Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Arioste (l’) (suite)

 B. Croce, Ariosto, Shakespeare e Corneille (Bari, 1920 ; 4e éd., 1950). / H. Hauvette, l’Arioste et la poésie chevaleresque à Ferrare, au début du xvie siècle (Champion, 1927). / G. F. Contini, « Come lavorava l’Ariosto », dans Esercizi di lettura (Florence, 1947). / F. De Sanctis, La Poesia cavalleresca e scritti vari (Bari, 1954). / L. Caretti, Ariosto e Tasso (Turin, 1961). / C. Segre, Esperienze ariostesche (Pise, 1966).

Aristolochiales

Petit ordre de plantes dicotylédones à carpelles indépendants.


Le phylum des dicotylédones polycarpiques est composé de deux ordres : celui des Polycarpiques, avec comme principales familles les Magnoliacées, les Renonculacées et les Nymphéacées, et celui des Aristolochiales, qui comprend seulement trois familles, en particulier celles des Aristolochiacées et des Rafflésiacées.

La famille des Aristolochiacées, comprenant des herbes, des lianes et des arbustes (6 genres et environ 400 espèces), vit surtout dans les régions tempérées et chaudes de presque tout le globe ; en France, deux genres et six espèces sont indigènes. Chez les Aristoloches (300 espèces), les pièces du périanthe, du type trois, sont soudées en un tube droit ou recourbé en pipe et dilaté en sphère à sa base. Les Insectes, qui assurent la pollinisation croisée chez ces plantes, subissent un phénomène de capture passager identique à celui que l’on observe chez les Arums. En effet, les poils de la gorge du périanthe sont dirigés vers le fond de la fleur et, s’ils permettent le passage vers l’intérieur, ils n’autorisent pas, par contre, la sortie avant que la fécondation n’ait bien eu lieu ; en effet, c’est alors seulement que les poils se flétrissent et ouvrent la sortie. La curieuse forme et la couleur des fleurs des Aristoloches les font rechercher pour la décoration des serres (Aristolochia elegans du Brésil) ou les jardins de plein air (A. durior d’Amérique du Nord). L’Asarum (60 espèces, non indigènes en France) peut être cultivé comme plante à feuillage permanent dans les sous-bois, le rhizome d’A. europeum étant employé en médecine.

La famille des Rafflésiacées comprend uniquement des parasites complets sans chlorophylle, vivant sur les tiges ou les racines des plantes ligneuses. C’est surtout par la remarquable Rafflesia Arnoldi (Insulinde) que cette famille (8 genres et 55 espèces) est connue. En effet, cette plante possède la plus grande fleur du monde, puisque cette dernière peut atteindre plus de 1 m de diamètre, toute la partie végétative incluse dans les tissus de la plante hôte se réduisant, pour ce genre, à un pseudo-mycélium où l’on ne peut trouver aucune structure de racine. La présence de ces plantes n’est révélée que lorsque les bourgeons floraux, gros comme un énorme chou, s’épanouissent à l’air et à la lumière.

Pour les Rafflesia, les fleurs isolées (au minimum 10 cm de diamètre) sont unisexuées par avortement. Pour R. Arnoldi, au centre du périanthe tétramère, de couleur de viande crue et orné d’énormes verrues claires, se trouvent, pour les fleurs mâles, huit étamines visqueuses soudées à un reste d’organe femelle atrophié. Les fleurs femelles sont composées de huit à dix carpelles surmontés d’autant de stigmates en forme de disques. La couleur et l’odeur de ces fleurs attirent les mouches, qui favorisent ainsi la fécondation. Dans le genre Cytinus, au contraire (une seule espèce en France parasitant les racines des Cistes), les fleurs, jaunes ou rouges, sont en grappe.

J.-M. T. et F. T.

Aristophane

En gr. Aristophanês, poète comique grec (Athènes v. 445 - † v. 386 av. J.-C.).


La vie privée des écrivains anciens est souvent voilée d’ombre, et celle du plus grand poète comique grec, Aristophane, nous échappe presque entièrement. On sait qu’il est Athénien de naissance, fils de Philippos, du dème de Kydathénée, de la tribu Pandionis, et de Zénodora. Sans doute passe-t-il une bonne partie de sa jeunesse à la campagne (à Égine ?), où il puise ce goût du terroir et des choses rustiques qui transparaît dans toutes ses pièces. Peut-être fréquente-t-il la jeunesse dorée d’Athènes, dont les Cavaliers se font l’écho. En 427, à quelque dix-huit ans, il donne sa première comédie, aujourd’hui perdue, les Convives.

Si la vie d’Aristophane ne permet pas d’éclairer son œuvre, cette œuvre même est riche en précisions. Un vers de la Paix nous apprend que le poète était chauve à trente ans. Les Cavaliers mettent en scène son principal adversaire, Cléon : on connaît ainsi ses options politiques. L’année suivante, Aristophane brise des lances contre Socrate et les sophistes (les Nuées) : s’il les raille, il faut en déduire qu’il connaît trop bien leurs procédés pour avoir toujours échappé à leur ascendant. N’étant inféodé à aucun parti, ayant en horreur les démagogues, il est avant tout partisan de la paix (les Acharniens, la Paix, Lysistrata) et respectueux de la tradition. On peut se représenter le poète, par-delà les traits acérés de son théâtre, comme un conservateur résolu, amoureux de l’ancien ordre de choses.

L’image d’Aristophane ne serait pas complète sans une référence au Banquet de Platon. Ce dernier le représente joyeux convive et charmant causeur, uniquement occupé de Dionysos et d’Aphrodite.


L’œuvre

Les Anciens attribuaient quarante-quatre comédies à Aristophane, mais la plupart ne nous sont connues que par des fragments. Onze seulement nous sont parvenues intégralement — chiffre notable en comparaison de ce que nous avons conservé de la production des tragiques. En 425, les Acharniens sont un plaidoyer pour la paix. L’année suivante, le poète donne une autre pièce politique, les Cavaliers, considérée comme son chef-d’œuvre. Les Nuées, avec leur charge caricaturale de Socrate, datent de 423, et sont suivies des Guêpes, satire de l’organisation judiciaire d’Athènes. La Paix (421) est le tableau enthousiaste de la fraternité entre les peuples et des bienfaits qui en résultent. À la fantaisie des Oiseaux (414) succède, trois ans plus tard, une comédie au sujet scabreux, Lysistrata, contre la guerre. Aux deux comédies littéraires, les Thesmophories (411) et les Grenouilles (405), font suite l’Assemblée des femmes (392) et Plutus (388), qui s’attarde sur l’injuste répartition des richesses. Toutes ces pièces furent jouées lors des fêtes religieuses des Lénéennes ou des Dionysies. Leur auteur, pour autant qu’on le sache, remporta le plus souvent le premier ou le second prix, exception faite pour les Nuées, qui n’eurent aucun succès.