Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Argentine (suite)

Une nouvelle mutation politique de grande importance intervient avec la victoire péroniste aux élections présidentielles de 1973 : en effet, l’armée ne s’oppose pas à l’arrivée au pouvoir d’Hector Campora, le candidat qui avait été patronné par Juan Perón. En juillet, H. Campora démissionne, provoquant de nouvelles élections, auxquelles se présente Juan Perón, de retour en Argentine. Celui-ci est élu le 23 septembre avec plus de 61 p. 100 des voix. Aussitôt, il prend des mesures contre l’extrême gauche et contre les mouvements de jeunesse et de gauche (Montoneros) du justicialisme. De nombreux attentats contre des syndicalistes révèlent alors le climat de violence qui règne dans le pays et les luttes politiques à l’intérieur du justicialisme.

J. M.

Le 1er juillet 1974, Perón meurt. Sa femme, Isabel Martínez Perón, déjà vice-présidente, lui succède. Les péronistes de gauche engagent ouvertement la lutte contre le régime, dont l’évolution à droite s’accentue. Alors que le pays subit une très grave crise économique, sévit une guerre civile larvée. Les actes de terrorisme, les attentats politiques se multiplient du fait de l’extrême gauche et de groupes d’extrême droite, comme l’Alliance anticommuniste argentine, qui semble bénéficier de l’impunité. En novembre, l’état de siège est décrété et des milliers d’arrestations sont effectuées dans les milieux de gauche. Mais le régime ne cesse pour autant de s’affaiblir. Le 23 mars 1976, Isabel Perón est déposée lors d’un coup d’État militaire dirigé par le général Jorge Rafael Videla (né en 1925), qui, dans un climat persistant de violence et d’insécurité, met en place un régime autoritaire.

 E. Daireaux, la Vie et les mœurs à La Plata (Hachette, 1887 ; 2 vol.). / J. P. Otero, l’Argentine devant l’histoire (Plon, 1922). / A. C. Wilgus (sous la dir. de), Argentina, Brazil and Chile since the Independence (Washington, 1935 ; rééd. New York, 1963). / F. Lopez, Historia de la República Argentina (Buenos Aires, 1950). / R. J. Alexander, The Perón Era (New York, 1951). / G. Germani, La Estructura social de la Argentina (Buenos Aires, 1955). / R. M. Ortiz, Historia económica de la República Argentina (Buenos Aires, 1955). / E. Hall, The Land and People of Argentina (Philadelphie, 1960). / G. Pendle, Argentina (Londres, 1961). / A. P. Whitaker, Argentina (New Jersey, 1964). / P. Lux-Wurm, le Péronisme (L. G. D. J., 1965). / F. Geze et A. Labrousse, Argentine. Révolution et contre-révolution (Seuil, 1975). / G. Béarn, la Décade péroniste (Gallimard, coll. « Archives », 1976).
On peut consulter également l’édition latino-américaine de The Economist.


La vie humaine et économique


La population

La densité moyenne est faible, moins de 10 habitants au kilomètre carré. Mais ce chiffre ne permet pas de cerner la réalité, caractérisée par la diversité de sa répartition.


La répartition de la population

La population se distribue par taches, isolées au milieu de régions presque vides. Il faut distinguer la Pampa du reste de l’Argentine. Dans la Pampa, la population se répartit en auréoles à partir de Buenos Aires : formant la ceinture immédiate de la grande ville, une première auréole compte plus de 20 habitants au kilomètre carré ; puis un demi-cercle de plus de 300 km de rayon délimite une zone où la densité oscille entre 5 et 20 ; enfin, aux frontières de la Pampa, une troisième couronne enserre un espace où la densité moyenne est inférieure à 1, avec cependant des taches de densité beaucoup plus forte (plus de 30 autour de Córdoba à l’ouest, de Bahía Blanca au sud).

Au nord de la Pampa, dans la région de l’Entre Ríos, dans le Chaco ou les Andes, la densité moyenne est inférieure à 1 habitant au kilomètre carré. Là encore, la population se distribue inégalement, reproduisant autour de chaque ville, mais à une plus petite échelle, le phénomène observé autour de Buenos Aires. Ces taches de forte densité sont constituées par les villes de Corrientes et Resistencia dans l’Entre Ríos et le Chaco, ou, dans la zone subandine, par la ville de Tucumán.

À l’ouest de la Pampa, la zone subandine est également une zone peu peuplée dans son ensemble, à l’exception de cette importante tache de fortes densités que constitue la région de Mendoza dans un rayon de 50 km, et qui s’explique par la mise en valeur de cette zone formant une véritable oasis. On trouve une petite tache encore, autour de San Rafael.

Tant dans la zone andine que sur le plateau patagonien, cet immense territoire ne connaît pratiquement plus de zones où la densité dépasse 20 habitants au kilomètre carré, mais possède seulement quelques villes où, dans un rayon de 10 à 20 km, les densités s’élèvent de 1 à 5 habitants au kilomètre carré.


La croissance de la population

La population est d’origine récente, puisque jusqu’à la fin du xixe s. elle ne dépassait pas 4 millions d’habitants ; l’accroissement est dû essentiellement à la grande vague d’immigration européenne de la fin du xixe s. et surtout du xxe s.

Aujourd’hui, cette population augmente davantage par le croît naturel que par l’immigration. Le croît naturel n’est pas exceptionnellement élevé : l’Argentine a un taux de natalité d’environ 22 à 23 p. 1 000, qui la différencie radicalement des pays de l’Amérique tropicale, où le taux de natalité est encore de 40 à 45 p. 1 000. La mortalité est également faible : moins de 10 p. 1 000 ; aussi l’accroissement naturel n’est-il pas supérieur à 1,5 p. 100 par an. Mais l’immigration s’est considérablement ralentie. Le pays apparaît sous-peuplé.


Les caractères de la population

Du fait de son origine, cette population est essentiellement blanche : elle compte à peine 1 p. 100 d’Indiens et pratiquement pas de Noirs, répartition exceptionnelle dans le cadre de l’Amérique latine.

Les deux tiers de la population vivent dans les villes, essentiellement les grandes villes, parmi lesquelles Buenos Aires*, énorme agglomération d’environ 8 millions d’habitants.