Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Picasso (Pablo Ruiz) (suite)

Éros et Thanatos

C’est aussi au cours de cette période et surtout à partir de 1931 (au château de Boisgeloup, dans l’Eure) que la sculpture en vient à tenir une place très importante dans l’activité artistique de Picasso. Divers essais avaient précédé, notamment une Tête de femme en 1909 et de nombreuses constructions en matériaux divers de 1912 à 1914. Mais il n’est pas surprenant que le recours de plus en plus érotisé à l’objet, et en particulier à l’objet femme, se traduise bientôt dans les trois dimensions avec une inventivité qui font que certains tiennent Picasso sculpteur pour aussi grand, voire plus grand, que Picasso peintre (travail du fer, assemblage d’objets et modelage, les deux dernières techniques le plus souvent associées pour aboutir à des bronzes). Par ailleurs, la manière dont l’inspiration voluptueuse l’emporte chez lui semble s’accompagner d’une sorte de mauvaise conscience de son bonheur, eu égard aux malheurs de son temps et en premier lieu au déclenchement de la guerre d’Espagne. Son beau et fameux tableau Guernica (1937, Museum of Modern Art, New York) reflète curieusement non seulement sa profonde indignation lors du bombardement de la ville basque par l’aviation nazie, mais sa propre situation amoureuse du moment, où trois femmes tiennent un rôle. Des visages de femmes aux traits torturés par l’angoisse et non plus marqués par la jouissance amoureuse vont se succéder chez lui jusqu’en 1944, mais en partie parce que sa compagne de ce temps, Dora Maar, a la larme facile. Pendant que se déroulent tout près de son atelier de la rue des Grands-Augustins les combats pour la libération de Paris, Picasso peint une Bacchanale (coll. priv.) inspirée de Poussin et peu de temps après adhère publiquement au parti communiste français. Cette adhésion le conduira à exécuter quelques tableaux « engagés », comme Massacre de Corée (1951, collection de l’artiste) ou les allégories de la Guerre et la Paix (1952, Vallauris), et aussi à servir, grâce à sa célèbre « colombe », d’agent publicitaire au Mouvement de la Paix.


La femme et la peinture

Une brève période euphorique, due au moins autant à la rencontre de Françoise Gilot qu’à la fin de la guerre, avait été pourtant marquée par la Joie de vivre (ou Pastorale), peinte à Antibes (1946, musée Grimaldi, Antibes). D’étonnantes sculptures se succèdent, de l’Homme au mouton (1944, érigé à Vallauris en 1950) à la Chèvre (1950) et à la Guenon et son petit (1952), en attendant les figures de tôle pliée et peinte de 1960-1963. En 1947, l’artiste inaugure à Vallauris une nouvelle et féconde activité, celle de céramiste. En 1950, les Demoiselles des bords de la Seine (Kunstmuseum, Bâle), d’après Courbet, peut-être la dernière peinture inventive de Picasso, marquent le début d’une interrogation systématique des chefs-d’œuvre de la peinture, qui se poursuivra notamment avec les séries des Femmes d’Alger (1954-55) d’après Delacroix, des Ménines (1957) d’après Vélasquez, du Déjeuner sur l’herbe (1960-61) d’après Manet et de l’Enlèvement des Sabines (1962-63) d’après David. Quand ce n’est pas aux grands peintres du passé qu’il s’attaque comme s’il tentait de percer leurs secrets ou de les comparer aux siens propres, c’est la femme et le secret de sa chair que l’artiste questionne. Au cours des dernières années de sa vie, dans la peinture ou dans la gravure (également abondantes), le thème qui l’emportait était le tête-à-tête du peintre et de la femme, généralement nue, dont il fait le portrait. « Comment peindre ? » et « comment aimer ? », ou encore « qu’est-ce que la peinture ? » et « qu’est-ce que la femme ? », cette double interrogation n’en faisait qu’une pour Picasso. Même si la qualité intrinsèque de son œuvre tardive, au moins depuis la série de l’Enlèvement des Sabines, soit pendant ses dix dernières années, laisse à désirer, on peut au moins reconnaître à l’artiste ce mérite d’avoir consacré ses derniers efforts à mettre inlassablement en lumière la signification amoureuse du geste pictural.

J. P.

➙ Cubisme.

 P. Reverdy, Pablo Picasso (Gallimard, 1924). / C. Zervos, Pablo Picasso, catalogue général des peintures, dessins, aquarelles et gouaches (Éd. des Cahiers d’art, 1932 et suiv. ; 28 vol. parus). / H. Barr, Picasso (New York, 1939 ; nouv. éd., 1946). / J. Sabartès et W. Bœck, Picasso (Flammarion, 1955). / F. Elgar et R. Maillard, Picasso. Étude de l’œuvre et étude biographique (Hazan, 1957). / R. A. Penrose, Picasso, his Life and Work (Londres, 1958 ; trad. fr. la Vie et l’œuvre de Picasso, Grasset, 1961). / D. Cooper, Picasso, théâtre (Cercle d’art, 1967). / J. Leymarie, Dessins de Picasso (Skira, Genève, 1967) ; Picasso, métamorphose et unité (Skira, Genève, 1971). / G. Bloch, Pablo Picasso, catalogue de l’œuvre gravé et lithographié, 1904-1967 (Kornfeld et Klipstein, Berne, 1968-1971 ; 2 vol.). / C. Czwiklitzer, 290 Affiches de Pablo Picasso (Müller-Rodenberger, Francfort, 1968). / Hommage à Picasso (Société internationale d’art du xxe siècle, 1971). / W. Spies, les Sculptures de Picasso (Clairefontaine, Lausanne, 1972). / D. Porzio et M. Valsecchi, Connaître Picasso. L’homme et le génie (Hachette, 1974). / G. Ramié, Céramique de Picasso (Cercle d’art, 1974). / J. Cassou, Pablo Picasso (Somogy, 1976).

Piciformes

Ordre qui compte 377 espèces d’Oiseaux forestiers appartenant à six familles différant par l’aspect général et les mœurs, mais ayant en commun des caractères anatomiques, morphologiques (pattes courtes avec 2 doigts tournés en avant et les 2 autres en arrière) et biologiques (œufs blancs, jeunes nidicoles). Ce sont des Oiseaux diurnes, sédentaires (à de rares exceptions près), monogames, au vol peu habile.



Généralités

Cette famille compte 209 espèces (9 en Europe ; 8 à 56 cm de long) qui manquent à Madagascar, en Australie, Nouvelle-Zélande, Nouvelle-Guinée et en Océanie à l’est de Célèbes et de l’île Alor. On distingue 4 groupes naturels.