Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

phare (suite)

La quantité est le coefficient de stabilité. Dans une tour pleine, où r = 0, il faut que soit supérieur à 4 pour qu’il n’y ait pas d’effort de traction. En appliquant la formule à un certain nombre de sections convenablement réparties, on peut tracer la courbe des pressions maximales.

Pour les phares en mer, il faut, en plus, tenir compte du choc des lames et masses d’eau. Les maçonneries doivent avant tout être pleines sur toute la hauteur immergée et, en plus, sur quelques mètres au-dessus.

L’action des lames se détermine de la façon suivante : si 2T est le temps mis par une molécule superficielle pour décrire la circonférence entière de son orbite, v la vitesse de translation de l’onde, 2L la longueur de l’onde de crête à crête et g l’accélération de la pesanteur, on a

Il suffit de connaître une des quantités, L, T ou V pour en déduire les deux autres.

L’énergie totale W d’une onde par unité de longueur de la crête a pour expression :
W = ρ g Lh2,
ρ étant la masse volumique du liquide et 2h la hauteur de la vague de crête en creux. Pour les grandes vagues en eau profonde, cette énergie est considérable. C’est ainsi qu’à l’embouchure de la Gironde, avec une hauteur de vague 2h de l’ordre de 5 m, une longueur de l’onde de crête à crête 2 L de 120 m et une période de 10 s, l’énergie d’une grosse vague de fond est de W = 1,1 × 9,81 × 60 × 6,25, soit W = 67 444 kgm ou 900 ch par mètre de longueur de crête de la vague.

M. D.

➙ Navigation.

 Q. de Rochemont et H. Desprez, Cours de travaux maritimes, t. II (Béranger, 1901). / G. Ribière, Phare et signaux maritimes (Doin, 1908). / M. de Rouville, Cours de travaux maritimes (École Nat. des ponts et chaussées, 1946). / J. Chapon, Travaux maritimes, t. I (Eyrolles, 1966).

pharmacie

Science appliquée ayant pour objet la préparation rationnelle des médicaments*.



Évolution de la pharmacie

Dès que la première association de produits ou le premier mélange de plantes fut réalisé dans le but de guérir, on peut dire que la pharmacie était née. Elle fut longtemps confondue et pratiquée avec la médecine. Claude Galien*, qui est considéré comme le « père de la pharmacie », exerçait la médecine à Rome. Médecin de Marc Aurèle et de Septime Sévère, il avait une officine sur la voie Sacrée, où il préparait lui-même ses médicaments.

Il faut attendre le ve s. pour trouver une trace de la séparation des deux activités lorsque Olympiodore de Thèbes, auteur d’un traité d’alchimie, écrit : « Le médecin prescrit et le pigmentarius exécute l’ordonnance. »

Dans la pratique, la confusion demeura de longs siècles encore où l’on vit le médecin choisir, mélanger, administrer les drogues nécessaires à la lutte contre la maladie dont il venait de faire le diagnostic.

Les Arabes, auxquels on doit la recherche, l’essai et l’emploi de produits nouveaux pour le traitement des malades, ont réalisé l’autonomie de la pharmacie. Leur influence, qui fut prépondérante à l’école de Salerne au xie s., dégagea la pharmacie de ses tutelles.

En France, à la fin du xe s., la séparation s’effectua réellement, et le titre d’apothicaire, qui jusqu’alors désignait le moine chargé de la récolte des plantes, de leur conservation, de leur transformation en médicament et de leur distribution dans son couvent, s’appliqua dès lors aux marchands de drogues qui tenaient une officine ouverte au public.

Cet exercice n’était pas libre, car dès cette époque les autorités étaient parfaitement conscientes du danger que présentait l’usage abusif ou irraisonné des drogues ainsi que l’emploi et la conservation des poisons. Ainsi l’on vit se former des communautés qui groupèrent les apothicaires. Jusqu’à la révolution, le régime de la pharmacie en France sera un régime corporatif, réglementé par des statuts. Les plus anciens, établis dans le midi de la France, étaient incorporés dans des lois municipales. Ceux d’Arles au xiie s. furent les premiers à conférer l’autonomie aux pharmaciens, qui jusqu’alors étaient parfois confondus avec les ciriers, les confiseurs, les droguistes, voire les marchands d’épices.

Dès les xive et xve s., les apothicaires durent faire édicter des statuts et règlements, variables selon les villes ou les régions, approuvés par ordonnances royales. Malgré leur diversité et leur adaptation au cours des siècles, les statuts eurent pour règles fondamentales la connaissance de la profession, la perfection du médicament, la protection du malade. Ces idées-forces se retrouvent dans le « serment des apothicaires » qui s’instaura vers 1322 et que l’on prononçait à la fin des études. On jurait notamment de rester dans la foi chrétienne, d’honorer ses parents et ses maîtres, de bannir tout esprit de lucre, de respecter les ordonnances, de garder le secret professionnel, de surveiller les poisons, de proscrire tout abortif, de désavouer les alchimistes, empiriques ou charlatans, de rejeter toute drogue corrompue et falsifiée. Ce sont des préoccupations du même ordre que l’on retrouve, sous une forme plus adaptée, dans les articles du livre V du Code de la santé et du Code de déontologie qui régissent la pharmacie depuis 1953.

L’apothicaire devait faire ses préparations selon les indications très précises des formulaires qu’il était tenu de posséder (l’Antidotaire de Nicolas de Salerne fut le plus longtemps utilisé), ou exécuter les prescriptions des médecins.

Les dirigeants des communautés d’apothicaires, dont le nom variait avec les localités (prévôt, garde, juré, consul), étaient élus par l’assemblée des maîtres. C’est à eux qu’incombait d’inspecter les officines (le plus souvent avec les médecins), de contrôler les drogues des forains, de présider les examens de maîtrise, de gérer les finances et surtout de veiller à l’observation des statuts.

Les corporations d’apothicaires durent sans cesse affirmer leur autonomie et lutter par des procès contre les épiciers, auxquels une rivalité croissante les opposa durant trois siècles.