Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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pêche maritime (suite)

La production

Les produits des pêches de toutes catégories qui étaient de 21 Mt en 1938 se sont élevés à 40 Mt en 1960 et à environ 63 Mt en 1973. Dans ce dernier chiffre les poissons marins entrent pour 48 Mt à l’exclusion des baleines et autres mammifères aquatiques, des mollusques et des crustacés. Pour les poissons marins proprement dits, viennent en premier rang les harengs, les sardines et les anchois, puis le groupe des morues, merlus et églefins, ensuite celui des rascasses, perches de mer et congres, celui des maquereaux et espèces voisines, enfin celui des thonidés, etc.

Le fait le plus remarquable est l’extraordinaire développement pris, depuis une trentaine d’années, par la pêche en U. R. S. S. et au Japon. Plus étonnant encore peut sembler le cas du Pérou qui a atteint le chiffre record de 12,60 Mt en 1970 contre 0,023 Mt en 1938, ce qui l’a placé pendant quelques années au premier rang avant de retomber au quatrième, ce pays exploitant les énormes bancs d’anchovetas (poissons de la catégorie des sardinelles) qui fréquentent ses côtes et trouvent leur utilisation exclusive dans la fabrication de farines destinées à l’alimentation des animaux. Toutefois, la surexploitation de ces bancs et une modification du régime des courants chauds du Pacifique Sud ont entraîné une chute spectaculaire de la production péruvienne (2,4 Mt en 1973).

Alors qu’au début du xxe s. la pêche se localisait surtout dans le nord de l’océan Atlantique, la mer du Nord et la Méditerranée, toutes les mers du globe sont aujourd’hui exploitées. C’est l’océan Pacifique qui fournit le plus fort tonnage (29,4 Mt en 1972), suivi par l’Atlantique Nord (19,4 Mt). Quoique couvrant, à peu près, le cinquième des surfaces marines du globe, l’océan Indien ne fournit qu’une très faible partie de la production mondiale (2,5 Mt).


Les moyens de production


Les navires de pêche

On distingue traditionnellement trois types de pêche à chacun desquels correspond une catégorie de navires.
— La pêche côtière se fait à bord d’unités généralement en bois, de 15 à 20 m de long, montées par des équipages de trois à dix hommes et pratiquant des sorties quotidiennes ou d’un petit nombre de jours.
— La pêche hauturière (administrativement appelée pêche au large) utilise des unités de 25 à 50 m faisant des sorties pouvant atteindre de dix à quinze jours et ramenant le poisson à l’état frais dans des cales réfrigérées.
— La grande pêche est pratiquée par des navires d’environ 69 à 90 m partant pour des campagnes de plusieurs mois à Terre-Neuve, au Groenland, en Afrique du Sud, etc. Ce secteur de la pêche lointaine a connu le développement le plus spectaculaire, car les fonds proches des grands pays producteurs s’épuisant, il a fallu aller chercher le poisson de plus en plus loin. Toutefois, la pêche côtière et la pêche hauturière subsistent grâce au développement de la propulsion par moteur Diesel, qui a donné à leurs navires plus de vitesse et une puissance accrue de traction du chalut. D’autre part, des recherches pour l’amélioration du remorquage du chalut ont conduit à la conception du chalutage par l’arrière et dont la réussite fut telle que la plupart des pays l’adoptèrent rapidement. Parallèlement à cette évolution, la grande pêche a utilisé des unités de tonnage de plus en plus gros, mieux adaptées aux navigations lointaines et capables de congeler les poissons au fur et à mesure de leur capture.

Les pays de l’Europe de l’Est ont également adopté la formule du navire-usine ne péchant pas son poisson, mais le recevant d’une meute de petits chalutiers et le traitant complètement. Un navire soviétique de ce type, équipé de deux hélicoptères, transporte quatorze chalutiers de 17 m qui, mis à l’eau sur le lieu de pêche, le ravitaillent en poisson. L’usine, installée à bord, est entièrement mécanisée et peut fabriquer par jour 150 000 boîtes de conserves, 20 t de farine et 1,5 t d’huile. Équipages et ouvrières forment un effectif de près de 600 personnes.

Un autre exemple de l’évolution du navire de pêche est celui des thoniers, qui tiennent une grande place dans la flotte française. Beaucoup de ces navires, qui pèchent le thon sur la côte d’Afrique, n’ont qu’une trentaine de mètres de long. Mais une évolution s’amorce vers un accroissement des tonnages : certains gros thoniers congélateurs, de 75 m de long, peuvent ramener 1 800 t de thon. La tendance semble néanmoins limiter à un millier de tonnes la capacité de stockage des unités les plus récentes.


La conservation du poisson à bord

Le seul procédé de conservation du poisson à bord des chalutiers, en dehors du salage, réservé à la morue, a été pendant longtemps l’entreposage dans la glace pilée, mais, la durée des voyages augmentant, il est devenu insuffisant. En 1950, les Anglais font l’expérience du premier navire congélateur, dont l’utilisation se généralise rapidement. Une première méthode consiste à congeler le poisson entier dès son arrivée à bord et à le livrer ainsi aux industries de traitement, qui le rendent propre à la consommation, le plus souvent sous forme de filets. Mais la méthode qui tend à se généraliser consiste à réduire le poisson en filets dans les ateliers mêmes du navire avant congélation, ce qui exige des installations coûteuses et complexes à bord. La chaîne du froid reste ensuite continue entre le navire et le point de vente. De plus en plus, la conservation est assurée par une congélation à bord, rapide et à très basse température (surgélation).


Les engins de pêche

Une première catégorie d’engins est celle qui est conçue pour que la proie vienne mordre. Il s’agit des hameçons et apparaux qui en dérivent : lignes flottantes, lignes de fond, palangres, madragues (pour le thon), casiers, nasses, etc.

Une autre catégorie d’engins comprend les filets qu’on déplace : chaluts et sennes. Le chalut, inventé à la fin du xixe s., est une grande poche que le navire traîne sur le fond de la mer ou, parfois, entre deux eaux. Son ouverture est maintenue constante par deux panneaux de bois armés de ferrures. Conjugué avec l’application de la vapeur à la propulsion des navires, il a donné à la pêche un essor extraordinaire. Quant à la senne, c’est un grand filet qui peut avoir plus d’un kilomètre de long et avec lequel on entoure le banc de poissons. Elle sert principalement à la pêche du thon, à celle de l’anchois au Pérou et à celle du hareng en Norvège. Pour la fabrication des divers filets de pêche, on utilise de plus en plus de Nylon, imputrescible, résistant et léger.

Enfin, parmi les divers équipements modernes d’aide à la pêche figurent les radars, les sonars, les loupes à poissons, les sondeurs à échos, etc.