Phéniciens (suite)
Le mode de sépulture général est l’hypogée. De petits cippes en forme de pilier ou de naos abritant un sacrum, pilier ou « bouteille », les surmontent (Burdj al-Chimālī, Akziv). À la fin de la domination perse, on voit d’imposants monuments funéraires se dresser dans le nécropole d’Amrit, les meghazil, ou fuseaux, en forme soit de cylindres dressés sur des socles ornés de lions et coiffés de coupoles, soit de troncs de cône ou de pyramide. Les tombes royales ont livré de magnifiques sarcophages : cuve couverte de bas-reliefs représentant le roi ou son divin maître recevant des présents (Ahiram de Byblos), sarcophages anthropoïdes venus d’Égypte (Tabnit et Eshmounazar de Sidon), ou de style classique (Sidon), cuves en forme de temple, portant des sculptures (colonnade ionique aux pleureuses, scènes de chasse et de combat de style hellénistique [« sarcophage d’Alexandre », Sidon]).
Des patères en or, en argent ou en bronze, découvertes en Assyrie, à Chypre, en Grèce et en Étrurie, comptent parmi les productions les plus remarquables de l’art phénicien. Elles sont ornées d’un décor couvrant disposé le plus souvent en zones concentriques et gravé ou travaillé au repoussé. Sur les patères de Nimroud (palais de Sargon II, viiie s.), les bandes sont réparties autour d’un médaillon central (défilés d’animaux) et traversées de motifs rayonnants (étoiles). Les patères chypriotes (800-550) représentant des scènes de combat, de chasse et de culte, avec des divinités égyptiennes, des génies de type traditionnel, l’Arbre de Vie et des guerriers grecs. Les patères étrusques (viie s.) portent des décors nilotiques (Préneste).
Tout aussi remarquables sont les appliques de meubles en ivoire, ajourées et sculptées (palais de Nimroud, d’Arslan Tash, de Samarie ; Engómi à Chypre). Les décors rappellent deux des patères avec des motifs égyptisant (déesses ailées, sphinx) et traditionnels (génies, Arbres de Vie, dame à sa fenêtre, animaux), l’influence hittite est souvent sensible dans le rendu des animaux. Des peignes en ivoire étaient gravés (animaux, fleurs de lotus) dans les colonies d’Espagne (Carmona) : un lot de ces peignes a été retrouvé dans le sanctuaire d’Hera à Samos. Colliers à pendentifs, boucles d’oreilles, bracelets et bagues en or ciselé et garnis de grènetis, ouvrés à Chypre et en Espagne (Carambolo, Aliseda...), prouvent la maîtrise des orfèvres phéniciens. D’Espagne également proviennent des œnochoés de bronze pansues ou bicônes, ornées de motifs égyptisants, de palmettes et de serpents (Malaca, Huelva, Niebla...).
Des amphorisques (petits vases en forme d’amphore) en verre opaque zébré de rayures multicolores, de petits masques, des perles ocellées étaient fabriqués par les verriers de Chypre. Les coupes et les flacons irisés recueillis dans les tombes de Sidon justifient l’admiration de Pline pour la verrerie phénicienne. La céramique, médiocre, s’apparente à celle des pays syro-palestiniens : vases à col en bobèche et œnochoés à embouchure trilobée en céramique lustrée rouge, vases bicônes, lampes en forme de coupe à un bec...
La glyptique est bien représentée par de nombreux scarabées de style égyptisant, qui reproduisent les thèmes traditionnels connus par les patères et les ivoires.
C. P.
S. Moscati, Il Mondo dei Fenici (Milan, 1966 ; trad. fr. l’Épopée des Phéniciens, Fayard, 1971). / V. Karageorghis, Chypre (Nagel, 1968). / Tartessos, Ve Symposium internacional de Prehistoria peninsular (Barcelone, 1969). / A. Parrot, M. H. Chehab et S. Moscati, les Phéniciens (Gallimard, 1975).