Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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peinture (suite)

Fabrication des peintures

Elle comporte deux opérations essentielles : la préparation du liant, puis l’incorporation des pigments et des matières de charge.

• La préparation du liant s’effectue par simple dissolution d’un composé feuillogène dans un ou des solvants appropriés, en opérant soit à la température ordinaire, soit à chaud ou par cuisson de certains des constituants, comme les résines, additionnés d’huiles siccatives.

• L’incorporation des pigments et des matières de charge s’effectue normalement par broyage. En réalité, le pigment incorporé doit être suffisamment fin, ce qui nécessite parfois un broyage préalable s’effectuant à sec. Alors seulement, le pigment est introduit dans le liant, l’opération constituant plutôt un malaxage, mais pouvant être complétée néanmoins par un second broyage effectué en présence du liant, au cours duquel les efforts de cisaillement produits facilitent le mouillage du pigment.

Une dernière opération doit être effectuée sur la peinture après broyage : c’est le réglage de sa consistance, qui se fait par introduction de solvants et de diluants dans des malaxeurs à axes verticaux munis de pales tournant à vitesse élevée, de façon à créer un vortex où l’on introduit les différents liquides, les adjuvants divers, les siccatifs, les agents de conservation, etc.


Application des peintures

Elle comporte trois opérations essentielles : la mise en état du subjectile, l’application proprement dite de la peinture, le séchage ou la réticulation de la couche de peinture et sa transformation en feuil sec.


Mise en état des subjectiles

C’est une opération capitale, dont dépend le succès de tout travail de peinturage. Son rôle est de nettoyer la surface à peindre pour éliminer toutes les substances étrangères qui risqueraient d’empêcher la bonne adhérence de la couche de peinture et, dans certains cas, de faire apparaître une couche d’accrochage dont les qualités protectrices pourront s’ajouter à celles de la peinture tout en assurant une meilleure adhérence du feuil (phosphatation, chromatation). Suivant la nature du subjectile, la mise en état peut faire intervenir des opérations très diverses : nettoyage, brossage, dégraissage, neutralisation dans le cas des subjectiles alcalins pour éviter toute action néfaste sur les constituants gras de la peinture, réduction de la porosité des subjectiles comme dans le cas du bois, sablage ou grenaillage permettant l’élimination de la rouille et de la calamine dans le cas des métaux ferrifères ou celle de l’alumine dans le cas de l’aluminium. L’emploi de primaires à réaction (wash primer) permet de combiner la phosphatation et l’application d’un primaire anticorrosion.


Méthodes d’application da peintures

Pendant des siècles, cette opération s’est faite manuellement, mais l’accroissement des dépenses de main-d’œuvre a incité les spécialistes à faire appel à des méthodes automatiques. Manuellement, on peut appliquer une peinture avec des pinceaux ou des brosses, des rouleaux, des pistolets ou en opérant au trempé. L’utilisation du pistolet, technique la plus généralement adoptée aujourd’hui, s’est profondément modifiée, l’emploi d’air comprimé pour pulvériser la peinture ayant été réduit par divers artifices. C’est ainsi qu’on utilise des peintures préalablement chauffées, par conséquent plus fluides, tout en contenant moins de solvant, ce qui réduit les pertes par vaporisation et permet d’appliquer en une seule passe des couches plus épaisses. On emploie également des pistolets alimentés sans air comprimé, les peintures étant dirigées sous pression dans des buses spéciales, à la sortie desquelles il se produit une vaporisation instantanée des solvants, qui agissent comme agents d’atomisation de la peinture. Enfin, dans les pistolets électrostatiques, les particules de peinture, chargées électriquement à la sortie du pistolet, sont dirigées vers la surface à peindre, portée à un potentiel de signe opposé, la différence de potentiel entre pistolet et subjectile pouvant atteindre 3 000 V. Bien entendu, ces différentes techniques peuvent être combinées.

D’autre part, toutes ces méthodes ont été rendues plus ou moins automatiques dans des installations fonctionnant en continu. En outre, on a imaginé des procédés spéciaux, tels que le prélaquage des tôles, la peinture au tambour, la peinture à la filière, appelée encore peinture par arrosage ou par ruissellement, et enfin la peinture électrophorétique, qui n’est pas autre chose que l’extension du principe du dépôt électrolytique classique à une suspension colloïdale de particules de peinture dans un liant aqueux.

Il existe encore des procédés particuliers, comme l’application à chaud de peintures utilisées à l’état fondu, l’emploi de peintures livrées en conditionnement aérosol, l’utilisation d’organosols, de plastisols, etc.


Séchage et réticulation des peintures

Les opérations englobent en fait un certain nombre de phénomènes, puisqu’une peinture peut sécher par simple évaporation de ses constituants volatils, par oxydation des huiles siccatives qu’elle contient ou par réticulation des résines présentes.

Le simple séchage à l’air à la température ordinaire peut être accéléré par l’emploi de la chaleur, soit en opérant dans des étuves à convection ou à radiation, soit en faisant appel au chauffage par induction. La réticulation des peintures peut se réaliser par l’emploi de méthodes plus élaborées, reposant sur l’utilisation de rayonnements : rayons infrarouges, rayons ultraviolets, faisceaux d’électrons ou encore radiations émises par des sources de rayonnement gamma.


Choix des peintures dans l’exécution des travaux

Il dépend des propriétés exigées du feuil de peinture et de la nature des subjectiles sur lesquels celui-ci est déposé. Outre un effet protecteur du subjectile, complété le plus souvent d’un effet esthétique ou décoratif, on peut demander aux peintures d’assurer un rôle particulier : c’est ainsi qu’il existe les peintures d’assainissement, de sécurité et de signalisation, les peintures antisalissures (contenant des produits antiparasitaires), les peintures calorifuges, les peintures réfléchissant soit les radiations calorifiques, soit les radiations ultraviolettes, les peintures isolant de l’électricité, les peintures conductrices (revêtements chauffants ou assurant l’élimination des charges statiques), les peintures d’isolation phonique, les peintures hydrofuges, les peintures ignifuges et enfin certaines peintures spéciales, comme les peintures anticondensation, antigivre, lubrifiantes, énantiotropiques et les revêtements de protection contre les radiations ionisantes.