pesanteur (suite)
Résultats
Les mesures absolues ont permis de définir un petit nombre de valeurs du g normal, chacune attachée à un site donné, par exemple g0 = 980,943 à Paris (Observatoire) et g0 = 981,274 à Potsdam (exprimés en centimètres par seconde par seconde ou gals), cette dernière valeur étant adoptée comme référence internationale, conventionnelle. Nous avons déjà indiqué les variations générales de g en allant des pôles (983 gals) à l’équateur (978 gals).
Les variations régionales de g (notamment au voisinage des montagnes, sur mer ou au sein des mers) jouent un rôle très important dans l’interprétation des grandes structures terrestres (hypothèse de l’isostasie en particulier). Il en est de même des mesures que l’on a organisées en satellite.
Apesanteur
On désigne ainsi l’état particulier d’un organisme (notamment d’un organisme vivant) non soumis à des actions du type pesanteur. Ne nous occupant, ici, que des conditions strictement physiques conditionnant un tel état, nous remarquerons que l’apesanteur vraie demande que cette absence d’action ait lieu en tout point de l’organisme. Par exemple, les exercices d’immersion en piscine auxquels sont soumis les astronautes ne réalisent qu’une apesanteur globale, utile comme apprentissage d’une gymnastique spéciale des mouvements lents, mais ne réalisant aucunement les conditions physiologiques d’une apesanteur vraie, puisque les forces de « poussée d’Archimède » seront transmises aux organes internes sans supprimer leurs forces de liaison avec les organes voisins.
Deux conditions physiques différentes peuvent assurer une apesanteur vraie quasi parfaite : 1o distance suffisante de tout objet céleste susceptible d’exercer une attraction newtonienne (cas approximatif d’un astronaute en condition de vol balistique dans la région du minimum de l’attraction globale terrestre et lunaire) ; 2o une situation de « chute libre » dans laquelle les forces d’attraction newtoniennes sont exactement équilibrées par les forces d’inertie (cas d’un astronaute tournant autour de la Terre en vol balistique, c’est-à-dire sans usage de fusées). On utilise là le fait que ces forces d’inertie sont appliquées à toute masse, aussi réduite soit-elle, exactement de la même façon que les forces newtoniennes qui les créent. Remarquons encore que si, lors d’une phase propulsive (par fusée), notamment lors de l’accélération au départ du sol, les astronautes ressentent avec force (pesanteur accrue) les effets de leur accélération, c’est que cette dernière leur est, en fait, transmise par leur habitacle par l’intermédiaire de surfaces porteuses externes et ne leur est donc pas appliquée par un effet interne particulaire (comme ce serait le cas — irréalisable mais non théoriquement absurde — où cette accélération énorme leur serait appliquée par une masse gravitationnelle que l’on placerait convenablement à leur voisinage).
E. S.
J. Coulomb, la Constitution physique de la Terre (A. Michel, 1952). J. Goguel, la Gravimétrie (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1963 ; 2e éd., 1972).
Quelques biographies
Gilbert Defforges,
géodésien et général français (Roanne 1852 - Paris 1915). Il a perfectionné les méthodes de mesure du champ de pesanteur, grâce à l’emploi d’un pendule réversible de réglage imparfait, et effectué de nombreuses déterminations.
Fernand Holweck,
physicien français (Paris 1890 - id. 1941). Il établit en 1920 la continuité entre le rayonnement ultraviolet et les rayons X et étudia l’action biologique de ces rayons intermédiaires ; il créa une pompe à vide moléculaire et, avec le P. Lejay, un pendule à lame oscillante pour la mesure du champ de pesanteur. Professeur à la faculté des sciences de Paris, il fut arrêté et mis à mort par les Allemands sous l’Occupation.
Pierre Lejay,
jésuite et physicien français (La Seyne 1898 - en mer 1958), Directeur de l’observatoire de Zikawei (Tseu Ká-wei) en Chine, il est l’auteur d’études des variations de la pesanteur, de l’ozone atmosphérique, de l’ionosphère. Il a établi de nombreuses cartes gravimétriques de France, d’Indochine, des Philippines, des États du Levant, etc. (Acad. des sc., 1946.)
Felix Vening Meinesz,
géophysicien néerlandais. V. gravimétrie.