Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Perón (Juan Domingo) (suite)

 R. Alexander, The Perón’s Era (New York, 1951 ; nouv. éd., 1965). / J. Bruce, Those Perplexing Argentines (Londres, 1953). / P. Lux-Wurm, le Péronisme (L. G. D. J., 1965). / C. S. Fayt, La naturaleza del peronismo (Buenos Aires, 1967). / R. Puiggros, El peronismo, sus causas (Buenos Aires, 1969).

Pérou

En esp. Perú, État de l’Amérique du Sud, sur le Pacifique.


Introduction

Le Pérou dispose d’un milieu naturel très contrasté. Entre la partie côtière et la forêt amazonienne se développe l’édifice des Andes, formé de hauts plateaux encadrés entre deux sierras ; tout cet espace se situe dans les latitudes intertropicales, de l’équateur à 18° de lat. S., mais connaît des climats très variables selon la disposition des éléments du relief. Au cœur de la montagne et sur la côte sont nées des civilisations anciennes qui ont donné au Pérou, berceau de la civilisation inca, un héritage précolonial important. C’est sur ces vestiges que se sont plaquées les structures spatiales et économiques résultant de la colonisation espagnole. Durant cette époque, le Pérou représentait en effet la principale source de l’or recherché par les Espagnols sur le continent américain. Cet Eldorado, qui a rapporté des sommes considérables à la métropole, a vu naître et grandir une société strictement hiérarchisée, composée de colons espagnols, administrateurs ou propriétaires fonciers, et d’Indiens esclaves travaillant dans les grands domaines agro-pastoraux ou dans les mines. L’indépendance, obtenue au début du xixe s., a mis fin au système colonial proprement dit, mais le Pérou porte encore actuellement les séquelles de ce passé, qu’il s’agisse des problèmes de population (démographie galopante, place des Indiens au sein de l’ensemble national), des difficultés agricoles (liées à la persistance des trop grandes propriétés latifundiaires) ou du trop faible développement industriel (héritage du système économique d’exportation de produits de base, maintenu après l’indépendance et difficilement transformé par une récente tentative d’industrialisation, en dépit de l’effort considérable du pouvoir politique actuel pour rompre le cercle infernal du sous-développement). Le revenu moyen par habitant demeure faible et n’atteint pas 500 dollars.

Tous ces problèmes, résultant des structures économiques et sociales, se traduisent par des conséquences assez différentes selon les régions, qui opposent trois grands secteurs : la côte, la montagne et, enfin, la forêt intérieure de l’Amazonie.


Le pays et les hommes


Les milieux naturels

Le cœur du Pérou est constitué par la montagne andine : au niveau de ce pays, elle prend une large extension avec deux sierras particulièrement massives et continues bordant un très haut plateau de plus de 4 000 m d’altitude, dont la partie la plus déprimée, à 3 800 m, est occupée par le lac Titicaca. La sierra de l’ouest est dominée par des volcans qui culminent à plus de 6 000 m, tandis que la Cordillère orientale, sculptée dans un matériel souvent granitique, présente un paysage très découpé avec des sommets supérieurs à 5 000 m. Entre ces deux chaînes, le plateau, tantôt dû à l’érosion, tantôt recouvert d’épanchements volcaniques venus des grands volcans de l’ouest, constitue la Puna. L’altitude générale de l’ensemble modifie profondément le climat, qui, dans ses mécanismes fondamentaux, est un climat tropical caractérisé par l’alternance d’une saison sèche et d’une saison humide, avec des pluies d’octobre à avril : les températures y sont souvent rigoureuses. Pendant les saisons des pluies, l’humidité de l’air rend le gel relativement rare, mais, pendant la saison sèche, le rayonnement provoque des nuits infiniment plus froides : au-dessus de 3 800 m, il y a de très fortes gelées nocturnes entre juin et septembre, alors que les températures diurnes peuvent s’élever jusqu’à une quinzaine de degrés. Les précipitations oscillent entre 600 et 1 000 mm. Ces conditions climatiques permettent l’existence d’une végétation jusqu’à des altitudes atteignant 4 800 m. Une steppe herbeuse en constitue l’étage supérieur. En dessous se trouve, le plus souvent, une steppe arbustive, car la faiblesse des précipitations annuelles est un obstacle à l’épanouissement d’une véritable forêt ; celle-ci n’existe que sur le versant nord-ouest et sur la partie la plus basse du versant oriental, qui appartient déjà au monde amazonien.

En effet, la partie orientale du Pérou, qui occupe près de 60 p. 100 de la superficie totale du pays, est une vaste plaine située en contrebas du versant oriental des Andes et drainée par l’Amazone et ses affluents. La pluviosité, presque partout supérieure à 1 500 mm par an, voire à 2 000 mm, est accompagnée de températures moyennes de 27 °C. Cela a permis l’épanouissement d’une exubérante couverture forestière, formée de très grands arbres et d’un étage intermédiaire. Cette zone péruvienne constitue la partie supérieure de la grande plaine amazonienne qui sépare les Andes du socle guyanais et brésilien.

La partie occidentale du Pérou, entre l’océan et les Andes, se caractérise au contraire par un climat désertique dû à la permanence de l’anticyclone pacifique, renforcé par le courant froid de Humboldt (dit aussi « du Pérou »). Cependant, si les pluies y sont pratiquement absentes, le ciel n’y est pas toujours bleu : pendant une grande partie de l’année, la région est couverte de nuages, particulièrement entre mai et novembre ; ceux-ci peuvent, le matin, s’abaisser jusqu’au niveau du sol, en une sorte de brouillard, mais ne se transforment pratiquement jamais en pluie. Les températures restent modestes pour la latitude, avec une anomalie négative de 5 à 7 °C : ainsi, à Lima, la température moyenne est de 18 °C.


La population

Avec une densité voisine de 12 habitants au kilomètre carré, le Pérou pourrait paraître peu peuplé, mais cette impression générale est presque dépourvue de signification : les problèmes réels sont posés par les oppositions de densités entre des régions très peuplées et des régions vides, et par l’accélération de la croissance démographique de certains noyaux de peuplement. Ainsi, dans l’ensemble de la partie orientale occupée par la grande forêt, la densité ne dépasse pas 0,2 habitant au kilomètre carré, tandis que sept millions d’habitants s’entassent dans les oasis de la côte, et particulièrement dans celle de Lima, qui compte à elle seule plus de 3 millions d’habitants ; la montagne andine, en dépit d’une diminution de l’importance relative de sa population, abrite encore près de la moitié de la population totale du pays.