Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

photon (suite)

Einstein utilisa les photons en 1905 pour expliquer les caractéristiques de l’effet photo-électrique, c’est-à-dire l’extraction d’électrons hors d’un bloc de matière sous l’action d’un faisceau lumineux. Il admit que l’énergie d’un photon est communiquée à un seul électron : elle lui fournit, d’une part, le travail de sortie Ws nécessaire pour vaincre les forces qui le retiennent dans la matière, et, d’autre part, de l’énergie cinétique c’est-à-dire que

C’est l’équation d’Einstein de l’effet photo-électrique ; elle permet de calculer la vitesse v avec laquelle les électrons quittent le bloc de métal et la fréquence seuil νs en dessous de laquelle l’effet photo-électrique ne peut plus se produire :
ν > νs = Ws/h.
La vérification expérimentale détaillée de cette équation fut effectuée par R. A. Millikan.

Ce sont encore les photons qui ont permis d’interpréter les raies spectrales observées lorsqu’on analyse au spectrographe la lumière émise par une lampe à décharge ou un arc électrique. Cette interprétation est donnée par la loi de Bohr, énoncée en 1913 et qui reste la clé de la structure quantique de l’atome : suivant l’état dans lequel ils se trouvent, les mêmes atomes peuvent emmagasiner des quantités d’énergie différentes ; mais les atomes d’un type donné ne peuvent avoir que certaines valeurs particulières d’énergie, formant une suite discontinue : W1, W2, W3, etc. Lorsque l’atome effectue une transition d’un état d’énergie W1 à un autre état d’énergie W2, la conservation de l’énergie est assurée par l’absorption ou l’émission d’un photon correspondant à la fréquence ν telle que  = W2 – W1 (v. laser).

L’existence des photons est encore mise en évidence de manière directe dans le phénomène de diffusion des rayons X avec diminution de fréquence, ou diffusion Compton. Ce phénomène a été étudié en 1923 par A. H. Compton, qui l’a interprété comme une véritable collision élastique entre un photon de rayons X et un électron libre. Cette explication utilise la quantité de mouvement du photon et permet le calcul rigoureux de l’augmentation de longueur d’onde expérimentalement observée :

(m est la masse de l’électron, et θ l’angle entre les directions de propagation du photon incident et du photon diffusé).

Les expériences citées dans cet article mettent en évidence le caractère corpusculaire des ondes électromagnétiques. Mais elles ne suppriment pas pour autant leur caractère ondulatoire, mis en évidence dans les expériences d’interférence ou de diffraction. La description probabiliste des phénomènes microscopiques, qui est de règle en physique quantique et qui entraîne une certaine marge d’incertitude, permet de surmonter la contradiction apparente entre ces descriptions complémentaires du rayonnement électromagnétique : c’est l’onde sinusoïdale de l’électromagnétisme qui décrit la propagation du photon, le carré de l’amplitude de l’onde représentant la probabilité de présence du photon (v. complémentarité).

Arthur Holly Compton

Physicien américain (Wooster, Ohio, 1892 - Berkeley 1962). Étudiant en 1923 l’action des rayons X sur le graphite, il découvrit l’effet qui porte son nom. En 1934, il remarqua l’existence de deux groupes de rayons cosmiques avec des pouvoirs de pénétration très différents. Prix Nobel de physique en 1927.

B. C.

photopériodisme

Réaction que présentent certaines plantes à une alternance régulière d’éclairement et d’obscurité.



Généralités

On l’observe dans des domaines extrêmement variés : migration des substances nutritives (mise en réserve après la photosynthèse*, remise en circulation ultérieure), apparition des bulbilles, formation des tubercules, chutes des feuilles, croissance*, floraison*.

Dans presque toutes les espèces, la croissance de l’appareil végétatif est plus intense pendant les périodes de jours longs ; alors les tiges, les limbes et les pétioles grandissent fortement (Fraisier, Groseillier, Chrysanthèmes...). Au contraire, les feuilles deviennent épaisses lors des jours courts chez Epilobium montanum par exemple. L’apparition des zones d’abcission (liège), qui permettent la chute des feuilles, est retardée par les jours longs. Chez Solanum goniocalyx, la formation des tubercules ne se fait que si les nuits ont plus de douze heures. Cela repousse donc la récolte tard en automne et empêche la culture de cette espèce andine sous nos climats. L’apparition des racines sur des boutures est influencée par la photopériode à laquelle ces dernières sont soumises et aussi par celle qu’a subie le donneur au moment du bouturage ; les photopériodes de jours longs semblent favoriser nettement le développement de nombreuses racines.

Mais c’est surtout l’action sur la floraison qui a été étudiée. Face à la variation de la longueur des jours et des nuits, les plantes ont des comportements différents. On en connaît d’indifférentes : les fleurs s’y forment quelles que soient les conditions. On traite d’aphotiques les plantes qui élaborent leurs fleurs à l’obscurité totale (certains Pois, des Arachides, la Pomme de terre, les Jacinthes, les Narcisses) et de photo-apériodiques celles qui ont besoin de lumière (huit heures par jour au minimum, c’est-à-dire le minimum trophique) sans réclamer un rythme précis.

D’autres espèces sont sensibles à la photopériode, si toutefois elles sont assez riches en substances nutritives. On appelle plantes héméropériodiques celles qui réclament des jours longs pour donner une floraison, qui est d’autant plus abondante et hâtive que les nuits sont plus courtes. Jusquiame, Épinard, Bruyère, Nigelle de Damas sont héméropériodiques absolues, tandis que les céréales de printemps, les Œillets cultivés, le Trèfle des prés sont seulement préférantes, l’allongement des jours favorisant leur floraison et leur raccourcissement ne l’empêchant pas.