Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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pédiatrie

Connaissance de l’enfant, de son développement, de ses maladies et des moyens de les prévenir ou de les guérir.


La pédiatrie a fait au cours des six ou sept dernières décennies plus de progrès que pendant les vingt siècles qui les ont précédées. Ces progrès considérables de la médecine infantile dans les pays favorisés sont certes la conséquence des nombreuses découvertes biologiques et médicales, mais elles sont aussi pour une bonne part le fait de l’amélioration progressive du niveau de vie.

Au début de notre siècle encore et jusqu’aux années 1930, la pathologie de l’enfant est dominée par les maladies infectieuses, qu’il s’agisse des agressions microbiennes ou virales, contre lesquelles le médecin est pratiquement dépourvu de tout moyen thérapeutique.

À cette époque, la tuberculose est une hantise permanente, car sa fréquence est extrême et les ravages qu’elle entraîne sont d’autant plus grands qu’elle intéresse des sujets en plus bas âge. La tuberculose du nourrisson est considérée alors comme fatale, et celle de l’enfant comme très redoutable en raison des complications pulmonaires, ganglionnaires, séreuses, osseuses et surtout des diffusions granuliques et des localisations méningées. Ceux qui ont vécu cette époque conservent encore le souvenir épouvantable des enfants atteints de méningite tuberculeuse, devant lesquels le médecin, pendant de longs jours, assistait impuissant aux progrès de cette maladie incurable. Les seules possibilités thérapeutiques contre la tuberculose résidaient alors dans l’isolement des sujets atteints. La découverte par Calmette et Guérin, vers 1921, du vaccin B. C. G. représente une date importante dans la lutte contre la tuberculose. La vaccination par le B. C. G. fut longue à se généraliser en France, malgré l’insistance des médecins et des hygiénistes. Sur le plan curatif, il faudra attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale pour pouvoir disposer d’une médication susceptible de guérir une tuberculose en évolution.

Si certaines infections fréquentes, comme la rubéole, les oreillons et la varicelle, ont la réputation d’être bénignes, il en est pas de même pour d’autres tout aussi répandues, comme la coqueluche, de mauvais pronostic chez le nourrisson, la scarlatine, source de complications rénales et rhumatismales, et surtout la rougeole. Si, en effet, la rougeole peut être considérée comme bénigne dans les populations à niveau de vie élevé, sa gravité est bien connue chez les enfants socialement défavorisés, où apparaissent avec une grande fréquence les redoutables broncho-pneumonies morbilleuses, dans le déterminisme desquelles interviennent les conditions économiques familiales misérables en même temps que la médiocrité de l’état général et nutritionnel de ces enfants.

La diphtérie représente une maladie fréquente de pronostic redoutable, en particulier par les troubles respiratoires qu’elle peut entraîner.

Très répandues sont les infections diverses liées aux pneumocoques, aux streptocoques, aux staphylocoques. Ostéomyélite, pneumonie, pleurésie purulente sont courantes et très graves. Les otites, très répandues, font toujours craindre leurs complications.

Les méningites purulentes (à méningocoque ou à un autre germe), qu’elles soient de survenue épidémique ou sporadique, sont très fréquemment mortelles.

Les infections urinaires restent d’étiologie obscure. Le rhumatisme articulaire aigu, dû à la toxine streptococcique, se complique de localisations cardiaques, dont la prévention est un traitement antibiotique précoce.

L’infection représente un fléau particulièrement préoccupant chez le nourrisson. Les épidémies de diarrhée dans les crèches ou les hôpitaux sont catastrophiques. L’emploi de plus en plus répandu du lait de vache, utilisé sans les précautions suffisantes pour en assurer la stérilité, aggrave encore la mortalité par la fréquence avec laquelle il entraîne l’apparition de syndromes diarrhéiques accompagnés de déshydratation.

Les méthodes de diagnostic clinique se sont cependant affinées. La clinique se trouve de plus aidée par les examens radiologiques, qui se développent et s’adaptent à l’étude de la pathologie de l’enfant et du nourrisson. Par contre, les examens de laboratoire sont rares et ne font qu’ébaucher leur entrée dans le domaine médical. Toutefois, le séro-diagnostic de Widal pour la typhoïde et la réaction de Wassermann pour la syphilis sont respectivement mis au point en 1887 et en 1900. Ils entrent dans la pratique en même temps que les examens bactériologiques (1891 pour le liquide céphalorachidien). Simultanément commencent à se développer les examens hématologiques (sang) et coprologiques (selles) ainsi que les dosages urinaires. Cependant, ces méthodes sont encore loin d’avoir acquis leur caractère routinier. La thérapeutique est encore rudimentaire. Certes, on connaît la quinine et la digitaline, et les sérums antidiphtérique (Behring et Roux, 1890) et antitétanique (Roux, 1890) permettent des succès remarquables, à condition d’avoir été employés suffisamment tôt. Toutefois, il faut attendre 1922 pour que Gaston Ramon mette au point les anatoxines diphtériques et tétaniques (vaccins). L’utilisation des sulfamides vers les années 1933-1935 marque un tournant dans la lutte contre les maladies infectieuses, mais celles-ci ne seront très efficacement combattues que par les antibiotiques, qui se généraliseront ultérieurement. La pénicilline*, découverte par Fleming en 1928, ne sera couramment employée en Europe qu’après la Seconde Guerre mondiale.

Entre 1920 et 1940, la physiologie et la biologie ébauchent leur pénétration dans la pédiatrie. L’attention est d’abord attirée sur l’importance des vitamines. Le rachitisme est attribué, après bien des hésitations, à une carence en vitamine D, et l’on entreprend alors de le traiter et surtout de le prévenir. Le béribéri qui sévit en Asie est rapporté à une avitaminose B (Eijkman, 1890). Au Danemark, la xérophtalmie est rapportée à une avitaminose A ; certaines hémorragies du nouveau-né sont rapportées à la carence en vitamine K.