Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Phéophycées (suite)

Les grandes Phéophycées sont certainement les Algues les plus apparentes des côtes nord-atlantiques. Elles poussent en effet surtout dans la zone de balancement des marées et à un niveau très précis selon l’espèce. Très haut, au-dessus des hautes mers de mortes-eaux, Pelvetia canaliculata montre son thalle en lanières fourchues, en demi-cylindre comme une gouttière. Cette Algue est extraordinairement résistante à la sécheresse et à l’action du soleil.

Plus bas commencent les Fucus. F. platycarpus se situe au plus haut ; il est petit et dépourvu de vésicules. Au niveau moyen, F. vesiculosus constitue des végétations denses. Un peu plus bas, F. serratus montre ses frondes plates et crénelées tout autour.

Plus bas encore, les Laminaires vont apparaître ; leurs frondes sont constituées d’une lame aplatie et d’un stipe plus ou moins arrondi fixé par des « haptères ».

D’autres espèces ont une répartition liée au niveau et à des conditions locales : Chorda filum, en forme de lacets ; Himanthalia lorea, dont la base en coupelle porte de grandes lanières aplaties qui renferment les organes reproducteurs ; Ascophyllum nodosum, de couleur un peu grise, aux grosses vésicules centrales et avec des ramifications courtes des deux côtés ; Bifurcaria rotunda, de couleur paille, aux rameaux fourchus arrondis. Laminaria saccharina, fréquente en lieux vaseux, a une fronde très allongée et godronnée sur les côtés ; Alaria esculenta est aussi une Laminariale, mais son stipe porte des expansions de chaque côté ; Saccorhiza bulbosa est fixée par une boule volumineuse, creuse.

En plus de toutes ces grandes espèces, on verra aussi des Ectocarpus et genres voisins, en touffes brun doré. En Méditerranée, où les Fucus ne se rencontrent que dans le fond de l’Adriatique, ce sont les Cystoseira qui domineront, et l’on verra aisément par mer calme leurs pieds, rappelant un peu de petits Conifères, dressés dans l’eau et portant de multiples épiphytes. Les Halopteris, en petites touffes raides, pullulent également à peu de profondeur.


Utilité des Phéophycées

Ces Algues jouent dans les eaux marines le rôle commun à tous les végétaux ; elles absorbent la lumière et le gaz carbonique et enrichissent le milieu en matière vivante. Elles fournissent un abri appréciable pour les animaux, mais aucune n’est calcifiée de façon à jouer un rôle constructeur.

Leur utilisation directe est connue depuis longtemps. On s’en sert en Bretagne, depuis des temps immémoriaux, comme engrais. Le varech, ou goémon, est en effet constitué presque exclusivement de grandes Phéophycées et fournit, après dessalure et pourrissement, des matières fertilisantes. La récolte est soumise à des règles strictes et à des coutumes locales, que la coupe soit autorisée ou que l’on ne puisse que ramasser les épaves, que celles-ci ne puissent être collectées qu’au râteau ou que l’on puisse planter des piquets pour les retenir au reflux.

Les mêmes Algues, incinérées, fournissent des lessives alcalines qui ont joué le même rôle que les cendres de bois.

On peut également extraire des Laminaires — comme d’autres Algues marines — de l’iode. Il n’y a plus guère qu’une usine qui prépare ainsi ce corps en France, mais, pour des raisons diverses, le procédé est en pleine expansion au Japon et pourrait, partout où ces plantes sont abondantes, être remis à l’honneur. On utilise également le stipe desséché des Laminaires comme dilatateur doux, car il gonfle beaucoup à l’humidité. Enfin, après lavage, on peut fabriquer directement des gâteaux ou des garnitures de tartes avec ces Algues.

Mais c’est surtout pour l’extraction des alginates que les Laminaires sont récoltées. Abondants dans les membranes cellulaires, ces composés donnent des mucilages utilisés notamment pour l’encollage du papier ou pour fabriquer des « peaux » de saucisses que l’on peut mettre à cuire directement. La récolte est faite à peu de profondeur (de 4 à 6 m), mais une précaution essentielle doit être prise. Ces Algues, pérennes, ont en effet une croissance intercalaire, et l’on doit respecter la zone fertile, située entre le stipe et la lame. La coupe doit donc, car il faut respecter les populations, être faite à la main, et les études actuelles recherchent la période de l’année la plus favorable à une rentabilité élevée.

M. D.

➙ Algues / Aquatique / Océan.

Phidias

Sculpteur grec du ve s. av. J.-C.


Le plus célèbre et sans doute aussi le plus grand des sculpteurs de la Grèce ancienne, il fut notamment l’auteur des statues chryséléphantines (or et ivoire) d’Athéna et de Zeus. La statue de Zeus était considérée comme l’une des sept merveilles du monde. Phidias fut aussi l’inspirateur et le coordinateur de l’admirable équipe d’artistes qui exécuta, sur l’ordre de Périclès, le décor sculpté du Parthénon d’Athènes* : frontons, métopes et frise continue de la cella.

Phidias semble être né vers 490 av. J.-C. Sa première œuvre aurait été une statue colossale d’Athéna, en bois doré et en marbre, destinée au sanctuaire de Platées, site de la dernière — et plus importante — victoire des Grecs sur les Perses. Il apparaît donc que, dès le début de sa carrière, Phidias a pu et a voulu jouer des divers matériaux dont il disposait. D’ailleurs, aucun domaine de l’art figuré ne lui est resté fermé puisque, nous dit-on, il exécuta lui-même les peintures qui rehaussaient ses œuvres sculptées.

Les étapes de sa vie sont soulignées par ses plus grands travaux : les métopes du Parthénon furent achevées en 442 av. J.-C., l’Athéna chryséléphantine en 438, les frontons vers 432. Cette date a marqué un tournant dans la vie de l’artiste. On le retrouve en effet entre 430 et 420 environ à Olympie*, en train d’exécuter son chef-d’œuvre, la statue cultuelle de Zeus destinée au grand temple du dieu en son sanctuaire. Phidias avait été frappé d’exil par les Athéniens, sous le coup d’une accusation de détournement d’ivoire ; à travers lui, c’est son protecteur Périclès qu’on cherchait à atteindre.