennemis, les cent cinquante soldats de Pizarro ne peuvent en effet, malgré leurs armes supérieures et leurs mystérieux chevaux, que recourir à la félonie pour forcer le destin. Une rencontre entre Pizarro et Atahualpa est organisée le lendemain, sur la place principale de Cajamarca. Les Espagnols se massent dans les bâtiments qui la bordent. Atahualpa arrive vers le soir, et un dominicain, Vicente de Valverde, vient lui réciter la réquisition qui, suivant le formalisme de la Conquête, doit servir d’ultimatum aux hérétiques. Puis il tend une bible à l’Inca qui laisse tomber le Saint Livre. Valverde revient alors vers Pizarro : il tient son sacrilège et exige l’attaque. Les cavaliers s’élancent contre l’entourage, désarmé, du souverain : c’est une tuerie frénétique où Pizarro doit empêcher lui-même que l’Inca ne soit poignardé. La panique se porte dans l’armée d’Atahualpa : six mille ou sept mille Indiens seront massacrés par les cavaliers espagnols. Une apparence de pouvoir va être conservée au souverain inca. Elle permettra de faire affluer vers Cajamarca d’immenses rançons d’or et d’argent. Le butin rassemblé, Pizarro se laisse convaincre par ses proches, Almagro en particulier : il faut se débarrasser définitivement d’un homme dont le reste de puissance pourrait être dangereux. Atahualpa est accusé de complot et garrotté le 26 juillet 1533. Sa conversion, in extremis, lui aura épargné d’être brûlé vif et lui vaudra de belles funérailles. La nouvelle, qui causa un « profond déplaisir » à Charles Quint, sera souvent sévèrement jugée par les contemporains. Pizarro doit maintenant s’atteler à une tâche énorme, l’occupation de l’immense empire. Une longue marche de près de 2 000 km va le conduire, par les extraordinaires escaliers de la grande route incasique, jusqu’à la capitale, Cuzco. Mais il lui faut bousculer à quatre reprises les troupes indiennes, qui, la surprise passée, commencent à bien se défendre. Un appui précieux est cependant fourni par un fils de Huayna Cápac, Manco Cápac II, que les Espagnols vont faire proclamer inca.