Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Pisanello (il) (suite)

C’est dans ses portraits et dans ses dessins que l’artiste s’affranchit le mieux de toutes les contraintes gothiques. Les ébauches magistrales représentant les personnages de la suite de l’empereur Sigismond ont pu servir à la création de son œuvre majeure : la fresque de la Légende de saint Georges, exécutée entre 1433 et 1438 pour la chapelle Pellegrini de l’église Santa Anastasia de Vérone (auj. au musée du Castelvecchio). Elle décrit un moment angoissant, celui qui précède le combat contre le dragon. Pâle et résolu, saint Georges met le pied à l’étrier, sans quitter son adversaire du regard ; un peu à l’écart, la princesse, somptueusement vêtue, est émouvante de retenue et de vie intérieure. Le paysage imaginaire, les chevaux et les animaux rythment la composition. Toute l’œuvre baigne dans une atmosphère de tragédie implicite qu’aiguise le gibet de l’arrière-plan. La Vision de saint Eustache, maintenant à la National Gallery de Londres, est de la même période ; saisis sur le vif, les animaux y témoignent d’une évidente recherche de naturalisme.

De plus en plus attaché à la cour de Jean-François Gonzague à Mantoue, Pisanello joue un rôle de portraitiste mondain. On peut citer le portrait de Lionel d’Este (Accademia Carrara, Bergame) et le portrait d’une princesse d’Este (musée du Louvre), qui évoquent l’esthétique de la médaille : les personnages sont traités de profil, leur contour graphique déterminant les grandes masses du modelé et aussi l’équilibre des espaces formant fond. Au jeu linéaire caractéristique du style courtois s’ajoutent une force morale, une densité nouvelles.

C’est en 1438-39 que Pisanello crée la première médaille de la Renaissance, celle de Jean VIII Paléologue*, suivie de nombreuses autres effigies. À travers des compositions équilibrées, un traitement large et franc du métal, il s’attache à la pénétration sensible et psychologique de son modèle, même idéalisé, tandis qu’il donne libre cours à sa fantaisie dans les allégories du revers. En 1448, l’artiste est à Naples, mais on n’a plus ensuite sur lui que des renseignements confus.

Pisanello ne fut pas seulement un peintre courtois, un grand portraitiste et un médailleur hors ligne ; il fut surtout un observateur de la nature, qu’il restitue dans ses dessins (d’animaux notamment) avec une incomparable finesse expressive. Homme de transition qui a su pressentir le monde à venir, il se détache de ce qu’il y a de formalisme décoratif ou de grandiloquence dans le dernier art gothique par un sens lyrique et poétique, une force ésotérique et une vie intérieure profonde qui le rapprochent des humanistes de la Renaissance.

F. P.

 Da Altichiero a Pisanello, catalogue d’exposition (Vérone, 1958). / M. Fossi Todorow, I Disegni del Pisanello e della sua cerchia (Florence, 1966). / G. A. Dell’Acqua et R. Chiarelli, L’Opera completa del Pisanello (Milan, 1972). / G. Paccagnini, Pisanello e il ciclo cavalleresco di Mantova (Milan, 1972).

pisciculture

Technique de multiplication et d’élevage des Poissons, soit dans des bassins ou enclos (élevages domestiques), soit dans des lacs, des étangs, des rivières où le Poisson vit plus ou moins à l’état sauvage et que l’Homme cherche à aménager de son mieux.


On distingue :
— une pisciculture industrielle orientée vers la production la plus économique du Poisson de consommation et pratiquée par des éleveurs ;
— une pisciculture de repeuplement orientée vers la production d’œufs et de jeunes Poissons destinés à être immergés dans les rivières ou les lacs pour la pêche ; cette pisciculture est pratiquée surtout par l’État (le Poisson des eaux libres est res nullius) et par les collectivités chargées de la mise en valeur des cours d’eau ;
— un élevage en eaux closes (étangs) aménagées pour la pêche sportive.


Élevage des Salmonidés ou salmoniculture

On peut distinguer dans la famille des Salmonidés :
— les Salmonidés à petite bouche, mangeurs d’Invertébrés et dont les œufs sont petits et nombreux (Corégones, Ombre commun) ;
— les Salmonidés à large bouche, prédateurs, et dont les œufs sont relativement gros (3,5 mm de diamètre) et peu abondants (de 1 500 à 2 000 œufs par kg) [Truite* commune, Truite arc-en-ciel, Omble chevalier, Saumon* de fontaine].

Les premiers s’élèvent à l’état d’œufs dans des bouteilles sans fond renversées où le courant d’eau ascendant maintient ceux-ci en perpétuelle agitation (bouteilles de Zoug) ; les seconds se traitent dans des auges cimentées à eau courante, mais sans qu’ils soient agités.

On utilise toujours la fécondation artificielle, qui consiste à extraire les œufs par pression faible sur l’abdomen de la femelle et à les mélanger à sec avec la laitance du mâle. On verse alors un peu d’eau : on lave et on place les œufs fécondés dans des bouteilles de Zoug ou sur des claies d’incubation disposées dans des auges cimentées.

La durée d’incubation dépend de la température : elle est de 41 jours pour 10 °C pour la Truite commune et de 30 à 32 jours pour la Truite arc-en-ciel. Lorsque les yeux de l’embryon apparaissent, les œufs peuvent être expédiés à sec dans des caisses maintenues humides.

Les Salmonidés exigent des eaux riches en oxygène (plus de 7 mg/l) et légèrement alcalines (pH 8). Dans les auges ou bouteilles de Zoug, la plus grande propreté est de rigueur : les œufs et alevins morts doivent être enlevés chaque jour.

L’alimentation des Truites et Saumons de fontaine, seuls Salmonidés élevés à l’état adulte, est carnée. On utilise maintenant presque exclusivement des « granulés » à base de farine de Poissons, ce qui facilite la manutention.

La Truite arc-en-ciel (Salmo Gairdneri Rich.), originaire des États-Unis, a une croissance plus rapide que la Truite commune, ou Fario (Salmo trutta L.) ; c’est elle qui est élevée dans les piscicultures orientées vers la production de Truites de consommation : « truite-portion » de 125 à 200 g.