Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Pékin (suite)

Les travaux archéologiques, depuis 1969 surtout, ont révélé plus complètement la structure des murailles et des portes de l’enceinte extérieure (découverte, en particulier, de la barbacane de la porte Heyimen [Ho-yi-men], du milieu du xive s.), l’emplacement du palais impérial, au centre de la Cité impériale, et l’axe nord-sud, qui régissait le tracé des trois villes concentriques. Au nord-est de la ville actuelle, les fouilles ont également mis au jour des maisons populaires et des demeures de l’aristocratie. En outre, on a retrouvé tout un réseau de rivières, de lacs et de canaux qui permettait de ravitailler et de desservir en eau la ville et le palais. Des canalisations, passant sous les remparts en terre, servaient à l’évacuation des eaux de pluie et des eaux usées.


Pékin sous les Ming et les Qing

Reconquise en 1368 par le premier empereur Ming, Pékin ne devient officiellement capitale, sous le nom de Beijing (Pei-king), la « Capitale du Nord », qu’au début du xve s. La métropole est édifiée à partir du plan Yuan, mais déplacée de quelques kilomètres vers le sud. Au xvie s., un mur extérieur devait englober les faubourgs et contourner toute la ville. Mais le projet, trop ambitieux, fut abandonné. Cela explique la configuration de la cité actuelle, au plan de laquelle les Qing ne changèrent rien : au nord, la Ville intérieure, à peu près carrée (6 km de côté), appelée plus tard Ville tartare par les Occidentaux ; au sud, la Ville extérieure, ou « Ville chinoise », rectangulaire.

Jusqu’à une date récente, les murailles en brique (23 km de tour), construites et restaurées de la fin du xve s. au début du xixe s., marquaient rapproche de la ville par le rythme puissant de leurs lignes et de leurs masses. Après 1966, certaines parties du rempart et la plupart des grandes portes, à double fortification, semblent avoir été démantelées pour faciliter les communications et rompre définitivement avec un symbole hérité du passé.

Les constructions neuves n’ont pas détruit l’harmonie et l’intégrité de la vieille ville. Les larges avenues se coupant à angle droit rappellent l’organisation en quartiers, généralement rectangulaires, desservis intérieurement par de petites ruelles tortueuses (hutong [hou-t’ong]). Les hauts édifices modernes côtoient parfois les maisons basses, dont la beauté des cours se dissimule derrière des murs de briques grises, sans décor ni fenêtres. En revanche, dans les quartiers commerçants, les boutiques, les ateliers d’artisans, les petits restaurants s’ouvrent sur la rue par des portes et des fenêtres treillissées.


Les édifices impériaux

Le palais impérial (Gugong [Kou-kong]), construit sur les fondations yuan, fut commencé en 1406, rénové au xvie s., puis, en grande partie, reconstruit et restauré du xviie au xixe s. Cependant, sa disposition d’ensemble n’a guère changé. La « Cité interdite » forme un immense rectangle (1 km du sud au nord et 760 m de l’est à l’ouest), entouré d’une muraille et d’un fossé. Elle s’ouvre, au sud, sur l’actuelle place Tian’anmen (T’ien-ngan-men ou « porte de la Paix céleste »), centre de la ville et symbole, aujourd’hui, du nouveau régime. À l’intérieur du palais, les cours et les bâtiments se succèdent le long d’un axe central conduisant progressivement des salles de cérémonie à la partie privée. Les axes latéraux sont occupés par des appartements secondaires et des annexes. L’ordonnance rythmée des constructions, l’uniformité de leur style et le jeu des couleurs (blanc des terrasses en marbre, enduit rouge des édifices, jaune des tuiles vernissées, vert des frondaisons) constituent un ensemble admirable. La partie officielle du palais et les appartements de la famille impériale sont maintenant transformés en musée, tandis que les parcs alentour sont devenus des jardins publics.

Les parcs et les résidences de plaisance des empereurs Ming et Qing occupaient la banlieue nord-ouest, devenue, depuis la première moitié du xxe s., le centre universitaire de la capitale. L’actuel Yiheyuan (Yi-ho-yuan) [fin du xixe s. - début du xxe], séjour d’été de l’impératrice Ci Xi (Ts’eu-hi), n’offre qu’un lointain reflet de ce que furent les palais d’Été, incendiés en 1860 par les troupes franco-anglaises. Seul le lac conserve toute sa beauté.

Des temples impériaux de Pékin, le seul qui soit bien conservé est le temple du Ciel, au sud-est de la voie axiale. Édifié en 1420, puis restauré au xvie et au xviiie s., l’ensemble comprend deux parties distinctes, reliées par une large chaussée : l’autel circulaire et le temple où l’empereur demandait au Ciel de bonnes récoltes. Superbes d’élégance et de sobriété, les édifices, aux toitures bleues incurvées, se dressent au milieu des cèdres et des cyprès, et constituent une des créations les plus parfaites de la conception monumentale chinoise.

F. D.

 O. Sirén, The Walls and Gates of Peking (Londres, 1924) ; les Palais impériaux de Pékin (Van Oest, 1926 ; 3 vol.). / Lin Yutang, Pékin, cité impériale. Sept siècles d’histoire (A. Michel, 1962).

pèlerinage

Voyage de croyants à un lieu consacré par un culte.


Le pèlerinage terrestre se présente fondamentalement comme un symbole ou, mieux, comme un mimodrame de la condition humaine, présageant et, en quelque sorte, devançant notre destinée, si bien que les religions l’ont élevé à la dignité d’un sacrement. C’est vrai du brahmanisme, où il occupe « un rang des plus importants parmi les manifestations de la religiosité hindoue » (O. Lacombe) ; vrai plus encore de l’islām, dont le pèlerinage à La Mecque* est un des « quatre piliers » ; mais non moins vrai du christianisme, et à peine plus à l’époque médiévale que de notre temps, où les foules se pressent à Lourdes* et à Fátima, voire à San Damiano, tandis que la Terre sainte voit croître le flot des pèlerins.

Le mimodrame est en trois actes : un départ, un cheminement, un séjour au lieu saint. Du retour, on ne parle guère, et cela même n’est pas sans signification.