Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

photo-électricité (suite)

Photomultiplicateurs

Les cellules photo-électriques ne sont pas assez sensibles pour déceler de faibles intensités lumineuses. Les photomultiplicateurs, qui utilisent l’émission secondaire, sont des détecteurs de lumière très sensibles.

Si la surface d’une anode est recouverte d’un alliage d’argent et de magnésium, un électron incident peut libérer plusieurs électrons secondaires (fig. 6). Une électrode ainsi traitée s’appelle une dynode. Si le photomultiplicateur comporte une dizaine de dynodes (fig. 7), l’amplification peut atteindre 109.

Les photomultiplicateurs sont utilisés pour la mesure des très faibles intensités lumineuses ou pour l’étude des radiations nucléaires.


Photoconductivité

Si on éclaire un cristal semi-conducteur, les atomes sont ionisés en plus grand nombre, car l’apport d’énergie lumineuse augmente les concentrations en porteurs libres du cristal. La résistivité de celui-ci diminue.

L’augmentation de conductivité est essentiellement due aux transitions énergétiques bande de valence-bande de conduction (excitation intrinsèque), les impuretés jouant un rôle négligeable.

Pour le silicium, l’énergie d’ionisation Wi vaut 1,1 eV à température ordinaire ; la longueur d’onde seuil vaut soit 1 130 nm, ce qui correspond à une radiation infrarouge.

Cet effet de la lumière est utilisé dans les cellules photorésistantes. La plus employée actuellement est la cellule au sulfure de cadmium. La variation de résistance est importante (de 106 Ω à 10 Ω). On insère la cellule photorésistante dans un circuit électrique (fig. 8) comprenant une pile électrique et un ampèremètre, dont l’indication varie avec la quantité de lumière qui atteint la surface sensible. Actuellement, la plupart des caméras et des appareils photographiques comportent une cellule incorporée.


Photodiode

Une photodiode est une diode à jonction P-N semi-conductrice. Elle est constituée d’un petit boîtier dont une face est transparente (fig. 9). En l’absence de radiation lumineuse, le courant de la diode polarisée en inverse est très faible. Par contre, lorsqu’une radiation lumineuse atteint le cristal semi-conducteur, elle ionise les atomes du cristal ; le courant augmente (fig. 10).

Citons quelques applications de la photodiode :
— la lecture optique rapide des cartes et des rubans perforés des ordinateurs ;
— le comptage, les objets à compter interrompant un faisceau lumineux éclairant une photodiode (fig. 11) ;
— les systèmes de détection lumineuse.


Photopiles ou cellules photovoltaïques

Il s’agit encore d’une diode à jonction P-N insérée dans un boîtier dont une face est transparente. Lorsque la photopile est éclairée, une f. é. m. apparaît en circuit ouvert à ses bornes (fig. 12). Donc, la photopile est un générateur électrique qui transforme de l’énergie lumineuse en énergie électrique.

La f. é. m. est de l’ordre de 0,5 V pour un élément au silicium. En groupant de tels éléments en série, on peut obtenir des f. é. m. élevées (fig. 13).

Lorsque l’énergie lumineuse provient du Soleil, on obtient des batteries solaires. Ces dernières sont utilisées, en astronautique, pour alimenter en énergie électrique les satellites devant accomplir un service prolongé ; des batteries solaires permettent de recharger une batterie d’accumulateurs auxiliaire.

Actuellement, les photopiles sont au silicium ou au tellurure de cadmium. Elles permettent une conversion directe d’énergie solaire en énergie électrique avec un rendement atteignant de 10 à 15 p. 100. Les photodiodes correspondent à des applications dont le nombre est en forte croissance, ce qui en favorise l’industrialisation. Elles permettent des conditions de longévité, de sécurité et d’encombrement inégalées par ailleurs.


Opto-électronique

La photo-électricité permet le passage d’énergie lumineuse en énergie électrique. La transformation inverse, d’énergie électrique en énergie lumineuse, est très récente : citons par exemple les diodes électroluminescentes à l’arséniure de gallium. Excitées électriquement, elles émettent une intense lumière rouge, utilisée dans des dispositifs d’affichage numérique.

On désigne sous le nom de photocoupleurs (fig. 14) des composants regroupant sous un même boîtier une diode électroluminescente et une photodiode ou un phototransistor. Ces derniers permettent une commande électrique, avec un circuit de contrôle isolé de l’utilisation.

R. B.

➙ Électronique.

 J. Terrien, la Cellule photo-électrique (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1947 ; 5e éd. 1974). / V. K. Zworykin et E. G. Ramberg, Photoelectricity and its Applications (New York, 1949 ; trad. fr. la Photo-électricité et ses applications, Dunod, 1953). / P. Vernier l’Émission photo-électrique et ses applications (Dunod, 1963).

photogrammétrie

Technique permettant, à partir de deux photographies d’un même objet prises de points de vue différents, soit de reconstituer un objet semblable, soit d’en tracer une ou plusieurs projections planes, ou encore de calculer les coordonnées de chacun de ses points.



Introduction

Les avantages de cette technique résultent des qualités de l’image photographique : complète, détaillée, précise, d’impression instantanée ; d’où la possibilité de l’appliquer à des objets en mouvement ou encore d’utiliser des points de vue mobiles par rapport à l’objet (photographie aérienne).

La principale application de la photogrammétrie est l’établissement, à partir de clichés aériens ou terrestres, de plans et de cartes topographiques allant de l’échelle du 1/200 000 pour les régions peu développées à celle du 1/500 pour les besoins du génie civil, de l’urbanisme et du cadastre ; la photogrammétrie s’applique aussi au relevé des formes et des dimensions d’objets très divers ainsi qu’à la détection de leurs mouvements et de leurs déformations : conservation des monuments historiques, contrôle de la stabilité d’ouvrages d’art (barrage, voûte) et de l’évolution des glaciers, cubatures dans les mines et les carrières, étude de la forme instantanée de surfaces mouvantes (ondes, houle), étude de trajectoires (fusées, projectiles, satellites artificiels), exploration médicale (photogrammétrie par rayons X), étude anthropologique, etc. Comme la photographie spatiale, la microscopie optique et la microscopie électronique peuvent faire l’objet d’une exploitation photogrammétrique ; l’évolution des techniques crée sans cesse de nouvelles possibilités pour la photogrammétrie.