Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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pharmacie (suite)

En plus des cours particuliers donnés dans des locaux privés, tels ceux de Nicolas Lémery (1645-1715), de Pierre Macquer (1718-1784), d’Antoine Baumé (1728-1804), les étudiants apothicaires pouvaient également suivre les cours professés au Jardin royal des plantes, créé par Gui de La Brosse en 1635. Ce centre culturel, réputé en Europe, qui allait devenir le Muséum national d’histoire naturelle, comptait douze maîtres apothicaires parmi les démonstrateurs des chaires de botanique et de chimie. Des attestations étaient délivrées aux étudiants « gagnant maîtrise en pharmacie ».

Les jeunes apothicaires trouvaient aussi un enseignement qui leur était destiné en suivant les travaux du Collège royal, où, jusqu’en 1780, quinze maîtres professèrent plus spécialement les sciences pharmaceutiques.

Cet enseignement n’était pas un apanage parisien. Toutes les écoles et facultés de médecine avaient un programme comportant des notions pharmaceutiques. Nombreuses étaient les villes qui possédaient un jardin botanique. Ceux-ci permettaient l’acclimatation des plantes en même temps que leur étude, complétant utilement les herborisations et les cours théoriques. Celui de Montpellier, l’un des premiers organisés en Europe, servit de modèle, et très souvent des compagnies d’apothicaires traversaient la France pour y étudier, attirées par la richesse de sa flore.

La durée des études était variable. Elle comportait un apprentissage de deux à quatre ans effectué chez le même apothicaire et terminé par un examen qui donnait le titre de compagnon. Ce compagnonnage, dont la durée était de un à six ans, permettait au candidat à la maîtrise de changer de localité et de se diriger vers un centre universitaire. Là, il continuait son éducation pratique dans des officines fameuses et son instruction théorique en suivant les leçons de maîtres réputés. L’accès à la maîtrise s’obtenait, après un examen oral, par l’exécution de préparations nombreuses et compliquées dont l’ensemble constituait le « chef-d’œuvre ».


L’enseignement de la pharmacie de nos jours

À partir de 1920, date de la transformation des écoles supérieures en faculté de pharmacie, l’enseignement pharmaceutique est dispensé par 4 facultés (Paris, Montpellier, Nancy, Strasbourg), 8 facultés mixtes de médecine et de pharmacie (Bordeaux, Clermont-Ferrand, Lille, Lyon, Marseille, Nantes, Rennes, Toulouse), 7 écoles nationales préparatoires (Amiens, Besançon, Caen, Dijon, Poitiers, Reims, Rouen), 1 faculté libre (Lille), dont les études sont sanctionnées par les établissements nationaux. Ainsi se trouve réalisée, sur le plan universitaire, l’indépendance de l’enseignement pharmaceutique vis-à-vis des facultés de médecine et des facultés des sciences. À la suite des réformes introduites dans l’enseignement supérieur depuis 1968, les facultés de pharmacie ont été intégrées dans les unités d’enseignement et de recherche (U. E. R.) créées dans chaque université. C’est ainsi qu’un nouvel établissement de recherche et d’enseignement des sciences pharmaceutiques a été ouvert en 1972 à Châtenay-Malabry (Paris-Sud).

En même temps, pour tenir compte des profondes modifications intervenues dans l’exercice de la profession pharmaceutique depuis la création des premières facultés, les programmes d’enseignement ont été modifiés en vue de la préparation à l’exercice des différentes branches professionnelles : officine, préparation industrielle des médicaments, laboratoire de biologie médicale. La durée des études a été portée à cinq années au minimum. L’ancien stage officinal de un an a été supprimé et remplacé par 2 stages, effectués en cours d’études, le premier dit « d’observation », dans une officine, le second dans une officine, un établissement industriel ou un laboratoire d’analyses, selon l’option choisie par l’étudiant. Les cours et les travaux pratiques portent sur les sciences pures : mathématiques, physique, chimie minérale, chimie organique, botanique, zoologie, et sur les sciences d’application comme la pharmacie chimique, la matière médicale, la chimie analytique, la biochimie, la parasitologie, la microbiologie, l’hydrologie, etc. À la suite de cet enseignement, les étudiants reçoivent le diplôme de pharmacien et peuvent, s’ils désirent se spécialiser dans l’exercice de la biologie, dans les différentes disciplines industrielles, dans l’enseignement ou la recherche, acquérir des certificats d’études supérieures de biochimie, de bactériologie, d’immunologie, d’hématologie, de pharmacie industrielle, de pharmacologie, etc. Ils peuvent travailler dans un laboratoire de recherche et rédiger une thèse de doctorat.


Les diverses activités des pharmaciens

Les nombreuses découvertes de médicaments intervenues depuis le début du xixe s. d’une part, d’autre part l’introduction en pharmacie des médicaments préparés d’avance (spécialités pharmaceutiques) depuis le début du xxe s. ont eu pour conséquences une extension considérable et une spécialisation des activités du pharmacien. C’est en fait après la Révolution française que la formation du pharmacien — essentiellement corporative, sinon artisanale, et soumise au contrôle des docteurs en médecine — devient scientifique et soumise au contrôle de l’État : ce qui implique la création d’un corps enseignant pharmaceutique. Plus tard, certains pharmaciens adjoindront à leur officine un laboratoire d’analyses ou un laboratoire de fabrication de spécialités : de ces activités annexes naîtront pour quelques-uns d’entre eux la pratique exclusive de la biologie ou une activité industrielle qui ne tardera pas à se développer considérablement avec l’introduction en thérapeutique des médicaments modernes, chimiothérapiques, antibiotiques, etc. Toutefois, la pratique de la pharmacie d’officine, qui est la mieux connue du public en raison de son caractère mi-scientifique, mi-commercial, intéresse environ les trois quarts du corps pharmaceutique, soit en France environ 15 000 diplômés.