Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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pêche (suite)

Après avoir conçu le harpon, l’homme a inventé de bonne heure l’hameçon, donc la ligne et peut-être la canne. On a trouvé des hameçons de silex taillé. Les hameçons faits dans une coquille marine sont encore utilisés en Polynésie, et certains vieux pêcheurs savent se servir d’une épine courbe de végétal, convenablement taillée, pour appâter et piquer le poisson. Également très ancien est l’hameçon droit, pointu aux deux bouts et attaché à la ligne par le milieu. Présenté dans un appât, il se met en travers dans la gorge du poisson qui l’a avalé, à la première traction du pêcheur. Certains pèchent encore de cette façon le barbeau.

Les meilleurs poissons étaient recherchés il y a longtemps. Certaines grottes du Sud-Ouest montrent sur leurs parois des dessins de saumons, faciles à identifier. D’ores et déjà, la pêche était un art, ce qui justifie le vieux proverbe asiatique : « Donne un poisson à un homme qui a faim et tu le nourris pour un jour. Apprends-lui à pêcher, et tu le nourris toute sa vie. »

Les pêcheurs de notre époque n’ont plus besoin de leurs prises pour manger, mais ils ont atteint une technique très perfectionnée de la pêche, qui est devenue, au même titre que la chasse, un sport. On ne parlera ici que de la pêche des amateurs.


La législation

Ayant pour but de protéger le poisson, elle est fondée sur des associations de pêche et de pisciculture, reconnues d’utilité publique par le ministère de l’Agriculture et agréées par lui, auxquelles tout pêcheur doit obligatoirement adhérer.

Tous les cours d’eau sont divisés en deux « domaines » : le domaine public, pour les rivières navigables ou simplement flottables, où le droit de pêche appartient à l’État, qui le loue aux pêcheurs par l’entremise des associations, réunies en fédération départementale, sous la tutelle d’un organisme nommé Conseil supérieur de la pêche ; le domaine privé, pour les cours d’eau ni navigables ni flottables, où les propriétaires riverains détiennent, chacun de leur côté, le droit de pêche jusqu’au milieu du cours, sans que ce droit puisse cependant porter préjudice aux droits contraires établis par titres ou par possession. Le domaine public est essentiellement constitué par les grands lacs, les canaux, les fleuves et les grandes rivières. Les deux domaines s’arrêtent, vers la mer, à la limite de salaison des eaux, en aval de laquelle apparaît le domaine maritime.

Les rivières sont divisées aussi en deux catégories, d’après le genre de poissons qu’elles abritent dans leurs eaux. La première catégorie, où les salmonidés (saumons, truites, ombres communs par exemple) sont en majorité, et la deuxième catégorie, où ces salmonidés sont en minorité ou même absents.

Il est interdit, sous peine d’amende et indépendamment des dommages et intérêts, de se livrer à la pêche sans la permission du détenteur du droit de pêche, sans faire partie d’une association de pêche agréée et sans avoir versé la taxe annuelle piscicole. Ces dispositions ne sont cependant pas applicables aux étangs et aux réservoirs.

La pêche pendant les temps, saisons et heures prohibés est un délit puni d’une amende, à laquelle s’ajoute la confiscation du poisson. De plus, en périodes prohibées, la mise en vente, l’achat, le transport du poisson sont également un délit.

Les fonctionnaires des Eaux et Forêts sont qualifiés pour exercer — conjointement avec les fonctionnaires du ministère public — les poursuites et action en réparation des infractions commises en matière de pêche fluviale.

Il est indispensable pour le pêcheur de savoir par exemple qu’il ne peut pas pêcher la nuit, que l’ouverture de la pêche aux salmonidés n’intervient pas à la même date pour toute la France, qu’il existe une fermeture spéciale pour le brochet et pour l’ombre commun, que la pêche en rivières à poissons blancs est fermée au printemps, mais plus tôt dans la moitié sud de la France que dans la moitié nord, que certains poissons, comme la truite, le saumon et le brochet, doivent être remis à l’eau s’ils n’ont pas la taille minimale réglementaire, que la pêche de la truite avec certains appâts est interdite.


Les poissons

Certaines espèces peuvent vivre successivement en mer et en eau douce, comme le saumon ou l’anguille ; d’autres, marines, montent parfois très loin en amont des fleuves et en pleine eau douce, comme le mulet ou le flet ; d’autres descendent, à l’occasion, vers la nier, comme la truite arc-en-ciel ; d’autres n’habitent que la profondeur des grands lacs, comme l’omble chevalier (à ne pas confondre avec l’ombre commun) ; d’autres passent leur vie dans le même secteur ; d’autres sont erratiques.

Sans entrer dans des détails de zoologie, il est bon de savoir qu’il existe des poissons carnivores, qui mangent leurs semblables et toutes sortes de proies vivantes, et d’autres plus ou moins complètement herbivores. Les carnivores, comme les salmonidés, le brochet, le sandre, le black-bass et la perche, ont des dents pointues nombreuses et recourbées ; les herbivores ont les lèvres molles et l’intérieur de la bouche uniquement armé, chez certaines espèces, de dents pharyngiennes et plates. Les poissons carnivores seront pêchés avec des appâts vivants ou imitant les appâts vivants, les herbivores avec des appâts d’origine végétale, parfois renforcés de débris animaux.

Certains poissons vivent dans nos cours d’eau depuis fort longtemps ; d’autres sont d’importation récente. La truite arc-en-ciel, le poisson-chat, le black-bass et la perche arc-en-ciel viennent du Nouveau Monde, ainsi que le saumon de fontaine, alors que le sandre et le hotu nous viennent d’Europe centrale. Généralement, ces acquisitions, naturelles, dans certains cas, ou accidentelles, mais parfois voulues, se révèlent inutiles, voire funestes. Actuellement, nul n’est autorisé à lâcher dans les eaux territoriales un poisson vivant d’origine exotique.

La différence des dates d’ouverture de la pêche selon les poissons est due au fait qu’ils ne fraient pas aux mêmes époques de l’année. Pour les salmonidés, la ponte a lieu au début de l’hiver ; pour les brochets, vers la fin de l’hiver ; pour les poissons blancs, au printemps. En principe, on essaie de protéger la ponte des poissons pendant le temps de leurs amours.

Les diverses espèces de poissons ne se pèchent donc pas aux mêmes époques de l’année, dans les mêmes rivières, avec les mêmes appâts, ni, non plus, avec le même matériel.