Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Petit (Roland)

Danseur et chorégraphe français (Villemomble 1924).


C’est avec l’aide du mime Georges Wague (1874-1965) que Roland Petit est inscrit à l’école de danse de l’Opéra de Paris, où bientôt il est « petit rat ». Élève de Gustave Ricaux, il acquiert une solide formation classique. Toutefois, son tempérament le porte à s’intéresser à tout ce qui touche l’Amérique : cinéma, jazz, chansons, revues, danse moderne. Engagé dans le corps de ballet à seize ans, il accepte mal le rôle obscur qu’il est obligé d’y tenir. Vedette d’un gala à dix-sept ans, il mesure tout ce qui le sépare des hauts sommets dont il rêve... Ayant rencontré Janine Charrat (1941), il danse avec elle au cours de plusieurs spectacles patronnés par Serge Lifar et il règle et danse sa première chorégraphie — un solo —, le Saut du tremplin (1942), sur un poème de Théodore de Banville, qui suscite un très vif intérêt.

Après la libération de Paris, Roland Petit donne sa démission de l’Opéra (1944) et participe aux « soirées de la danse » du théâtre Sarah-Bernhard. Le spectacle qu’il monte au Théâtre des Champs-Élysées (1945) avec les Forains est à l’origine de la création des Ballets des Champs-Élysées dont il est chorégraphe et maître de ballet en même temps que danseur. Il donne alors ses œuvres les plus spontanées, les plus jeunes (le Rendez-vous, 1945 ; les Amours de Jupiter et le Jeune Homme et la mort, 1946 ; le Bal des blanchisseuses et Treize Danses, 1947). Enrichi par cette expérience, il souhaite être le directeur de sa propre troupe, les Ballets de Paris, qu’il fonde d’ailleurs peu après (1948). Son talent et sa verve vont lui permettre de donner coup sur coup les Demoiselles de la nuit (1948 ; ballet créé par Margot Fonteyn), l’Œuf à la coque et Carmen (1949 ; ce dernier ballet créé par Renée Jeanmaire et Roland Petit), puis la Croqueuse de diamants (1950). Pour un temps, Roland Petit abandonne le ballet pur, après la dissolution de sa compagnie (1951), et se consacre au music-hall, au cinéma. Sa compagnie reconstituée en 1953, il donne au cours de cette année une œuvre maîtresse, le Loup (créé par Violette Verdy), suivie de Deuil en 24 heures, de Ciné-Bijou et de The Lady in the Ice (créé par Colette Marchand). Après une saison à New York (1954), il donne la Chambre (1955), la Peur (1956), la Rose des vents (1958), Cyrano de Bergerac (1959).

Composant ses chorégraphies pour ses propres danseurs, il collabore toutefois avec le Sadler’s Wells Ballet (1950) et le Ballet royal danois (1961). Attaché au T. N. P. pour le festival populaire du ballet organisé par Jean Vilar, il présente Palais de Chaillot, Maldoror, le Violon et Rhapsodie espagnole (1962), puis la Silla (1963).

Il revient à l’Opéra de Paris pour y créer Notre-Dame de Paris (1965), où le drame de Victor Hugo suscite en lui tout un développement dramatique dans lequel il se livre pleinement. L’Éloge de la folie, ballet présenté au Théâtre des Champs-Élysées en 1966, est d’une tout autre veine, et le parti pris de modernisme du danseur est évident. On parle du triomphe à Londres de Paradis perdu (1967) de Roland Petit, mais celui-ci le doit-il à sa chorégraphie ou à ses deux interprètes Margot Fonteyn et Rudolf Noureïev ? Rappelé à l’Opéra de Paris en 1968, il donne, sur la partition d’Olivier Messiaen, Turangalîla, une œuvre de grande envergure, mais où, dans un style qui n’est pas le sien, la danse semble se résoudre en constructions et en lignes abstraites. En 1969, Roland Petit règle Pelléas et Mélisande de Schönberg pour M. Fonteyn et R. Noureïev, et présente Kraanerg (musique de Xenakis) au Centre national des arts d’Ottawa. Nommé directeur de la danse à l’Opéra de Paris au début de 1970, il démissionne de ses fonctions dès le mois de juin, pour bientôt accepter de constituer une troupe à Marseille (indépendante de celle que dirige Rosella Hightower), qui donne, après une reprise de Carmen, Allumez les étoiles (1972). Sa Rose malade est créée la même année par Maïa Plissetskaïa. Après la Symphonie fantastique et Septentrion, produits en 1975, il signe une version de Casse-Noisette (1976). Avec sa femme, Zizi Jeanmaire, il assume la direction du Casino de Paris (1969-1975).

Son œuvre est à l’origine du renouveau du ballet français après la Seconde Guerre mondiale. Si ses créations reflètent l’actualité de l’époque, elles montrent aussi les aspirations d’une jeunesse qui se cherche. Tour à tour passionné et froid, profond et léger, chaste et érotique, Roland Petit a su donner à ses meilleures œuvres des accents de vérité. Mais peut-être homme de théâtre plus que de ballet, il a toujours oscillé entre ces deux tendances, exposant avec moins de force que de fantaisie les problèmes qu’il aborde. Son langage est direct, simple et humoristique. S’il amuse, Roland Petit parvient aussi à émouvoir et, s’il cède à la mode, il n’en reste pas moins attaché à la tradition classique. La précocité de son œuvre le fait toujours classer dans la catégorie des « jeunes chorégraphes », et, sans qu’il soit ni révolutionnaire ni novateur, Roland Petit a su se tailler une place à part dans l’histoire du ballet français.

H. H.

Petőfi (Sándor)

Poète hongrois (Kiskőrös 1823 - Segesvár 1849).


La vie de Petőfi est brève et mouvementée. En 1839, il s’enfuit de l’école, se fait vagabond, tâte du théâtre et finit, quelques mois plus tard, par s’engager comme soldat. Il sert en Autriche, puis en Croatie. Mais sa faible constitution ne lui permet pas de supporter les duretés de la vie militaire, qu’il doit abandonner en février 1841. Petőfi reprend ses vagabondages ; il complète ses études interrompues et noue ses premières amitiés littéraires, notamment avec le romancier Mór Jókai (1825-1904). Son premier poème, une chanson à boire dans le goût du temps, paraît en 1842. Ses pérégrinations le mènent à Pozsony (Bratislava), à Pest, à Debrecen, où son état de santé se détériore. En 1844, sur la recommandation de Mihály Vörösmarty (1800-1855), chef de file du romantisme hongrois, paraît un premier recueil de ses poèmes, précédé de quelques jours par la publication d’une courte épopée burlesque, le Marteau du village.