Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Pennsylvanie (suite)

La colonie avait une importante production agricole, qui en fit le « grenier » de l’Amérique anglo-saxonne ; ses forêts donnèrent naissance à des chantiers de constructions navales et aux premières forges. Ces activités favorisèrent un commerce considérable, dont Philadelphie fut le centre. La culture de l’esprit eut sa part, et la présence de Benjamin Franklin* assura une place de premier plan à la presse, aux sociétés savantes, aux établissements d’enseignement et aux recherches scientifiques.

Si les principaux événements de la période révolutionnaire, de la proclamation de l’indépendance à l’élaboration de la Constitution, se déroulèrent à Philadelphie, les Pennsylvaniens n’étaient pas pour autant des partisans fanatiques du changement ; bon nombre d’entre eux souhaitaient conserver des liens avec la Grande-Bretagne et l’ordre dans la colonie ; quelques-uns manifestaient une profonde indifférence. D’autres, au contraire, surtout parmi les Écossais de la « frontière » et les anglicans — devenus épiscopaliens —, imposèrent le changement : dès 1776, la Pennsylvanie adoptait une Constitution démocratique et, quatre ans plus tard, décidait d’abolir graduellement l’esclavage. Les commerçants fournirent aux insurgents de la poudre et des armes, les agriculteurs des vivres et des financiers avisés, comme Robert Morris (1734-1806) et Haym Salomon (1740-1785), contribuèrent à remplir les coffres de la jeune république, puis à fonder les premières banques nationales, qui fixèrent leur siège à Philadelphie.

Au xixe s., la révolution industrielle bouleverse les genres de vie. L’industrie textile se développe (200 manufactures en 1860). À partir de 1840, l’exploitation des riches gisements de charbon des Appalaches fournit à la métallurgie d’abondantes matières premières : la fabrication des locomotives et des rails devient la spécialité de la Pennsylvanie.

De nouveaux besoins apparaissent : il faut ouvrir des routes, percer des canaux, poser des voies de chemin de fer. Mais, malgré ses efforts, la Pennsylvanie se laisse distancer par l’État de New York ; elle fait figure, vers 1860, de brillant second.

Après la guerre de Sécession*, elle consacre de plus en plus ses énergies à l’extraction minière et aux industries qui en dérivent. La production d’anthracite passe de 9 000 t en 1860 à 99 Mt en 1917. En 1900, l’État produit les deux tiers du coke américain à Pittsburgh et dans les environs. Depuis 1859, des gisements de pétrole sont exploités, au point que, jusqu’au début du xxe s., l’essentiel du pétrole américain provient du sous-sol de la Pennsylvanie. Andrew Carnegie (1835-1919) fait de celle-ci le royaume de l’acier ; l’aluminium, les industries chimiques, les industries alimentaires remplacent peu à peu les industries du bois et les textiles. L’agriculture survit, mais ne joue plus le rôle prépondérant de jadis. Ces bouleversements économiques entraînent des transformations sociales.

La population de l’État, qui était inférieure à un demi-million en 1790, passe à 3,5 millions en 1870, double dans les quarante années suivantes et atteint 10 498 012 habitants en 1950. Une nouvelle vague d’immigrants apporte une forte minorité catholique ; les Noirs viennent chercher du travail dans les agglomérations industrielles ; les campagnes ne regroupent plus, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, que le tiers des Pennsylvaniens. L’État, qui, depuis 1865, votait républicain, trouve un nouvel équilibre politique, plus favorable aux démocrates.

La Pennsylvanie est devenue l’un des maillons de l’immense métropolis qui s’allonge sur la côte atlantique, sans perdre tout à fait les caractères de ce qui fut le « Holy Experiment » de William Penn.

A. K.

➙ États-Unis / Philadelphie / Pittsburgh / Quakers.

 P. A. W. Wallace, Pennsylvanie (New York, 1962). / S. K. Stevens, Pennsylvania (New York, 1965).

pénologie

Étude scientifique des peines en vue de réduire la récidive. (On dit aussi science pénitentiaire).



Introduction

La pénologie porte tout d’abord sur le choix de celles-ci, puis sur leurs modalités d’exécution, et c’est au vu du résultat, ou « rendement », des systèmes adoptés qu’elle détermine la législation souhaitable.

L’infraction* appelle une sanction : la peine. Longtemps celle-ci n’a eu que trois fonctions : l’expiation, infligeant une douleur compensatrice de celle qui est causée à la victime ; l’intimidation, destinée à éviter la contagion de l’exemple ; l’élimination, débarrassant radicalement la société d’un être jugé incorrigible et dangereux. Mais, sous l’influence des idées religieuses émises concomitamment par les quakers et par le pape Clément XI au début du xviiie s., on y ajouta l’amendement, que ce pontife codifia ainsi : « Parum est coercere improbos, nisi probos efficias disciplina », devise qu’il grava à Rome sur la prison Saint-Michel (1703) et qu’on peut ainsi traduire : « Il est insuffisant de punir les malfaiteurs, il faut les améliorer par une discipline. » Ce n’est que beaucoup plus tard, au milieu du xxe s., qu’un nouveau pas a été franchi : la peine doit être prononcée et calculée en tenant compte moins du fait incriminé que de l’âge, du sexe et de la personnalité du condamné. En même temps, les instances internationales (O. N. U.) édictent une convention reconnaissant, pour la première fois dans l’histoire, les « droits du détenu civil », les prisonniers de guerre bénéficiant déjà, depuis les conférences de La Haye (1907) et de Genève (1949), d’un statut international particulier.


Les peines applicables aux majeurs

Dans les systèmes actuellement en vigueur, le coupable peut être frappé soit dans sa personne, soit dans ses biens*, soit dans ses droits, soit dans son honneur, simultanément ou séparément.