Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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pigment (suite)

La mélanose aurique (due à l’or), rarement primitive, succède généralement à une érythrodermie aurique. Plus rare que la précédente, elle est à différencier de la chrysocyanose, due à un dépôt tissulaire d’or analogue à l’argyrie, qui est due à un dépôt d’argent. De nombreuses pigmentations circonscrites sont dues à des toxidermies (v. dermatoses). Certaines relèvent d’une application locale : acide phénique, picrique, chrysarobine, résorcine, térébenthine, etc. D’autres sont la conséquence d’une action chimique et solaire conjuguée.

La pigmentation des parfums apparaît brusquement après une exposition au soleil suivant immédiatement l’application de ceux-ci, en particulier des parfums riches en essence de Bergamote. Elle s’observe au cou, aux oreilles, entre les seins, aux aisselles. Les plages pigmentées sont disposées en coulées, en breloques et en pendentifs. Elles s’effacent spontanément en plusieurs semaines ou plusieurs mois.

La mélanose de Riehl atteint presque exclusivement les femmes entre 30 et 50 ans. Elle siège à la face, prédominant sur les tempes, les pommettes, les parties latérales du cou et sur le front, mais séparée du cuir chevelu par une bande de 1 cm de large. Elle est de teinte grisâtre et de figuration réticulée. D’évolution très lente, elle persiste des mois, voire des années. L’usage des produits de beauté parfumés est incriminé par certains dermatologistes, mais l’étiopathogénie de la maladie est plus complexe. D’autres facteurs sont à retenir : le soleil, les troubles intestinaux ou endocriniens, les carences alimentaires (vitamines B3 ou PP). Il semble toutefois que le dénominateur commun de cas observés soit le facteur neurovégétatif. Cette pigmentation, décrite en 1917 sous le nom de « mélanose de guerre », est rare pendant les périodes de paix ; elle fut d’une grande fréquence en Europe de 1941 à 1945.

La mélanodermie lichénoïde toxique d’Hoffmann et Habermann est professionnelle, survenant chez les ouvriers du goudron et favorisée par la lumière et la chaleur. Elle associe à la face, au cou et aux avant-bras une pigmentation ardoisée et des folliculites de type « bouton d’huile ».

• Les mélanomes. Ce sont les tumeurs riches en mélanine (nævi-pigmentaires). L’école française réserve cette dénomination aux mélanomes malins, aux nævo-carcinomes (v. peau, tumeurs cutanées).

Les éphélides, ou taches de rousseur, fleurissent surtout chez les blonds et les roux des deux sexes. Apparues dans l’enfance, développées lors de l’adolescence, elles pâlissent ultérieurement et disparaissent parfois à l’âge adulte. Leur nombre s’accroît en été. Ce sont de petites taches lenticulaires, arrondies, de teinte jaune pâle, brun clair ou rousse. Disséminées ou groupées, elles siègent aux parties découvertes. Elles ne dégénèrent jamais en cancer.

Les taches séniles sont fréquentes après 50 ans et siègent au dos des mains, au front et sur le crâne des chauves. Brunes ou jaunâtres, grandes de 1 à 15 mm, elles se multiplient avec les années, persistant indéfiniment. Ne dégénérant pas, elles n’entraînent qu’un dommage esthétique.

La mélanose précancéreuse de Dubreuilh est de nature nævique et de pronostic incertain. Siégeant au visage des personnes âgées, elle est faite de taches juxtaposées ou confluentes en placard, de contour polycyclique, de surface plane ou légèrement mamelonnée. Sa coloration n’est pas uniforme, comportant des zones bistres, café-au-lait ou noir sépia. La transformation maligne est à suspecter quand la plaque pigmentée s’infiltre, bourgeonne ou s’ulcère.

Le xeroderma pigmentosum est une dystrophie rare, héréditaire, résultant d’une hypersensibilité à la lumière. Il est fait, sur les régions insolées, de nombreuses éphélides et de lentigo. Des télangiectasies et des zones atrophiques se surajoutent. Ultérieurement apparaissent des verrucosités, des ulcérations et des épithéliomas.

L’incontinentia pigmenti de Bloch et Sulzberger frappe les nourrissons du sexe féminin. C’est une dermatose rare faite successivement de bulles, de lésions vésiculo-lichéniennes et de pigmentation en « éclaboussures ».

La mélanodermie addisonienne, de teinte brune et généralisée, atteint également les muqueuses (v. surrénal).

La maladie de Basedow (v. thyroïde) et les tumeurs hypophysaires peuvent déterminer des pigmentations plus ou moins généralisées.

L’hémochromatose est une affection génétique atteignant surtout les hommes et due à un stockage du fer dans le tissu réticulo-endothélial. La mélanose qui en résulte a un reflet métallique. Le taux du fer sérique est très augmenté.

L’ochronose, maladie congénitale, est due à un trouble métabolique des acides aminés aromatiques. Elle comporte des taches ardoisées des mains, des taches bleuâtres de la face, des conjonctives, de la sclérotique, l’émission d’urine ocre, des manifestations articulaires.

Le chloasma est une pigmentation jaune ou brune, symétriquement disposée sur les pommettes, les tempes, la partie moyenne du front. Il apparaît dans les deux premiers mois de la grossesse et s’efface généralement au retour des règles, c’est le « masque » de la grossesse.

La linea fusca est une pigmentation étendue en arc de cercle à concavité inférieure d’une tempe à l’autre. De cause mystérieuse, il est peut-être en corrélation avec des troubles intestinaux et un état anxieux.

L’acanthosis nigricans est une dermatose papillomateuse et pigmentée en corrélation avec un cancer viscéral. Les lésions sont faites de papillomes séniles ou pédicules disposés en nappe et d’une pigmentation brun fauve ou noire.

• Les achromies. Elles sont dues à la disparition ou à la diminution du pigment normal cutané.

La leucodermie est l’hypochromie acquise ; elle est faite de taches achromiques cerclées d’une nappe hyperchromique (foncée).