Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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pédiatrie (suite)

Dans le même temps sont entreprises des études sur le métabolisme de l’eau et des électrolytes qui permettront de comprendre la physiopathologie des syndromes de déshydratation par diarrhée et vomissements. De ces études vont bientôt découler de nouvelles méthodes thérapeutiques : l’administration de solutés d’abord par voie intrapéritonéale, puis sous-cutanée, puis surtout intraveineuse.

Simultanément, des progrès considérables sont réalisés dans les domaines aussi variés que l’allergologie, l’endocrinologie, la néphrologie et l’hématologie. C’est en particulier en 1938 qu’est mis en évidence le rôle du facteur Rhésus dans certaines incompatibilités fœto-maternelles.

Les méthodes d’explorations para-cliniques se développent : électro-encéphalographie, mise au point de dosages biologiques de plus en plus nombreux.

Dans la seconde moitié du xxe s., la pédiatrie se renouvelle grâce aux multiples possibilités d’investigations que permettent les découvertes des biologistes et des physiologistes. De plus en plus, l’emploi de méthodes très perfectionnées, comme le dosage d’éléments radioactifs, les études en microscopie électronique, les dosages enzymatiques, rendent possibles les explorations de divers domaines jusque-là mal connus. Simultanément, l’apparition d’une orientation fondamentale nouvelle, la génétique, modifie le visage de la pédiatrie contemporaine. La connaissance des chromosomes* et de leurs anomalies apporte au pédiatre des éclaircissements inattendus.

C’est le progrès simultané des diverses branches de la médecine et des sciences fondamentales qui a modifié du tout au tout la pédiatrie et l’a rendue si différente de ce qu’elle était naguère. La pédiatrie actuelle se veut efficace aussi bien sur le plan préventif que sur le plan curatif. La généralisation des antibiotiques, l’utilisation de nombreuses médications nouvelles (corticoïdes en particulier) permettent chaque jour de guérir un nombre plus grand de maladies. Sur le plan préventif, grâce aux progrès de la virologie, les vaccins antiviraux vont sans cesse en se multipliant (vaccins contre la rougeole, la rubéole, les oreillons).

L’amélioration des techniques chirurgicales, la meilleure connaissance de la physiologie et de la biologie permettent des interventions de plus en plus difficiles (transplantations d’organes, interventions cardiaques, pulmonaires, cérébrales). Les progrès de la réanimation rendent possibles des sauvetages jusqu’ici inespérés. De plus, ils modifient du tout au tout la mortalité de la période néo-natale.

La diminution de la morbidité, conséquence de la multiplication des traitements préventifs et curatifs ainsi que de l’amélioration du niveau de vie des populations, permet à la médecine infantile de s’orienter vers d’autres domaines jusque-là abordés superficiellement. Ainsi, de plus en plus, les troubles psychiques ou psychosomatiques accaparent l’esprit du pédiatre.

Les problèmes posés par les difficultés caractérielles, par l’arriération* mentale, par les déficits moteurs, par les difficultés d’adaptation scolaire sont chaque jour mieux pris en considération et étudiés de façon systématique et scientifique.

Ainsi, dorénavant, la pédiatrie se veut sociale et préventive. Partout s’organisent des consultations de protection maternelle et infantile ; de multiples dispositifs de médecine scolaire sont mis en place. Préventoriums, maisons de vacances pour enfants, centres de rééducation motrice ou psychique, centres de cure hélio-marine, centres de cure d’altitude, centres médico-pédagogiques voient leur nombre augmenter. Des corps d’assistantes sociales ou de puéricultrices à domicile sont mis en place. De la sorte se constitue un réseau efficace de protection sociale de l’enfant qui donne son aspect tout à fait particulier à la pédiatrie moderne dans les pays à niveau économique élevé.

Dans les pays en voie de développement, l’enfance reste cependant encore très défavorisée et soumise à la maladie, à la faim et au déséquilibre nutritionnel avec carence protidique. La lutte entreprise par les différentes instances internationales pour venir en aide à cette multitude d’enfants souffrants ne pourra être couronnée de succès que par la collaboration étroite entre les pays riches et les pays moins riches.

J.-P. F.

➙ Enfant.

 R. Debré et M. Lelong, Pédiatrie (Flammarion, 1952, 2 vol. ; révision annuelle). / C. Polonovski et J. Colin, Explorations biologiques en pédiatrie (Expansion scientifique fr., 1955 ; nouv. éd., 1963). / M. Butten, les Maladies de l’enfant à partir d’un an (Éd. sociales fr., 1964). / J. H. Hutchison, Practical Paediactric Problems (Londres, 1964, 3e éd., 1972 ; trad. fr., Problèmes pratiques en pédiatrie, Doin, 1974). / M. Poitout et C. Joly, Pédiatrie (Maloine, 1967). / U. Steiniger et V. Dictel, Lebensbedrohliche Erkrankungen im Kindesalter. Symptomatik, Diagnostik, Therapie (Iéna, 1970). / G. Raimbault, Médecins d’enfants (Éd. du Seuil, 1973).

pédologie

Science qui se propose de décrire et de classer les sols*, et d’en étudier la formation, l’évolution et la répartition à la surface du globe.


Son objet spécifique, le sol, peut être défini comme l’ensemble des formations superficielles, généralement meubles, qui résultent des transformations de la lithosphère sous l’action des agents climatiques et biologiques.


Une science jeune

Si la notion de « sol » est ancienne, la pédologie est une science jeune, née, il y a presque un siècle, des observations de Vassili Vassilievitch Dokoutchaïev (1846-1903) en Russie. Ayant reçu mission, à la suite d’une grave sécheresse en 1877, d’étudier les sols de l’Ukraine, celui-ci constata que les terres noires, appelées tchernozioms (chernozem) par les paysans, présentaient des profils semblables aussi bien sur les lœss que sur la craie et le granite, et il montra que la nature du sol était déterminée, plus que par le substratum rocheux, par la végétation, elle-même conditionnée par le climat. Quelques années plus tard, étudiant les podzols de la région de Gorki, il dégagea de la comparaison avec les tchernozioms le rôle déterminant du climat sur la genèse des sols. La publication, en 1900, d’une carte des sols de la Russie d’Europe confirma pleinement ces conceptions nouvelles. L’œuvre de Dokoutchaïev fut poursuivie par ses élèves, notamment Nikolaï Mikhaïlovitch Sibirtsev (1860-1900) et Konstantin Dimitrievitch Glinka (1867-1927), qui complétèrent la classification zonale des sols en introduisant les notions de sols intrazonaux et azonaux, et en faisant ressortir les influences du relief et des conditions locales.