Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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pharmacie (suite)

Le corps enseignant des facultés de pharmacie

Les enseignants des facultés de pharmacie sont des pharmaciens qui possèdent des titres analogues à ceux qu’on exige de leurs collègues des autres facultés. La plupart d’entre eux, à l’origine, pratiquaient également la pharmacie d’officine, mais l’usage ne s’en est pas maintenu, contrairement aux professeurs des facultés de médecine, qui conservent le plus souvent une clientèle particulière. Toutefois, il n’y a pas incompatibilité entre l’enseignement et les autres activités pharmaceutiques, et nombre d’enseignants exercent à temps partiel dans les secteurs hospitalier ou industriel. Assistants, maîtres assistants, agrégés, professeurs, ils sont chargés de l’organisation des cours, des travaux pratiques (particulièrement importants dans toutes les disciplines pharmaceutiques) et s’adonnent à la recherche fondamentale ou appliquée dans les laboratoires mis à leur disposition.


Les pharmaciens-biologistes

Ils sont chargés de fonction de direction ou de recherche dans les laboratoires* d’analyses médicales (L. A. M.) dont ils sont propriétaires ou qui appartiennent au secteur hospitalier ou industriel.


La pharmacie industrielle

Elle apparaît au début du xixe s., à la suite des découvertes des médicaments chimiques d’origine extractive (alcaloïdes, glucosides), puis des premiers médicaments synthétiques. Si les pharmaciens d’officine ont conservé à leur échelon la préparation de la plupart des médicaments galéniques (teintures, extraits végétaux, eaux distillées, sirops...) jusque vers 1900, ils durent s’adresser aux établissements industriels pour leur approvisionnement en médicaments chimiques, leur rôle se bornant à en vérifier l’identité lors des livraisons. À l’origine, la seule clientèle de l’industrie pharmaceutique est donc constituée par les officines de pharmacie, dont les titulaires abandonneront d’ailleurs graduellement les opérations galéniques compliquées pour des raisons économiques évidentes. Par contre, l’énorme développement de l’arsenal thérapeutique, surtout au cours des dernières années, a eu pour conséquence un accroissement considérable de l’industrie, qui s’est traduit pratiquement par la disparition des petits laboratoires de fabrication ou par leur concentration en unités plus importantes et par la création d’établissements industriels importants comprenant des services de recherche et de contrôle, de fabrication chimique et galénique assortis de services commerciaux appropriés. Les prescriptions médicales sont, en effet, presque totalement constituées de médicaments chimiques de molécules nouvelles, dont le plus souvent la découverte, puis la mise en conditionnement pharmaceutique ont amené des transformations profondes dans l’industrie des médicaments.

Élaboration d’un médicament nouveau

L’étude des plantes peut encore mener à la découverte de nouveaux principes extractifs, comme celle des alcaloïdes du Rauwolfia et des principes de diverses Vinca (Pervenches). Toutefois, c’est la recherche purement chimique qui conduit le plus souvent à l’introduction d’une molécule jusque-là ignorée. Ce nouveau corps est confié aux pharmacologistes, qui en recherchent les propriétés thérapeutiques sur des lots d’animaux d’expérience, souris, rats, cobayes, ou sur des organes isolés de ces animaux. Le plus souvent en vain : la nouvelle molécule est alors rejetée. Si, au contraire, une action thérapeutique semble se révéler, on cherche à l’augmenter, par exemple en la modifiant par addition ou substitution de divers radicaux, selon les techniques habituelles de la chimie organique. Ainsi la phénothiazine, molécule douée de propriétés vermifuges, mais peu maniable en raison de sa toxicité relative, a fourni, par addition de différentes chaînes latérales, deux très importants groupes de médicaments, les uns antihistaminiques (type prométhazine), les autres neuroleptiques (type chlorpromazine). Lorsque les propriétés médicamenteuses d’une nouvelle substance sont ainsi constatées, et qu’une étude toxicologique méticuleuse a été effectuée, déterminant pour l’animal les doses thérapeutiques et la dose toxique relativement à son poids (un médicament est évidemment d’autant moins dangereux que sa dose thérapeutique est éloignée de sa dose toxique), il est possible d’en proposer l’emploi en thérapeutique humaine. Le nouveau médicament est alors confié à des services hospitaliers spécialisés où il est testé avec la plus grande prudence sur des malades connus, pendant deux ans. L’autorisation d’exploitation d’un médicament nouveau ne peut donc être obtenue qu’après plusieurs années d’expérimentation, tout au moins en France, où la législation est très sévèrement appliquée. La préparation en grand et la mise sur le marché du nouveau médicament sous forme de spécialité pharmaceutique est alors possible. Il est de règle, dans l’industrie, de multiplier les contrôles : contrôle des matières premières entrant dans la fabrication, contrôle en cours de fabrication et enfin contrôle du produit fini, c’est-à-dire sous la forme galénique définitive. Ces essais ont pour but de s’assurer non seulement de la pureté du principe actif, mais encore de son bon conditionnement galénique, la nature des excipients et la répartition des doses constituant des facteurs d’activité des médicaments.


La pharmacie d’officine

C’est l’activité pharmaceutique la mieux connue du public, la plus ancienne aussi, à ce point que le mot pharmacie désigne à la fois la profession et le lieu où elle est pratiquée, l’officine. L’officine est l’endroit où le produit de l’activité professionnelle, le médicament, se trouve à la portée du public et à la disposition des malades. Héritier direct de l’apothicaire, le pharmacien d’officine a dû, en raison des progrès de la thérapeutique et des conditions économiques, modifier profondément ses conditions d’exercice. Titulaire d’un diplôme d’État institué par la loi du 21 germinal an XI et qui régit toujours la profession, le pharmacien du xixe s. voit apparaître sur les rayons de son officine, à côté des drogues végétales, de nouveaux médicaments chimiques : alcaloïdes, glucosides, quelques analgésiques synthétiques. Néanmoins, il continue à préparer tous les médicaments galéniques qu’il dispensera à sa clientèle. Pour la confection de ces médicaments : extraits végétaux, teintures, hydrolats, alcoolats, poudres, etc., le pharmacien est aidé par des « élèves », étudiants le plus souvent, effectuant un stage préuniversitaire de trois années. Très progressivement, ces pratiques artisanales seront abandonnées pour des raisons économiques, l’industrie naissante de la droguerie fournissant aux officines, en même temps que les substances chimiques, des médicaments galéniques à meilleurs prix. Au début du xxe s., les prescriptions des médecins commencent à comporter, à côté des préparations magistrales et officinales, des « spécialités » préparées industriellement ; les prescriptions magistrales sont devenues l’exception. Ainsi l’activité du pharmacien d’officine, à l’origine manuelle et artisanale, est devenue une activité de gestion d’aspect commercial, mais qui comporte, en dépit des apparences, des responsabilités accrues par la multiplicité et la toxicité des médicaments, dont il demeure responsable, sinon de la préparation, du moins de la distribution et du bon emploi. Le nombre des officines est limité en fonction de la population des communes où elles sont implantées, la répartition se faisant au mieux de ses besoins. La limitation a pour but d’éviter une pléthore qui nuirait à un exercice normal et rentable de la profession, tandis que la répartition territoriale des officines s’efforce de satisfaire au mieux la clientèle locale. La loi sur la répartition des officines n’a nullement empêché la création d’officines nouvelles au fur et à mesure que s’accroît, depuis la Seconde Guerre mondiale, la population des villes.