Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Pendjab (suite)

Les caractères d’ensemble

Du point de vue climatique, le Pendjab est une région encore pluvieuse (de 300 à 600 mm de pluies) au nord du désert de Thar ; c’est également une région assez froide en hiver, puisque le gel n’y est pas inconnu, les températures nocturnes tombant en général au-dessous de 10 °C. Cette fraîcheur relative exclut la culture hivernale du riz, mais permet celle du blé, d’autant que les précipitations hivernales ne sont pas négligeables (plus de 40 mm de pluies pendant les mois les plus frais).

D’autre part, l’organisation d’ensemble est la même des deux côtés de la frontière. Elle comporte une série de bandes alignées parallèlement à la bordure des chaînes himalayennes. On rattache même au Pendjab la chaîne bordière des Siwālik. Au pied de ceux-ci s’étend une bande fortement arrosée, composée d’alluvions grossières, de graviers et de sables dans lesquels les eaux s’enfoncent, et découpée par des ravins profonds, les « chos ». Puis on rencontre la partie la plus active, aux alluvions plus fines, aux nappes d’eau abondantes, mais au climat plus sec. La partie la plus basse du piémont est marquée de traits de semi-aridité, avec des pluies autour de 300 mm, et constitue une zone de transition vers le désert de Thar.

À cette organisation en bandes longitudinales vient s’ajouter une division en unités plus petites, perpendiculaires à l’Himālaya*. Chacun des interfluves (on dit ici « doāb ») a en effet sa personnalité propre, en fonction de caractères physiques et humains. Les doābs de l’ouest sont plus secs et ont été mis en valeur plus tardivement que ceux de l’est.

Le Pendjab, dans son ensemble, a été l’objet d’aménagements hydrauliques spectaculaires. Les premiers sont très anciens, mais c’est pendant la seconde moitié du xixe s. que les progrès les plus importants ont été réalisés, permettant un essor remarquable du peuplement. Ces aménagements ont été réalisés surtout à partir des rivières himalayennes, qui ont de très hautes eaux en été et gardent encore des écoulements non négligeables en hiver. Les premiers canaux ne servaient qu’à étaler dans les vallées les hautes eaux estivales. Puis la construction d’ouvrages de dérivation plus importants et de canaux plus longs permit d’irriguer les doābs pendant l’été sur l’essentiel de leur surface, mais aussi pendant l’hiver sur des superficies plus restreintes. Enfin, depuis l’indépendance, la construction de barrages de retenue, comme celui de Bhakra-Nangal, a permis d’augmenter considérablement l’efficacité du système. Cette irrigation a provoqué des remontées de sel qui posent un problème grave, mais a facilité la mise en place d’un système de culture efficace.

Contrairement à ce qui passe dans le reste du monde indien, c’est ici une culture d’hiver, celle du blé, qui est la plus importante. Le blé est bien adapté au milieu, puisqu’il supporte le froid relatif et qu’il peut être alimenté en eau par les pluies d’hiver et par une irrigation assez modeste. Mais il doit aussi son importance à un fait de civilisation car la région a été peuplée par des « mangeurs de blé » originaires de l’Asie moyenne. À cette céréale est associée une autre culture d’hiver, celle du gram, ou pois chiche. Le sol n’est pas abandonné pendant l’été ; il porte alors des millets, du maïs, du riz aussi grâce à l’irrigation.

L’esprit d’entreprise des Pendjabis, l’importance des villes et des voies de communication expliquent aussi un développement précoce des cultures commerciales, comme celle du coton en été et celle de la canne à sucre pendant toute l’année.

De plus, le Pendjab a une activité industrielle importante. Ici encore, le rôle de l’axe de circulation est-ouest a été important. Il a été à l’origine de la prospérité d’une série de villes dont les populations ont depuis longtemps pratiqué un artisanat actif. Celui-ci a été modernisé et complété par une activité proprement industrielle grâce à plusieurs facteurs : d’abord l’esprit d’entreprise des Pendjabis, mais aussi la présence d’un marché assez vaste constitué par les campagnes relativement prospères. L’électricité produite à la bordure de l’Himālaya a facilité l’industrialisation. Celle-ci est caractérisée par la multiplication de petits ateliers assez modernes, produisant des biens de consommation courante et de l’outillage agricole. Le travail du fer domine, mais le textile, notamment le travail de la laine, joue un rôle important.


Le Pendjab pakistanais

Il est constitué par les doābs entre Indus et Jhelam, entre Jhelam et Chenāb, entre Chenāb et Sutlej. Les plus occidentaux de ces doābs sont assez secs et n’avaient guère été mis en valeur avant 1947. De plus, toute la région était alimentée en eau à partir des rivières orientales, laissées en territoire indien par la nouvelle frontière. De grands travaux ont donc été nécessaires pour augmenter la superficie irriguée à l’ouest et pour substituer l’alimentation à partir de l’Indus à celle qui part des rivières orientales. Le grand barrage Jinnah Dam à Kālābāgh a permis des transformations importantes.

Le Pendjab constitue la région la plus active du Pākistān. Il comprend la vieille ville de Lahore*, premier centre culturel du pays. De plus, on y a construit la nouvelle capitale, Islāmābād, près de Rāwalpindī.


Le Pendjab indien

Il constitue, surtout depuis la séparation de l’Haryana, une unité beaucoup plus petite avec ses 50 000 km2 et ses 13,5 millions d’habitants. Le peuplement sikh y est prépondérant. Les sikhs constituent un groupe à très forte personnalité. Ils ont réussi dans l’agriculture, l’armée, l’industrie. Ils émigrent volontiers vers les autres régions de l’Inde (où ils dominent les transports urbains) et vers l’étranger.

L’agriculture est entre les mains d’une classe de moyens propriétaires cultivateurs prompts à adopter les innovations. Ceux-ci ont profité des progrès réalisés dans la culture du blé, dont les rendements augmentent grâce au développement de semences sélectionnées.