Procédé d’impression à partir de reliefs de gélatine encrée.
Il a pour origine un brevet d’Alphonse Poitevin (1819-1882) en date de 1855, relatif à l’utilisation, comme couches sensibles à la lumière, de matières organiques bichromatées. Les travaux furent continués en France par Cyprien Tessié du Motay (1818-1880), à qui l’on doit l’appellation phototypie, et en Bavière par Joseph Albert (1825-1886) ; d’où le nom d’albertypie qui est donné en Allemagne à ce procédé.
Principe
On insole une couche de gélatine bichromatée sous un négatif photographique. Tannant la couche, la lumière y produit une sorte d’image positive. Après élimination de l’excès de bichromate par lavage, on mouille la couche : la gélatine s’imbibe et gonfle en proportion inverse de son tannage. Si l’on encre la plaque au rouleau avec de l’encre grasse, les parties fortement tannées, qui correspondent aux transparences du négatif, donc aux noirs de l’original, prendront l’encre en force ; les parties très imbibées d’eau, parce que nullement tannées (protégées par les opacités du négatif et correspondant aux blancs du positif), repousseront l’encre ; les intermédiaires accepteront plus ou moins l’encre. La dalle de phototypie accepte l’encre et la transmet au papier, exactement en proportion de l’intensité de l’insolation et du tannage de la gélatine. On obtient une impression à modelé continu reproduisant fidèlement les valeurs du cliché photographique. Les opérations successives comprennent la confection des négatifs, le montage, la préparation, l’étendage et la cuisson de la couche sur la dalle de verre, l’insolation, le dégorgement, l’encrage et le tirage. Leur ensemble demande à l’exécutant une technique très sûre et un soin minutieux.
Grâce à l’absence de trame et à la fidélité de reproduction, la phototypie est un procédé de luxe, inégalable pour la reproduction de vieux documents et de tableaux, et qui convient à l’impression d’illustrations soignées à tirage restreint. Autrefois, elle permettait d’imprimer des petits catalogues, des cartes postales, mais ces genres de travaux sont maintenant exécutés en héliogravure, en offset ou par des machines automatiques de tirage photographique, plus rapides et permettant des tirages plus importants.
La version moderne de la phototypie s’est mécanisée, en particulier avec les procédés américains Aquatone et Collotype. La dalle de verre est remplacée par une plaque de métal mince sur laquelle on étend la gélatine bichromatée. On fait la copie du montage, comme en offset, dans un châssis ou une machine à copier et l’on imprime sur machine offset la plaque phototypique obtenue.
Aquatone emploie une trame extrêmement fine (120 points et plus au centimètre) ; sa plaque-support est en zinc ou en aluminium.
Collotype, qui n’a pas de trame, a pour support une plaque d’aluminium lisse, et sa couche contient des produits spéciaux.
L’impression se fait sur machine du type offset, par l’intermédiaire d’un blanchet, avec de l’encre assez consistante et mouillage par un mélange eau-glycérine. Ces procédés conviennent à des travaux d’excellente qualité, pour des tirages allant jusqu’à 5 000 exemplaires.
G. B.
➙ Offset / Photogravure.
G. Baudry et R. Marange, Comment on imprime (Dunod, 1956 ; 4e éd., 1971). / E. Kollecker et W. Matuschke (sous la dir. de), Der moderne Druck (Hambourg, 1956 ; 2e éd., 1958). / V. Strauss, The Printing Industry (New York, 1967).