Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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pêche (suite)

La pêche moderne

Pendant des siècles, le matériel de la pêche n’a guère varié : une canne, une ligne de même longueur, munie d’un flotteur — le bouchon —, d’une plombée pour l’obliger à plonger à la profondeur voulue, et, au bout, un hameçon, le tout de taille appropriée.

Un certain nombre de découvertes ont modifié ce matériel, dont le principe reste cependant le même. C’est le cas par exemple du fil de Nylon, si mince et pourtant si résistant, dont on peut obtenir des longueurs de plusieurs centaines de mètres sur un diamètre absolument constant, imputrescible, presque inusable et presque invisible dans l’eau. Le moulinet à tambour fixe permet de pêcher à une distance pouvant aller jusqu’à 150 ou 200 m, par un lancer précis et en force. Enfin, la fibre de verre stratifiée donne des cannes creuses extrêmement légères et d’une solidité pratiquement à toute épreuve.

En rivière, il existe deux genres de pêche : la pêche statique, ou pêche au coup, et la pêche sportive.

• À la pêche au coup, le pêcheur, debout, mais plus souvent assis, attire le poisson en amorçant le fond de la rivière avec des produits susceptibles de flatter l’appétit de l’espèce visée sans pour autant la satisfaire : tourteau de chènevis, vieux fromages malaxés, terre mélangée de tronçons de vers ; il existe des centaines de recettes, et, en fait, chaque pêcheur a la sienne. C’est sur ce coup bien amorcé, parfois la veille, qu’il fait descendre son hameçon, esche d’un appât aussi proche que possible, par le goût, de ce qui est contenu dans l’amorce. On prend ainsi à peu près tous les poissons blancs. Cette pêche peut être également sportive, quoique statique, lorsqu’elle s’adresse à des poissons aussi forts qu’une grosse carpe ayant mordu après une fève ou une petite pomme de terre cuite ou qu’un brochet qui s’est laissé tenter par un petit poisson vivant, empalé à l’hameçon. Avant de les amener, l’un ou l’autre, au fond de l’épuisette, il faudra parfois une lutte sévère de plusieurs quarts d’heure, qui peut fort bien se terminer par la victoire du poisson, se dégageant et se sauvant quand on le croit à bout de forces.

• On distingue plusieurs pêches sportives.

La pêche à la mouche artificielle exige un matériel très spécial qui permet de poser, à l’aide d’une ligne très longue en soie tressée, l’imitation presque sans poids d’une mouche. Le mouvement est comparable à celui du fouet des cochers d’autrefois, capables de tuer un taon sur la croupe de leur cheval sans faire sursauter celui-ci. La pêche à la mouche artificielle — outre qu’elle exige de longues promenades au bord de l’eau ou dans l’eau et un effort considérable dans le bras qui tient la canne et qui est toujours en mouvement — demande une connaissance parfaite des centaines d’imitations d’insectes existant dans le commerce et une connaissance aussi parfaite des habitudes des salmonidés, dans les rivières, de leurs goûts, de leurs « tenues », de leurs réactions, de leur force. Quoique à la portée de tout le monde, la pêche à la mouche artificielle (le terme « mouche » englobe toute une série d’insectes avec, parmi les plus appréciés, les éphémères [ou « mouche de mai »]) a toujours gardé sa réputation de pêche relativement onéreuse et réservée à une « élite », ce qui est une profonde erreur. Elle demande une certaine mise de fonds, certes, mais il s’agit d’un matériel que l’on gardera toute sa vie, et elle exige aussi une adresse que tout le monde n’a pas, mais qu’il est toujours possible d’acquérir.

La pêche au lancer (lourd, léger ou ultra-léger) est fondée sur des principes absolument différents. Il ne s’agit plus d’expédier un appât artificiel ne pesant presque rien, mais au contraire de lancer un leurre, c’est-à-dire une imitation de poisson, de batracien ou de tout autre animal, pesant au minimum quelques grammes, au maximum plus de 100 g. Ce lancer, à une main ou à deux, se fait avec une canne courte, en bambou refendu et travaillé spécialement, en métal ou en fibre de verre stratifiée et avec un moulinet à tambour fixe, qui est ouvert au moment du mouvement et qui laisse librement partir le fil qu’il contient, entraîné par le poids du leurre. Une fois le leurre tombé à l’eau, il est récupéré par un mouvement tournant du moulinet, refermé et mû par une manivelle placée à la main gauche. Les mouvements du leurre, dans l’eau, qu’il s’agisse d’une cuillère à palette tournante, d’un devon, d’une cuillère ondulante ou d’une imitation de grenouille, excitent l’appétit ou la hargne d’un poisson carnivore, qui se jette dessus et qui referme ses mâchoires sur le ou les hameçons qui arment l’engin. Reste alors au pêcheur à maîtriser sa prise. Mais grâce à l’élasticité de sa canne et à celle du Nylon de sa ligne, les efforts que fait le poisson s’amortissent et on arrive à l’amener à l’épuisette ou à la gaffe. Les leurres sont faits généralement de métal brillant, et leur forme varie autant que leur poids et leur taille.

R. R. W.

 T. Burnand, Pêches de partout et d’ailleurs (Stock, 1939) ; Toutes ces Pêches que nous aimons (Stock. 1961) ; la Pêche d’amateur en mer (Denoël, 1967). / J. Nadaud (sous la dir. de), la Pêche (Larousse, 1955). / P. Lacouche. Pêches sportives (Éd. S. A. G. E. D. I., 1956). / M. Pollet, Pêches en canal (Bornemann, 1961) ; Pêches en étang (Bornemann, 1961) ; Dictionnaire de la pêche (Larousse, 1970). / P. Boyer, la Pêche sportive en eau douce (Denoël, 1973).

pêche maritime

Pêche pratiquée en mer et sur les côtes.


Généralités


Historique

Dès les temps les plus anciens, l’homme s’est efforcé pour se nourrir de consommer les produits de la mer, ceux du rivage d’abord, puis ceux du large lorsque purent être construites les premières embarcations. Grecs et Romains apprécient fort le poisson. Au Moyen Âge, la pêche du hareng connaît en Europe du Nord un développement considérable. Dès le xve s. Basques, Bretons et Normands traversent l’Atlantique avant Christophe Colomb, fréquentant les eaux de Terre-Neuve, l’« Isle de Bacaleos » (en basque, l’île des morues) ; ils utilisent alors des bateaux et des moyens de capture qui n’ont guère évolué jusqu’à l’apparition, au xixe s., de la propulsion à vapeur ouvrant l’ère de la pêche industrielle. L’accroissement de la population du globe rendant nécessaire une exploitation toujours plus intense des diverses sources de l’alimentation humaine, la production mondiale de la pêche a plus que triplé au cours des trente dernières années.