Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

pigment industriel

Substance solide, réduite en poudre très fine, stable et inerte à l’égard des milieux de suspension dans lesquels elle est contenue.



Introduction

Les pigments sont incorporés dans des milieux soit liquides (peintures, encres d’imprimerie), soit solides (plastiques, caoutchouc, béton, etc.), qu’ils servent à colorer. Dans le cas d’une peinture, le pigment contribue à valoriser certaines caractéristiques de celle-ci : opacité, qualités d’écoulement et d’étalement, résistance à la lumière et à la chaleur, aux produits chimiques et aux solvants, propriétés qui sont en liaison avec la durabilité d’un feuil de peinture.

L’emploi des pigments remonte à la plus haute antiquité et même à la préhistoire. Les troglodytes utilisaient des pigments pour décorer les grottes dans lesquelles ils vivaient ; ils s’en recouvraient également le corps. Les pigments étaient alors des composés naturels, comme des ocres, des terres colorantes diverses, ou provenaient directement de substances naturelles, telles que la suie ou le charbon de bois. Avec l’apparition de la chimie moderne, la fabrication des pigments a complètement évolué, les produits naturels étant remplacés par des produits de synthèse, quoique le bleu d’Égypte, le premier pigment synthétique connu, ait été fabriqué 2000 ans av. J.-C.


Classification des pigments

On groupe les pigments d’après leur coloration, définie par des échelles de couleurs adoptées internationalement, ou leur nature chimique.


Les pigments minéraux

Cette branche, qui est la plus importante, groupe des produits tels que :
— les pigments blancs, carbonate basique de plomb, sulfate basique de plomb, silicate basique de plomb, oxyde de zinc pur ou additionné de sulfate basique de plomb, sulfure de zinc, bioxyde de titane, trioxyde d’antimoine ;
— les pigments colorés, constitués généralement de composés de plomb, de cuivre, de cadmium, de mercure, d’antimoine, de fer, de zinc, de chrome, de baryum sous forme d’oxydes, de chromâtes, de sulfures, d’arséniates, d’acétates ou de sels plus complexes. Plusieurs métaux et radicaux peuvent être présents dans un même pigment. Les pigments noirs comprennent, en dehors des produits naturels tels que le graphite ou l’oxyde noir de fer, des produits résultant de la combustion incomplète de substances carbonées : noirs de carbone, noirs de lampe, noirs végétaux et noirs animaux. Dans cette catégorie figurent également les pigments métalliques lamellaires ou sphériques : d’aluminium, de cuivre, de bronze, de nickel, de zinc, d’acier inoxydable.


Les pigments organiques

Leur chimie ne se distingue pas de celle des colorants artificiels, dont ils forment un groupe particulier : les colorants pigmentaires, qu’on appelle encore « toners » dans les pays anglo-saxons. Ce sont des matières colorantes insolubles dans les milieux de suspension usuels. Leur apparition remonte au début du xxe s., et l’un de leurs principaux avantages est leur coloration riche et variée. En revanche, ils présentent, sauf exception, une solidité à la lumière et à la chaleur moins élevée que les pigments minéraux, alors que leur pouvoir colorant est très supérieur. Les pigments organiques sont des substances aromatiques des familles des azoïques, des phtalocyanines, du triphénylméthane, des auramines, des anthraquinoniques et apparentés, des indigoïdes et de différents composés nitrés et nitrosés.


Les laques

Une laque est un pigment particulier obtenu par fixation d’une matière colorante organique sur un support généralement minéral. C’est donc un composé mixte dont l’emploi a perdu de son importance au profit des colorants pigmentaires. (Le mot laque est souvent employé, à tort, pour désigner une peinture, un vernis, ou une peinture-émail dont le film offre une dureté, un brillant et une uniformité remarquables.) Les colorants pour laques sont des produits généralement solubles grâce à la présence du groupement SO3H. On les précipite par le chlorure de baryum sur un mélange d’hydrate d’alumine et de sulfate de baryum.


Essais des pigments

Les pigments peuvent être évalués en les incorporant dans le liant d’une peinture dont on détermine ensuite les qualités après application, mais ce procédé est long et dépend de nombreux facteurs extérieurs, aussi préfère-t-on déterminer les qualités intrinsèques des pigments :

• propriétés physiques : densité, matières volatiles, matières solubles dans l’eau, absorption d’huile, granulométrie (dimensions et forme des particules), finesse, facilité de dispersion et de mouillage ;

• propriétés optiques : couleur (couleur massique ou après dilution), pouvoir couvrant et opacité, tenue à la lumière et à la chaleur ;

• propriétés chimiques : résistance aux produits chimiques, à l’eau, aux impuretés atmosphériques, pureté.

G. G.

➙ Caoutchouc / Colorimétrie / Matière colorante / Peinture / Plastique (matière).

 J. S. Remington, Pigments (Londres, 1946 ; 3e éd., avec la coll. de W. Francis, 1954). / Payne, Organic Coating Technology, t. II ; Pigments and Pigmented Coatings (New York, 1954). / G. Champetier et H. Rabaté (sous la dir. de), Chimie des peintures, vernis et pigments (Dunod, 1956 ; 2 vol.). / P. Grandou et P. Pastour, Peintures et vernis, les constituants (Hermann, 1966). / Paint Technology Manuals, t. VI : Pigments, Dyestuffs and Lakes (Londres, 1966).

Pignon (Édouard)

Peintre français (Bully-les-Mines 1905).


Issu d’une famille ouvrière de Marles-les-Mines, il part en 1927 pour Paris, où, parallèlement à son travail en usine, il suit des cours de peinture, de dessin et de sculpture, de philosophie et d’économie politique. Au moment de la formation de l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires en 1930, il participe aux discussions autour d’un art à contenu social. Les sujets très divers qu’il aborde dans la quinzaine d’années qui suit tiennent beaucoup aux préoccupations picturales et sociales de cette époque et ne lui sont pas véritablement propres. Il peint en particulier des Meetings (1932) et son premier Ouvrier mort (1936, coll. de l’artiste), où la forme est simplifiée à l’extrême, l’espace y étant construit par des juxtapositions et des enchevêtrements de plans colorés.